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LATINES (LANGUE ET LITTÉRATURE) Le théâtre

Le théâtre latin présente un certain nombre de caractères propres qui le différencient notablement du théâtre grec : prééminence des éléments spectaculaires sur le texte, non-périodicité des jeux théâtraux, tendance à un réalisme excessif, autonomie des techniques et du sujet, souvent inspiré des œuvres grecques. Ces caractères, joints au fait que la genèse, le développement et l'extinction du théâtre romain se jouèrent sur un laps de temps assez court, expliquent qu'il n'ait pas eu, dans l'histoire, la même portée ni la même valeur révélatrice que le théâtre grec.

Origines et genres

Le théâtre romain n'a jamais été, comme on le pense trop souvent, un simple décalque du théâtre grec. Le fond italique de la civilisation romaine lui fournit un cadre et des techniques propres, qui ne doivent rien, dans leur essence, à celles du théâtre grec et qui permirent – particulièrement aux auteurs comiques – de s'inspirer des pièces grecques, sans être assujettis pour autant aux techniques qu'elles mettaient en œuvre. Des ébauches de jeux dramatiques figuraient déjà dans certaines cérémonies religieuses comme celles des Lupercales et dans ces rites rustiques d'origine étrusque qu'on appelait les jeux Fescennins. Il s'agissait de fêtes célébrées à différentes occasions (fêtes de moisson, mariages), comprenant surtout des pantomimes et des danses. Par la suite, on y ajouta des chants et des improvisations dialoguées : ainsi naquit la farce avec dialogues et chants intitulée la satura. La tradition situe en 362 avant J.-C., d'après un témoignage de Tite-Live, la première représentation de satura sur le sol italique. Mais ce n'est qu'un peu plus tard, à partir du milieu du iiie siècle, que le poète Livius Andronicus eut l'idée de développer une intrigue à l'intérieur du cadre et des techniques de la satura. Plus tard, les représentations théâtrales figurèrent dans la plupart des jeux célébrés à Rome et en province. En plus de la satura, se développa un genre appelé l' atellane (du nom d'Atella, ville de Campanie), farce à caractère et à sujet populaires comprenant des types traditionnels de personnages : le Vieillard, le Bossu, le Goinfre et le Niais. Ces deux genres avaient un aspect familier et même caricatural. La satire y jouait un grand rôle, non la satire politique comme en Grèce, mais celle des caractères. Les représentations théâtrales comportèrent évidemment, à partir du iiie siècle avant J.-C., des tragédies et des comédies. Les premières ne sont connues que par leurs titres et quelques fragments. Elles étaient appelées praetextae – du nom de la toge prétexte portée à Rome par les magistrats – lorsqu'elles traitaient des sujets latins, empruntés aux épopées nationales ou à l'histoire. Elles semblent avoir été les moins nombreuses, la plupart des titres parvenus jusqu'à nous reprenant ceux des tragédies d'Euripide. Les poètes tragiques latins, Livius Andronicus, Ennius, Naevius, Accius et Pacuvius, s'inspirèrent surtout des légendes troyennes et du cycle de la guerre de Troie, plus proches des traditions mythiques de Rome. Quant aux comédies, dont on possède un certain nombre et beaucoup de titres, elles étaient elles aussi divisées en latines et grecques. Latines, elles portaient le nom de togatae (de toga, manteau latin). Grecques, elles s'appelaient palliatae (de pallium, manteau grec). Telles qu'on les connaît à travers Plaute et Térence, ces œuvres ont pour caractère commun d'emprunter leurs sujets à ceux de la comédie grecque nouvelle de Ménandre, en renouvelant cependant les situations, à défaut des personnages dont les types demeurent les types grecs. Elles sont de facture beaucoup plus populaire que leur modèle grec, et les techniques italiques, mime, pantomime,[...]

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Pour citer cet article

Jacques LACARRIÈRE. LATINES (LANGUE ET LITTÉRATURE) - Le théâtre [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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