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AGASSIZ LOUIS (1807-1873)

Des travaux géologiques et paléontologiques novateurs

Les travaux d’Agassiz montrent une synthèse entre la quête d’une grande vision générale des formes naturelles, semblable à celle des adeptes de la Naturphilosophie, et une méthode plus empirique et fonctionnaliste proche de celle de Cuvier. Cette dualité apparaît notamment dans ses séries d’études extrêmement détaillées sur les poissons et les échinodermes actuels et fossiles publiées dans les années 1830 et 1840 et fondées sur un examen minutieux d’exemplaires qui, pour certains, ont été recueillis sur le terrain par Agassiz lui-même. Mais celui-ci s’efforce aussi de tirer de ces descriptions des lois générales. Ainsi, il tente de mettre en évidence l’existence d’un « triple parallélisme » entre les stades successifs du développement embryonnaire, l’échelle des êtres actuels (des plus simples aux plus complexes) et les séries de fossiles des différentes couches géologiques. Cette idée préfigure, dans une certaine mesure, la loi de récapitulation formulée quelques décennies plus tard par Ernst Haeckel et selon laquelle l’ontogenèse (le développement) récapitule la phylogenèse (l’évolution). Il existe toutefois une différence majeure avec Agassiz : pour ce dernier, il n’est absolument pas question d’une évolution des espèces au cours de l’histoire de la Terre. Au contraire, Agassiz croit fermement à la fixité des espèces vivantes : selon lui, les différentes faunes qui se sont succédé au cours des temps géologiques, et que révèle la paléontologie, résultent de plusieurs créations indépendantes.

Agassiz relie ces considérations à des études géologiques originales qui font de lui l’un des fondateurs de la glaciologie. Il a en effet l’occasion d’observer des glaciers suisses, puis divers autres sites en Europe, ce qui le conduit à l’idée selon laquelle certains paysages ont été autrefois façonnés par des glaciers aujourd’hui disparus. Il explique ainsi, en particulier, la présence à certains endroits de gros blocs rocheux – dits erratiques – dont la nature géologique indique qu’ils ont été transportés depuis des sites éloignés, ou la formation de certains lacs, créés lors du recul de glaciers. Il en déduit la notion d’âge glaciaire, c’est-à-dire d’une période durant laquelle une grande partie de l’Europe aurait connu un climat très froid et aurait été couverte de glaciers. Là encore, il introduit une part de mysticisme dans ces travaux, estimant que cette phase de refroidissement a été causée par Dieu.

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Pour citer cet article

Stéphane SCHMITT. AGASSIZ LOUIS (1807-1873) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Louis Agassiz - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Louis Agassiz

Autres références

  • CLIMATOLOGIE

    • Écrit par Frédéric FLUTEAU, Guillaume LE HIR
    • 3 656 mots
    • 4 médias
    Les débuts de la paléoclimatologie remontent au début du xixe siècle avec les travaux de Louis Agassiz, un paléontologiste suisse, sur les périodes glaciaires du Quaternaire. Il proposa, lors de son discours de Neuchâtel (Suisse) en 1837, que les blocs erratiques observés dans les plaines...
  • GLACIERS

    • Écrit par François ARBEY, Louis LLIBOUTRY
    • 12 995 mots
    • 2 médias
    ...Saussure (1740-1799). En 1815, Perraudin convainc J. de Charpentier que les glaciers ont autrefois recouvert toute la Suisse, et en 1836, celui-ci convainc Louis Agassiz. Ce dernier, entre 1827 et 1840, poursuit des observations sur l'Unteraargletscher avec d'autres géologues de Neuchâtel. En 1832, il accompagne...
  • PALÉOCLIMATOLOGIE

    • Écrit par Jean-Claude DUPLESSY
    • 8 063 mots
    • 8 médias
    ...air diminue, tout comme la température de l'air au sol (fig. 1). On a pu ainsi retracer l'histoire du dernier cycle climatique aux hauteslatitudes en mesurant les variations de δ 18O le long de carottes obtenues par forage des calottes glaciaires de l'Antarctique ou du Groenland.
  • PLACODERMES

    • Écrit par Hervé Léo LELIÈVRE
    • 1 805 mots
    • 3 médias
    C'est le naturaliste suisse Louis Agassiz (1807-1873) qui reconnut le premier, en 1844, la nature ichthyenne des placodermes – ils étaient jusqu'alors confondus avec des tortues. De nos jours, ils sont considérés comme un groupe naturel (monophylétique), bien que leurs affinités soient régulièrement...

Voir aussi