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MALACOSTRACÉS

Mue, autotomie et régénération chez les décapodes

Chez tous les arthropodes, la possession d'un squelette externe rigide, pratiquement inextensible, entraîne une importante conséquence biologique : l'accroissement du corps est lié à un phénomène cyclique, connu sous le nom de mue, et au cours duquel l'animal « change de peau ». Les crustacés présentent tout au long de leur vie des mues nombreuses, car leur croissance n'est pas limitée, comme celle des Insectes par exemple, lesquels, arrivés à l'âge adulte, ne grandissent plus.

Le phénomène est particulièrement complexe et revêt un aspect spectaculaire chez les décapodes ; leurs téguments sont souvent fortement calcifiés et ils possèdent un important système endosquelettique, support des attaches musculaires, qui est rejeté en même temps que l'enveloppe externe. C'est aussi chez les décapodes que les processus de la mue ont été le plus complètement étudiés et que l' exuviation, c'est-à-dire le rejet de l'ancien squelette que l'on nomme l' exuvie, est la plus facile à observer : ainsi il n'est pas rare de découvrir à marée basse, sous une pierre, un crabe en train de s'extraire de sa vieille carapace.

Le rejet des téguments est précédé d'une série de modifications morphologiques et chimiques : la carapace se décalcifie suivant certaines lignes prédéterminées, les couches profondes se gélifient, une cuticule toute neuve se prépare en dessous, qui présente tous les détails d'ornementation qui apparaîtront, la mue achevée. Lorsque toutes les attaches entre l'ancien et le nouveau squelette ont été résorbées, l'exuviation peut commencer. La cause immédiate du phénomène est l'absorption d'eau qui entraîne un accroissement de la pression interne : le squelette externe se disloque suivant les lignes de décalcification, et le nouveau tégument encore très souple se déplisse. Chez le homard, la langoustine et la langouste, la cuticule se fend entre le bord postérieur de la carapace et l'abdomen. Couché sur le flanc, l'animal se plie en V et exerce une série de contractions musculaires qui ont pour effet de décoller complètement le tégument neuf de l'ancien. Toute la région céphalothoracique, appendices compris, se dégage, puis, brusquement, l'abdomen est extrait de son fourreau. Le processus est à peu près le même chez la crevette, mais l'animal ne se couche pas sur le côté. Chez le crabe, une fente se produit entre le céphalothorax et l'abdomen, et se prolonge latéralement sous la carapace qui se soulève comme un couvercle.

L'exuviation proprement dite est rapide : quelques secondes chez les crevettes, moins d'un quart d'heure chez le homard et la plupart des crabes. L'animal va continuer à se gonfler d'eau pendant quelques heures et atteindra une taille qui ne variera plus jusqu'à la prochaine mue ; entre-temps la carapace va s'épaissir et se calcifier.

Lorsque le processus sera achevé, le gain de poids sera considérable, souvent égal ou supérieur à 100 p. 100.

Les facteurs qui régissent la mue sont apparemment d'ordre hormonal, comme chez les Insectes. Des mécanismes complexes mettent en jeu les sécrétions de glandes endocrines situées dans le pédoncule oculaire (organe X) et dans la région antérieure du céphalothorax (organe Y), et celles de cellules du système nerveux central.

Quelle est la fréquence des mues ? Il est difficile de répondre à la question. Le phénomène se produit souvent chez les jeunes, puis les périodes d'intermues deviennent de plus en plus longues. On estime que le homard de 25 cm est âgé de cinq ans et a mué vingt-cinq fois environ. Il est probable que les très vieux spécimens ne muent plus. C'est ainsi que l'on trouve de très grands homards et de très grands tourteaux dont certaines[...]

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jacques FOREST. MALACOSTRACÉS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Malacostracés : morphologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Malacostracés : morphologie

Malacostracés : classification - crédits : Encyclopædia Universalis France

Malacostracés : classification

Malacostracés primitifs - crédits : Encyclopædia Universalis France

Malacostracés primitifs

Autres références

  • CLOPORTE

    • Écrit par Jean-Yves TOULLEC
    • 593 mots

    Crustacé de petite taille (2 cm), au corps segmenté et aplati dorso-ventralement, qui s'est adapté à une vie uniquement terrestre.

    Embranchement : Arthropodes ; sous-embranchement : Antennates ; super-classe : Crustacés ; classe : Malacostracés ; super-ordre : Péracarides ; ordre : Isopodes...

  • CRABE ENRAGÉ ou CRABE VERT

    • Écrit par Jean-Yves TOULLEC
    • 618 mots

    Crustacé décapode marin bien adapté à la vie dans la zone de balancement des marées et très commun le long des côtes de l'Atlantique nord.

    Embranchement : Arthropodes ; sous-embranchement : Antennates ; super-classe : Crustacés ; classe : Malacostracés ; sous-classe : Eumalacostracés...

  • CRABE TERRESTRE

    • Écrit par Jean-Yves TOULLEC
    • 740 mots

    Si l'on excepte les « crabes » ermites (pagures) et les « crabes » des cocotiers, – qui ne sont pas à proprement parler de véritables crabes car ils appartiennent à l'infra-ordre des Anomoures –, la plupart des Décapodes terrestres sont classés dans l'infra-ordre des crabes vrais ou Brachyoures....

  • CREVETTE

    • Écrit par Jean-Yves TOULLEC
    • 1 242 mots
    • 1 média

    Crustacé décapode caractérisé par un corps cylindrique, ou latéralement comprimé, comprenant un abdomen bien développé et un céphalothorax souvent porteur d'un rostre sur sa partie antérieure.

    Embranchement : Arthropodes ; sous-embranchement : Antennates ; super-classe : Crustacés...

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Voir aussi