Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MARSEILLE ANTIQUE

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

L'appel à Rome

L'affrontement entre Rome et Carthage provoqua au milieu du iiie siècle avant notre ère une rupture des équilibres politiques en Méditerranée. Les guerres puniques troubleront indirectement le destin de Marseille. Son domaine en proie à une constante agitation tend à devenir indépendant. Marseille se trouve ainsi contrainte d'abandonner en partie son exploitation agricole. De même, la cité phocéenne limite ses échanges commerciaux avec la partie occidentale du bassin méditerranéen, avec l'Italie. Les peuples autochtones, soutenus par la puissance punique, mènent en effet sans relâche une lutte armée contre Marseille qui soutient Rome. Toutes deux ont conclu un traité d'alliance qui implique une réciprocité de services. Rome a besoin de la puissance militaire marseillaise, en particulier dans le domaine maritime. Les deux cités ont le même intérêt à réduire Carthage, à l'empêcher de s'étendre en Sicile, puis de s'implanter en Espagne.

C'est pendant la deuxième guerre punique que Marseille s'engage le plus fortement au côté de Rome. La cité phocéenne est alors devenue un centre de renseignements pour ses alliés romains. Elle les informe de la situation en Espagne et les avertit du passage d'Hasdrubal en Gaule et des espoirs que ce dernier fait naître. Les Marseillais jouent aussi un rôle actif en guidant les troupes de Publius Cornelius Scipio dans le delta du Rhône ou en escortant son escadre jusqu'à Tarragone. En 217, dans un combat à l'embouchure de l'Èbre contre Himilcon, le soutien de la flotte marseillaise a permis aux Romains d'emporter la victoire. Si Marseille a bénéficié de la paix entre Rome et Carthage en 201, elle a profité davantage encore de la destruction en 146 de la cité ennemie. Mais les Marseillais n'en ont pas pour autant fini avec les menaces indigènes. Les remparts de la cité sont consolidés et agrandis ; ils englobent vers 140 avant J.-C. la butte des Carmes. Ils sont bâtis entièrement en pierre de taille. Pour les construire, on a exploité les carrières de calcaire rose du cap Couronne, à 20 kilomètres à l'ouest de la cité grecque. Dans le port de Carry-le-Rouet, on a retrouvé une épave ayant servi au transport des blocs destinés au rempart et l'on a calculé qu'il fallut près de deux mille navettes maritimes pour mener à bonne fin le transport des matériaux de la partie terrestre de la fortification.

Ces travaux ne suffiront pas à apaiser l'inquiétude des Marseillais. Devant l'ampleur de la menace barbare, la cité phocéenne fait appel aux troupes romaines. Les légions viennent au secours de Marseille et triomphent des bandes ligures. Le proconsul Caius Sextius détruit en 123 avant J.-C. les places fortes des Salyens et notamment l'oppidum d'Entremont. L'année suivante, il fonde Aix-en-Provence. La sécurité des Marseillais qui ont renoncé, après cinq siècles de luttes, à assurer leur autodéfense, est ainsi garantie. Mais la cité voisine est une rivale en puissance. Comment oublier enfin que la création d'une province romaine, la Gaule transalpine, protège, mais isole la cité grecque ?

Rome ne cessa jamais d'assurer la sécurité de ses alliés marseillais tout en préservant la sienne. En 109, le Sénat romain envoie ses proconsuls pour s'opposer aux Cimbres et aux Teutons qui ravagent la plaine rhodanienne. En 102, les Teutons reviennent, renforcés des Ambrons. Ils veulent gagner la plaine du Pô par la Provence. Marius les rejoint à proximité d'Aix et les taille en pièces dans la vallée de l'Arc. Pour récompenser les Marseillais qui ont pris part aux combats, le consul leur octroie le canal qu'il vient de faire creuser. Unissant le Rhône au golfe de Fos, il est une source de richesse qui facilite la levée de droits sur les marchandises transitant par le fleuve.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire ancienne, université de Bourgogne, Dijon

Classification

Pour citer cet article

Hervé DUCHÊNE. MARSEILLE ANTIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Marseille antique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Marseille antique

Autres références

  • FORTIFICATIONS

    • Écrit par
    • 5 540 mots
    • 9 médias
    Les récentes fouilles de Marseille ont mis au jour le tracé savant de la fortification de Massilia, d'origine hellénistique : tours constituées de blocs de calcaire unis, sans liant, par une taille précise, reliées entre elles par des courtines à décrochement, possédant des embrasures de tir et protégées...
  • GAULE

    • Écrit par et
    • 26 438 mots
    • 4 médias
    La colonie phocéenne de Massalia (Marseille) fut fondée vers 600 avant J.-C. Déjà auparavant (fin viie s.), des comptoirs rhodiens avaient été établis sur la côte de la Méditerranée, en liaison avec un mouvement de commerce et de colonisation vers l'Espagne. On a trouvé dans l'...
  • LES GRECS EN OCCIDENT (exposition)

    • Écrit par
    • 1 364 mots

    Après Les Phéniciens en 1988 et Les Celtes en 1991, Les Grecs en Occident (du 23 mars au 8 décembre 1996) a constitué la troisième exposition archéologique du Palazzo Grassi – la fondation culturelle de Fiat à Venise. Le thème avait été choisi plusieurs années auparavant ; des aléas divers,...

  • PHOCÉE

    • Écrit par
    • 204 mots

    Cité grecque d'Ionie qui a joué un rôle très original dans l'expansion grecque en Méditerranée. Alors que la plupart des cités grecques essaimaient en effet à la recherche de terres fertiles, les Phocéens, dont la cité avait un territoire exigu, se tournèrent très tôt vers l'activité commerçante,...