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INGRES JEAN AUGUSTE DOMINIQUE (1780-1867)

Le rayonnement d'un maître

L'influence qu'exerça Ingres à son époque fut décisive et s'explique par le grand nombre d'élèves qui travaillèrent dans son atelier : deux cents au moins. Parmi eux, il faut citer Amaury-Duval (1806-1885), qui a laissé un livre de souvenirs, L'Atelier d'Ingres ; Jules Ziegler (1804-1856), auteur de la coupole de l'église de la Madeleine, en 1838 ; Victor Mottez (1809-1897) ; Henri Lehmann (1814-1882) ; Pierre-Auguste Pichon (1805-1900) ; Théodore Chassériau (1819-1856), ingriste dans sa jeunesse, mais que devait enthousiasmer plus tard l'art de Delacroix. Le groupe le plus cohérent est celui des artistes lyonnais : les deux frères Flandrin, Hippolyte (1809-1864) et Paul (1811-1902), qui, attirés par la peinture décorative, peignirent à Paris les ensembles de Saint-Séverin et de Saint-Germain-des-Prés ; Louis-Victor Orsel (1795-1850) ; Paul Chenavard (1807-1895), dont le projet de décoration du Panthéon resta seulement à l'état de cartons préparatoires (conservés au musée de Lyon) ; et enfin Louis Janmot (1814-1892) auteur de la suite du Poème de l'âme (musée de Lyon). Il est intéressant de constater que des artistes étrangers suivirent aussi l'enseignement d'Ingres : les Suisses Stürler, Barthélemy Menn, Bovy, Gsell, les Allemands Charles Müller et Leibniz, le Hongrois Emmerich Roth ; de même, Carlo del Bravo a souligné l'influence d'Ingres en Toscane. Cela prouve le rayonnement d'une école dont les tendances étaient analogues à celles des mouvements nazaréens et préraphaélites. Cette dernière remarque explique l'influence d'Ingres : son art coïncidait avec le courant esthétique européen, et R. Rosemblum a rapproché certaines de ses compositions de celles de Richard Parkes Bonington (Henri IV et ses enfants), de William Dyce (Paolo et Francesca), de Léon Bénouville (Odalisque), et de Jean Léon Gérome (Molière dînant avec Louis XIV).

Paul Signac a mis en lumière le rôle de Delacroix – le traditionnel adversaire d'Ingres – pour expliquer l'évolution de la peinture vers le néo-impressionnisme, mais on ne saurait oublier que Degas, Renoir – et plus récemment Picasso et les artistes du pop'art – ont été marqués par leur admiration pour Ingres.

— Jean LACAMBRE

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Écrit par

  • : chargé de mission auprès du directeur des Musées de France

Classification

Pour citer cet article

Jean LACAMBRE. INGRES JEAN AUGUSTE DOMINIQUE (1780-1867) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Œdipe et le Sphinx</it>, Ingres - crédits : Maurice Babey/ AKG-Images

Œdipe et le Sphinx, Ingres

La Grande Odalisque, J. A. D. Ingres - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La Grande Odalisque, J. A. D. Ingres

<it>La Baigneuse dite Baigneuse Valpinçon</it>, J. D. A. Ingres - crédits : G. Dagli orti/ De Agostini/ Getty Images

La Baigneuse dite Baigneuse Valpinçon, J. D. A. Ingres

Autres références

  • LA GRANDE ODALISQUE (J. A. D. Ingres)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 237 mots
    • 1 média

    Commandée par la reine de Naples Caroline Murat, en pendant à une Dormeuse (aujourd'hui disparue), La Grande Odalisque (musée du Louvre) fut envoyée à Paris par Ingres (1780-1867), resté en Italie, pour être exposée au Salon de 1819. Le tableau surprit notamment par le traitement incorrect...

  • INGRES ET LE NU - (repères chronologiques)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 475 mots

    1808 Ingres, pensionnaire de l'Académie de France à Rome à la villa Médicis, présente comme étude obligatoire deux nus, La Baigneuse Valpinçon et Œdipe et le Sphynx (tous deux au musée du Louvre). La Baigneuse inaugure une série poursuivie par l'artiste durant toute sa vie, où il s'attache...

  • INGRES et L'ILLUSION GRECQUE. INGRES ET L'ANTIQUE (expositions)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 983 mots

    Deux expositions, l'une à Paris, l'autre à Montauban et en Arles, ont ramené en 2006 « Monsieur Ingres » sous les feux de l'actualité, sans qu'il ait été besoin pour cela d'une quelconque date anniversaire. On ne peut que s'en féliciter, tant le calendrier des manifestations culturelles tend à devenir...

  • AMAURY-DUVAL EUGÈNE EMMANUEL PINEU-DUVAL dit (1808-1885)

    • Écrit par Bruno FOUCART
    • 439 mots

    Sans doute l'un des plus originaux et des mieux doués des élèves d'Ingres, Amaury-Duval se contenta d'une carrière honorable et discrète. Peintre à la production rare, appartenant par sa famille à l'intelligentsia parisienne (son père, membre de l'Institut, fondateur de la ...

  • ATELIER, art

    • Écrit par Marie-José MONDZAIN-BAUDINET
    • 5 946 mots
    • 9 médias
    ...ses élèves. Enseignement et création sont séparés. L'un des témoignages les plus vivants de cette atmosphère nous est donné par L'Atelier d'Ingres d' Amaury Duval. Malgré toute la vénération de Duval pour son maître, il reconnaît qu'Ingres était fort mauvais pédagogue. L'idée du génie artistique...
  • L'ATELIER D'INGRES, Eugène Emmanuel Amaury-Duval - Fiche de lecture

    • Écrit par Adrien GOETZ
    • 1 026 mots
    • 1 média

    À la suite d'Étienne Jean Delécluze, élève de David et critique d'art, qui avait publié, en 1855, Louis David, son école et son temps, Eugène Emmanuel Amaury Pineu-Duval dit Amaury-Duval (1808-1885), disciple d'Ingres, rend hommage à son maître dans un ouvrage vivant, fourmillant...

  • BERGER JOHN (1926-2017)

    • Écrit par Catherine BERNARD
    • 838 mots

    Fils d’un émigré hongrois et d’une Londonienne longtemps active auprès des suffragettes, John Berger naît le 5 novembre 1926 à Stoke Newington, dans la banlieue nord de Londres. Artiste protéiforme ‒ peintre, dessinateur, romancier, essayiste, scénariste, poète ‒, il débute son éducation artistique...

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Voir aussi