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HEINTZ JOSEF (1546-1609)

Fils d'un architecte prénommé Daniel qui travailla à l'hôtel de ville (Rathaus) de Bâle et à la cathédrale de Berne, Joseph Heintz dit l'Ancien (pour le distinguer de son fils) s'initia probablement à la peinture chez le bâlois Hans Bock l'Ancien et subit d'abord l'influence d'Holbein (dessins d'après Holbein exécutés vers 1581-1583 et conservés à Bâle, Dessau et Berlin). Il s'arrache à son milieu germanique en se rendant à Rome en 1584, où il découvre Hans von Aachen qui parachève sa formation de peintre et lui apporte la révélation du maniérisme et d'une peinture souple et gracile aux effets décoratifs et virtuoses, aux élégances promptement irréalistes, au coloris chatoyant et arbitraire. Ce séjour romain, fondamental, dure jusqu'en 1587 (cf. des dessins signés et datés à l'Albertina, Vienne, à Darmstadt et dans le commerce munichois). En 1591 enfin, il devient peintre de cour auprès de l'empereur Rodolphe II à Prague, dans ce foyer alors si vivant du maniérisme où Spranger et Hans von Aachen déploient une féconde et célèbre activité.

En 1593, à la demande de l'empereur, il repart pour l'Italie afin d'y copier des antiques. La même année, à Rome, Egidius Sadeler grave une de ses œuvres (une Sainte Famille avec sainte Élisabeth et saint Jean). En 1598, il se marie à Augsbourg où il est cité à plusieurs reprises dans les archives, notamment en 1604 et en 1607. En 1603 et en 1604, il fait des voyages à Graz, à Innsbruck, pour le compte de l'empereur. Il travailla aussi, à côté de Rottenhammer, pour le prince Ernest de Schaumburg.

Typique représentant du maniérisme praguois, Heintz doit beaucoup à Hans von Aachen et à sa suavité colorée, nourrie des exemples de Parmesan et de Corrège. Van Mander note que Heintz était encore, à son arrivée à Rome, malhabile dans le maniement des couleurs. Van Mander observe également qu'il a copié les Vénitiens (et Rottenhammer ?) et, de fait, ses petits tableaux gracieux sont soigneusement peints dans des tons verts et bruns très délicats, avec une facture lisse, presque émaillée. Citons ainsi ses deux nus féminins d'une perfection presque provocante (à Vienne et à Dijon, ce dernier tableau provenant justement de Vienne par suite des saisies napoléoniennes de 1811), Vénus et Adonis et Diane et Actéon (un de ses tableaux les plus appréciés : il en existe des répétitions à Karlsruhe et à Hermanstadt, et une gravure par E. Sadeler) tous les deux conservés à Vienne et, comme tels, tableaux ayant appartenu à Rodolphe II et d'origine directement praguoise. On ne s'étonnera donc pas à cet égard que, comme pour Spranger et Hans von Aachen, la pinacothèque de Vienne garde la plus belle collection connue de travaux de Heintz (à Vienne encore, un portrait de Rodolphe II, un Mariage mythologique et Vénus et l'Amour devant le pont d'amour ainsi qu'un Saint Sébastien et le Chemin d'Emmaüs, peint en collaboration avec Vredeman de Vries et daté 1598). D'autres tableaux bien caractéristiques se rencontrent à Dresde (Enlèvement de Proserpine, 1605), à Munich (Satyre et nymphes, 1599), à Berne (l'artiste se peignant avec sa sœur, 1596 ; Heintz fit ainsi quelquefois des portraits), à Bâle, à Augsbourg, etc. Dans quelques tableaux religieux tardifs et de plus grand format, il déploie un pathos forcé qui annonce déjà l'art baroque (Ascension d'Élie, 1608, à l'église Sainte-Anne d'Augsbourg, Adoration des bergers, 1600, gravée par Kilian).

Van Mander vante aussi la qualité des dessins de Heintz, qui font preuve d'une grande liberté d'allure et d'une prestesse virtuose (Jésus et la Samaritaine, Louvre). À propos de Heintz, il faut citer les graveurs qui ont beaucoup fait pour diffuser sa réputation, tels Franz Aspruck,[...]

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Écrit par

  • : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Jacques FOUCART. HEINTZ JOSEF (1546-1609) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MANIÉRISME

    • Écrit par Sylvie BÉGUIN, Marie-Alice DEBOUT
    • 10 161 mots
    • 34 médias
    ...à Florence celle du sculpteur Giovanni Bologna qui influence le canon de ses figures. Van Aachen montre un sentiment de la couleur qui évoque Venise. J. Heinz de Bâle, tout en adhérant au maniérisme italianisant conserve des souvenirs de sa formation germanique. Allégories complexes et sujets érotiques...

Voir aussi