BACH JEAN-SÉBASTIEN
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Les formes
Bach naquit architecte. Mais, là encore, il faut bien entendre l'éloge. Il va moins à une architecture que l'architecture ne vient à lui. Il se trouve en sa musique une permanente disponibilité de la forme qui en fait le prix. Sa pédagogie elle-même en fournit la preuve, laquelle était merveilleusement empirique. L'expérience librement avancée l'emportait toujours sur le concept préalable, et cela parce que l'élève ne peut voir d'emblée la justification de celui-ci : on n'apprend pas la nage hors de l'eau. De même, toute dogmatique, en ce qui concerne les formes, prive celles-ci de leurs meilleures vertus. C'est tout le drame, si choyé par les sots, du fameux lit de Procuste, où l'on vous raccourcit les membres, ou vous les rallonge, si vos dimensions naturelles ne sont pas exactement semblables aux archétypes du « beau parfait » que ce lit prétend avoir. Est-il tyrannie plus affreuse, mais malheureusement si souvent réclamée ? Que l'on songe aux canons de la forme sonate, par exemple, telle qu'elle se fixe au temps de Mozart ; et qu'on la compare aux conceptions des sonates de Bach... Voir seulement en celles-ci des dérivés de la suite primitive, c'est escamoter l'esprit même qui se plaît à ces élargissements ou à ces dérivés. Bach ne toise pas la musique de l'extérieur, et son emprise sur la matière n'a rien d'arbitraire. Ce sont les pulsions de la musique qui en déterminent les structures. Du reste, qui ne sait les étonnantes « irrégularités » – et un tel mot condamne le pion « sacré » qui se cache en la plupart des maîtres – que présentent les fugues du cantor ? On peut y suivre à vif le jeu dont il ne se lasse pas, parce qu'il lui propose sans cesse une foule d'inventions. Et on n'insistera pas sur les « fusées irrationnelles » que présentent les fameuses toccatas pour orgue, qui mettent l'analyste au défi de les justifier, sinon par l'épanouissement de la seule musique...
On veut signaler simplement ces échanges perpétuels et cette capacité de maturation que cette musique nous montre. Bach fut toujours amoureux [...]
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Écrit par :
- Luc-André MARCEL : compositeur, inspecteur principal de la musique au ministère de la Culture, Paris
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Pour citer l’article
Luc-André MARCEL, « BACH JEAN-SÉBASTIEN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 15 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-sebastien-bach/