FARCE
On appelle farces les pièces de théâtre comiques composées du xiiie jusqu'au xvie siècle. On ne les nomme pas comédies parce que, selon les Arts poétiques du Moyen Âge, ce terme s'applique aux poèmes dont le début est triste et la fin plutôt joyeuse. On trouve le terme de farce qualifiant une pièce de théâtre à partir de 1398. Vers la fin du Moyen Âge, nombreuses sont les pièces intitulées farce ou moralité, sottieou farce. Des acteurs installaient des tréteaux, souvent en plein air à l'occasion d'une fête, d'un marché, dans la rue, et même, plus tard, sur le Pont-Neuf à Paris. On commençait par un cry, pièce d'une centaine de vers qui rassemblait le public. Venait ensuite une moralité, une pièce satirique qui visait surtout une idée, par exemple la Gourmandise (La Condamnation du Banquet). Il ne faut pas confondre la moralité, pièce satirique française, et le Morality Play, pièce morale anglaise qui fait partie du théâtre religieux médiéval. Après la moralité on jouait une sottie, pièce comique qui satirisait souvent les idées politiques et dont les personnages sont le Sot, la mère Sotte, etc., c'est-à-dire les sots qui portaient le costume traditionnel aux grelots, et tenaient à la main la marotte. Le point culminant, c'est la farce, pièce comique qui présente des situations et des personnages ridicules où règnent tromperie, équivoques, ruses, mystifications.
Organisation, acteurs et thèmes
On peut situer l'âge d'or de la farce entre 1400 et 1600. Dès le début du xve siècle les clercs du parlement de Paris et d'autres grandes villes se sont organisés en confréries, dont l'une, la Basoche, fit monter des spectacles. Une sous-section de la Basoche, les Enfants sans Souci, faisait spécialité des pièces profanes et des farces en particulier. À ces représentations jouées par des acteurs quasi professionnels ajoutons celles des jongleurs, des comédiens de métier, qui parfois s'organisaient en troupes, et donnaient des monologues dramatiques, des farces à un seul personnage, tel Le Franc Archer de Bagnolet. La farce était populaire dans les grandes villes. Les étudiants en droit présentaient des procès grotesques, des « causes grasses » (cf. Les Arrêts d'Amour par Martial d'Auvergne), d'autres troupes, les Cornards de Rouen – ils portaient des cornes ou des bonnets pointus –, faisaient rire un public plus large. Les ressources théâtrales que demandaient les farces étaient modestes : peu d'acteurs, quatre ou cinq, une mise en scène réduite, des meubles et des costumes ordinaires. Cela s'explique parce que les thèmes des farces étaient tirés du quotidien : ces heurts entre mari et femme, vendeur et client, procureur et défendeur, serviteur et maître. Dans le conflit, chacun veut prendre le dessus, et souvent emploie la tromperie. Le thème du trompeur trompé se retrouve fréquemment.
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Écrit par
- Cedric E. PICKFORD : docteur ès lettres, officier des palmes académiques, professeur de littérature française du Moyen Âge à l'université de Hull (Royaume-Uni)
Classification
Pour citer cet article
Cedric E. PICKFORD, « FARCE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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