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SIGNAC PAUL (1863-1935)

Peintre français, né à Paris. Débutant sous l'influence de Monet, Paul Signac est, en 1884, à l'âge de vingt et un ans, parmi les fondateurs de la Société des artistes indépendants, où il connaît Georges Seurat. C'est en étroite collaboration avec ce dernier que Signac va jeter les bases théoriques du néo-impressionnisme, mouvement charnière qui relie les tendances les plus avancées du xixe siècle à l'art du xxe. Signac est la force motrice du groupe et, après la mort de Seurat en 1891, il assure l'importante charge de poursuivre l'expérience du mouvement. On lui doit en particulier un ouvrage capital, D'Eugène Delacroix au néo-impressionnisme (1889), qui expose les conceptions du groupe et contient des passages d'une extrême rigueur. Il écrivit également Le Sujet en peinture ainsi qu'un Journal, précieux par les témoignages qu'il rapporte. Dans les années 1908-1927, le peintre, qui avait déjà exécuté une œuvre considérable, continue à participer aux activités de la Société des indépendants et à s'intéresser à tous les courants novateurs en matière d'art. Il est en particulier l'un des premiers à acheter des tableaux de Matisse.

<it>Avignon. Soir (le château des Papes)</it>, P. Signac - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Avignon. Soir (le château des Papes), P. Signac

<it>Le Pin parasol aux caroubiers</it>, P. Signac - crédits :  Bridgeman Images

Le Pin parasol aux caroubiers, P. Signac

Les premières toiles de l'artiste sont placées sous le signe de l'impressionnisme : Port-en-Bessin, l'avant-port (1882-1883, coll. part.) ; Nature morte, livre et violette (1883, coll. part.), et présentent des formes presque transparentes, éclairées par une lumière diffuse. Quelques passages sont déjà réalisés selon le procédé du mélange optique. Peu de temps après, un changement considérable se manifeste : dans le tableau intitulé Le Grand-Père Signac (1884, coll. part.), la division de l'espace et de la surface obéit à des règles plus strictes, les touches sont plus séparées, plus régulières ; un réseau formel, d'une rigueur remarquable, enferme tous les signes picturaux. L'aboutissement de cette évolution sera la toile intitulée Le Petit Déjeuner (1887, Rijksmuseum Kröller-Müller, Otterlo) qui, malgré le sujet encore descriptif, se situe dans une optique parfaitement néo-impressionniste (touche divisée, mélange optique, rendu coloré des ombres). Quelques années plus tard, Signac appliquera cette technique à une série de paysages où l'espace, privé de ses qualités tridimensionnelles, s'efface derrière une grille formelle éclatante et sans bavures. L'artiste frôle alors l'abstraction : Vue de Collioure (1887, coll. part.) ; Barques au soleil (1891, coll. part.).

Après les premières années du xxe siècle, Signac, tout en conservant dans ses œuvres une structure spatiale nette et rigoureusement délimitée, peint à l'aide de touches moins serrées et systématiques. Il introduit dans ses œuvres des modulations tonales plus nuancées : La Voile jaune à Venise (1904, coll. part.). Le Canal Saint-Martin (1933, coll. part.), une des dernières toiles du peintre, témoigne de sa fidélité aux « harmonies des lignes et des couleurs » qu'il avait bâties pendant toute sa vie en échafaudant un mélange savant de signes plastiques, exprimé par un procédé d'une rigueur irréprochable.

— Charles SALA

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

Classification

Pour citer cet article

Charles SALA. SIGNAC PAUL (1863-1935) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Avignon. Soir (le château des Papes)</it>, P. Signac - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Avignon. Soir (le château des Papes), P. Signac

<it>Le Pin parasol aux caroubiers</it>, P. Signac - crédits :  Bridgeman Images

Le Pin parasol aux caroubiers, P. Signac

Autres références

  • D'EUGÈNE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME, Paul Signac - Fiche de lecture

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 1 069 mots
    • 1 média

    Initialement paru en feuilleton dans La Revue blanche, D'Eugène Delacroix au néo-impressionnismefut publié en 1899. Le peintre Paul Signac (1863-1935) y défendait le mouvement pointilliste, et d'abord son chef de file, Georges Seurat (à qui le livre est dédié), en soulignant ce qui...

  • IMPRESSIONNISME

    • Écrit par Jean CASSOU
    • 9 484 mots
    • 32 médias
    ...scientifique. Ainsi qu'en science, il y a en art une vérité à trouver et des principes à édicter. Cela se formule dans le texte de Seurat intitulé Ma méthodeet dans le livre de Signac : D'Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, paru en 1899 à la Revue blanche. Comme on l'a vu plus haut, c'est de...
  • NÉO-IMPRESSIONNISME

    • Écrit par Pierre GEORGEL
    • 1 311 mots
    • 8 médias

    Mouvement dont l'activité s'affirme avec le plus de cohérence entre 1885 et 1890 environ, et dont Seurat, Signac, Cross, Angrand et Camille Pissarro sont, en France, les principaux représentants. Le néo-impressionnisme se définit d'abord, comme son nom l'indique, par rapport à l'impressionnisme...

  • VAN GOGH VINCENT (1853-1890)

    • Écrit par Robert FOHR
    • 2 689 mots
    • 5 médias
    ...particulier Seurat et Pissarro, ainsi que Gauguin. Dans la boutique du célèbre Père Tanguy, enfin, sous l'égide des œuvres de Cézanne, il se lie d'amitié avec Signac. Son art enregistre alors des progrès très rapides : dans un premier temps, l'admiration qu'il voue au Marseillais Monticelli, mort en 1886, l'amène...

Voir aussi