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LÉOPOLD Ier (1640-1705) empereur germanique (1658-1705)

Fils cadet de l'empereur Ferdinand III, Léopold est d'abord destiné à l'état ecclésiastique, mais la mort prématurée de son frère Ferdinand IV en fait l'héritier présomptif. Élu roi de Hongrie dès 1655, il se trouve placé, à dix-sept ans, devant de très grandes responsabilités. La mort inopinée de son père, en 1657, n'a même pas permis de régler la succession à l'Empire. Ses États patrimoniaux (Bohême, Autriche et partie occidentale de la Hongrie) se relèvent péniblement des destructions de la guerre de Trente Ans. Ferdinand III, avant de mourir, s'est engagé dans la guerre du Nord aux côtés de la Pologne. Léopold confie le pouvoir à son ancien précepteur, le comte Portia, qui devient un Premier ministre tout-puissant, et réussit, non sans peine, à se faire élire empereur en 1658. Des tâches immenses l'attendent : poursuivre la reconstruction de ses États patrimoniaux, affermir son autorité en Hongrie et, sur le plan extérieur, regagner le prestige perdu par la maison d'Autriche en Allemagne, aider la monarchie d'Espagne en déclin et défendre l'Europe centrale contre le péril turc à nouveau menaçant. Au cours d'un règne qui dure près d'un demi-siècle, il réussit, non sans mal, à réaliser ce programme et à faire de la monarchie autrichienne une grande puissance respectée.

Si, en 1660, la paix d'Oliva, qui met fin à la guerre du Nord, le délivre de tout souci en Pologne, il se trouve bientôt engagé en Transylvanie pour y imposer un prince de son choix, Jean Kemény. Les impériaux essuient une série d'échecs et, en 1662, les Turcs interviennent directement dans le conflit. La Transylvanie est perdue, Vienne sérieusement menacée (chute de Nové-Zamky, 1663) et l'Europe commence à s'affoler. Une armée franco-allemande vient à l'aide des impériaux et les coalisés écrasent les Turcs à Saint-Gothard (1664). Pourtant, Léopold signe une paix désastreuse avec la Porte (Vasvar, 1664) afin d'avoir les mains libres dans la succession d'Espagne. Effectivement, lorsque Philippe IV meurt l'année suivante, Léopold est, avec l'enfant Charles II, le seul héritier mâle de la maison d'Autriche. Tentera-t-il de reconstituer à son profit l'Empire de Charles Quint, alors qu'il est de santé fragile et qu'il demeure célibataire en attendant de pouvoir épouser sa cousine Marguerite-Thérèse, fille cadette de Philippe IV ? Conscient de sa faiblesse, désireux de procurer la paix à ses États patrimoniaux, il signe un traité de partage secret avec Louis XIV et tente un rapprochement avec la France. Mais la révolte de la Hongrie et la guerre de Hollande mettront bientôt fin à ses espoirs de paix. La noblesse hongroise n'a pas accepté la paix de Vasvar, les protestants se réconcilient avec les catholiques pour chasser les Habsbourg. En 1670, le gouverneur de Croatie, Pierre Zrinyi, prend la tête de la révolte des magnats ; arrêté, il est condamné et exécuté en 1671, tandis que les impériaux occupent le pays et que la répression s'abat sur les Hongrois. Léopold espère tirer parti de l'occasion pour établir la Contre-Réforme dans le pays. La Constitution est suspendue en 1672, les conversions forcées se multiplient, mais la résistance armée s'organise et la pacification générale n'interviendra qu'en 1711, après la mort de Léopold. Aidés par l'argent français, les Malcontents (en hongrois Kuruc, croisés) tiennent en échec les impériaux et organisent une principauté autonome dans l'est du pays et en Transylvanie. Tandis que l'intervention de l'empereur en Allemagne, à partir de 1673, n'empêche pas les succès français entérinés par les traités de Nimègue (1678-1679), Léopold préfère négocier avec les Hongrois ; il rétablit les privilèges politiques et religieux du pays (1681), mais[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean BÉRENGER. LÉOPOLD Ier (1640-1705) empereur germanique (1658-1705) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHARLES V DE LORRAINE (1643-1690)

    • Écrit par Jean-Marie CONSTANT
    • 376 mots

    Second fils de François Nicolas de Lorraine, neveu de Charles IV, Léopold Nicolas Sixte, duc de Lorraine, ne put jamais prendre possession de son duché. Le traité de Montmartre qui, en 1662, avait ratifié la vente du duché de Lorraine à Louis XIV lui fit rompre son mariage avec la duchesse de Nemours....

  • HOFBURG LA

    • Écrit par Victor-Lucien TAPIÉ
    • 521 mots

    L'ensemble de la Hofburg, palais impérial de Vienne, à la fois harmonieux, hétéroclite et inachevé, résulte de travaux entrepris à plusieurs époques. À l'époque médiévale, la forteresse archiducale, en bordure des fortifications de Vienne (demeurée exposée au péril turc jusqu'en 1683), fut...

  • JOSEPH Ier (1678-1711) empereur germanique (1705-1711)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 795 mots

    Véritable enfant du miracle, porteur de tous les espoirs d'une dynastie en voie d'extinction, l'archiduc Joseph témoigne jusque dans son nom même (un vœu de son père Léopold Ier à saint Joseph) de l'alliance étroite entre la maison d'Autriche et le catholicisme...

  • KAHLENBERG BATAILLE DU (1683)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 214 mots
    • 1 média

    L'année 1683 marque un tournant majeur dans le rapport de forces entre l'Occident chrétien et le monde musulman, dominé depuis le xvie siècle par l'Empire ottoman. Celui-ci n'avait cessé de progresser en Europe orientale et en Méditerranée depuis le xive siècle. ...

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Voir aussi