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MÉNANDRE (342 av. J.-C.?-? 292 av. J.-C.)

Auteur dramatique athénien que les critiques de l'Antiquité considéraient comme le plus grand poète de la nouvelle comédie attique — c'est-à-dire la dernière floraison de la comédie scénique athénienne. Il ne connut durant sa vie qu'un succès limité ; bien qu'il eût écrit plus de cent pièces, il ne remporta que huit fois la victoire aux fêtes dramatiques d'Athènes, le public lui préférant Philémon.

La comédie, abandonnant le thème des affaires publiques, était centrée sur des personnages de la vie quotidienne ; le rôle du chœur avait généralement décliné, se bornant à l'exécution d'interludes entre les actes. Les masques des acteurs s'étaient adaptés à l'éventail des personnages nécessité par la comédie de mœurs ; Ménandre, qui écrivait dans une langue raffinée (l'attique était alors la langue littéraire du monde grec), savait magistralement présenter des types tels que le père sévère, le jeune amoureux, la demi-mondaine avide, l'esclave intrigant. Selon Ovide : « Aucune pièce de Ménandre n'est dépourvue de son affaire de cœur. » La délicatesse de touche et l'habileté de Ménandre sont très perceptibles dans le Dyscolos (L'Atrabilaire, Duskolos), tandis que le contraste subtil entre caractère et principes éthiques apparaît dans La Chevelure coupée (Périkéiroménê), pièce intéressante par la présentation, empreinte de sympathie, du personnage conventionnel du soldat fanfaron. Le Second Frère est peut-être sa plus belle réussite.

Les œuvres de Ménandre ont été très largement adaptées par Plaute ; à travers lui, elles ont influencé le développement de la comédie européenne postérieure à la Renaissance. À l'exception du Dyscolos, il n'existe aucun texte complet de ses comédies. D'importants fragments de La Chevelure coupée, de L'Arbitrage (Épitrépontés), de La Samienne (Samia) et de deux autres pièces ont été retrouvés en 1905 dans un codex. Quelques fragments avaient été mis à jour en 1844 au monastère Sainte-Catherine, sur le mont Sinaï. On rapporte que Ménandre fut l'élève de Théophraste. En 321, il présenta sa première pièce, La Colère (Orgê). En 316, il remporta un prix avec le Dyscolos et fut couronné aux fêtes dionysiaques l'année suivante. Ménandre a vraisemblablement toujours vécu à Athènes, et il passe pour avoir décliné des invitations en provenance de Macédoine et d'Égypte. Une tradition, sans doute légendaire, rapportée par Ovide, veut qu'il se soit noyé dans le port d'Athènes.

— Jean-Paul MOURLON

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Écrit par

  • : maître ès lettres modernes, professeur au lycée de Tiaret, Algérie

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul MOURLON. MÉNANDRE (342 av. J.-C.?-? 292 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COMÉDIE

    • Écrit par Robert ABIRACHED
    • 5 412 mots
    • 1 média
    ...trop précise : la « comédie moyenne », qui dure jusque vers 330, cherche ses thèmes dans la mythologie et dans l'observation des mœurs, en attendant que Ménandre, principal auteur de la « comédie nouvelle » (330-250), oriente cet art vers la peinture de l'amour contrarié, des caractères et des conditions,...
  • GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - Langue et littérature

    • Écrit par Joseph MOGENET, Jacqueline de ROMILLY
    • 8 259 mots
    • 2 médias
    ...d'égales que son imagination délirante et la virtuosité de sa langue. Combien différente est, à cet égard, un siècle plus tard, la comédie « nouvelle » de Ménandre – mieux connue depuis d'heureuses découvertes papyrologiques – qui, dans la ligne d'Euripide, met en scène des petits bourgeois aux prises avec...
  • PAPYROLOGIE

    • Écrit par Patrice CAUDERLIER
    • 1 498 mots
    ...d'Hypéride ont été restitués ; des auteurs nouveaux comme Bacchylide, Timothée de Milet ou l'historien anonyme d'Oxyrynchos sont accessibles, sans parler de Ménandre dont l'œuvre, jadis connue par ses seuls titres, est ressuscitée grâce à des papyrus : en 1958, V. Martin éditait le Papyrus Bodmer...
  • PLAUTE (env. 254-184 av. J.-C.)

    • Écrit par Barthélemy A. TALADOIRE
    • 2 543 mots
    ...écrivains grecs de la comédie moyenne ou de la nouvelle comédie (ive siècle). Les mieux connus de ces écrivains sont Antiphane, Philémon, et surtout Ménandre dont on a retrouvé en 1905 de nombreux fragments d'œuvre, et dont on possède, depuis les années 1950, une comédie pratiquement complète, ...

Voir aussi