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MEAD MARGARET (1901-1978)

Margaret Mead - crédits : Bettmann/ Getty Images

Margaret Mead

Née au tout début du xxe siècle, à Philadelphie, Margaret Mead devait marquer de sa forte personnalité et pendant cinquante années, jusqu'à sa mort, la société américaine et tous ceux qui s'interrogent sur le sort des hommes. Issue d'une famille aisée du Middle West – son père était professeur d'économie à l'université de Pennsylvanie –, elle raconte dans son autobiographie (Du givre sur les ronces) combien elle fut aimée de ses parents et combien fut déterminante pour elle l'influence d'une longue lignée de femmes qui toutes semblaient avoir mené leur vie avec intensité et détermination. Ce sentiment d'appartenir à une société cohérente tout en ayant reçu le profond désir de la questionner fit de Margaret Mead une personne décidée à s'engager dans une aventure significative à la fois pour elle-même et pour l'espèce humaine.

De Samoa à Manus

Margaret Mead voulait, écrit-elle, faire de sa vie une protestation contre cette gravure ancienne qui était posée sur la cheminée de la maison familiale et qui représentait « deux enfants, une petite fille appliquée à coudre et un beau petit garçon très digne, qui, assis tout simplement, portait ses regards sur le monde ». La petite Margaret avait très tôt souhaité en secret « faire des songes impossibles et chercher à attraper la lune ». Elle fut aidée en cela par les exemples de sa grand-mère et de sa mère, l'une et l'autre intéressées par la psychologie et la sociologie. Au cours de ses études, en même temps qu'elle découvrait toute une série de causes justes à défendre, elle suivait l'enseignement sévère de Franz Boas, qui l'initia, avec son assistante Ruth Benedict, à l' anthropologie. C'est ainsi qu'elle fut une des dernières élèves du « père de l'anthropologie », selon l'expression de Claude Lévi-Strauss, après qu'il eut déjà formé Robert Lowie, Alfred Kroeber et Ralph Linton.

Décidée à entreprendre sa première étude en Polynésie, elle réussit à convaincre Boas de l'autoriser à partir seule sur une île lointaine enquêter sur les problèmes de l'adolescence. Pourtant, Boas refusa de la laisser travailler aux îles Tuamotu, préférant Samoa, moins isolée. Sur le bateau du retour, elle devait rencontrer un jeune psychologue néo-zélandais qui devint bientôt son second mari : Reo Fortune. De son séjour à Samoa, elle rapporta un livre qui fut publié en 1928 (Coming of Age in Samoa) et qui cherchait à prouver que la crise de l'adolescence n'existait pas dans certaines sociétés, alors qu'on la croyait universellement répandue. Margaret Mead orientait son étude en s'intéressant au comportement des individus sans pour cela décrire les rouages compliqués de l'organisation sociale. Seule lui importait une démonstration capable de mettre en doute les poncifs de l'éducation traditionnelle américaine. L'exemple polynésien, longuement observé et décrit, conduisait au dernier chapitre intitulé « Pour une éducation libérale ». Ainsi Margaret Mead reconnaissait-elle que le travail scientifique auquel elle se livrait pouvait apporter des solutions aux problèmes qu'elle avait elle-même rencontrés dans sa société d'origine. Tout en s'inspirant des découvertes de Freud, elle cherchait à illustrer les variations du comportement des individus selon la culture à laquelle ils appartiennent.

Elle étendit cette méthode au cours de son second voyage dans le Pacifique, à Manus. Sa description éclairait surtout la vie familiale, le monde de l' enfance et de l'adolescence. Et, là aussi, cette expérience l'engageait à réfléchir sur les solutions qu'il convenait d'apporter en Amérique aux problèmes de l'éducation. Ainsi, chaque expérience de terrain enrichissait d'une importante documentation, traitée de manière vivante,[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Média

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