IRANHistoire et politique
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Nom officiel | République islamique d'Iran (IR) |
Autorité politique et religieuse suprême | Guide de la révolution : Ali Khamenei (depuis le 4 juin 1989) |
Chef de l'État et du gouvernement | Ebrahim Raïssi (depuis le 3 août 2021) |
Capitale | Téhéran |
Langue officielle | persan (farsi) |
La République islamique
Une phase d'adaptation
Le 31 mars 1979, un référendum approuve à 98 % des votants l'institution de la République islamique, mais les abstentions ont été nombreuses parmi les Kurdes, les Turkmènes, les milieux de gauche et les classes moyennes. Le gouvernement de Mehdi Bazargan doit faire face à de graves problèmes politiques : ralliement de l'armée, durement éprouvée par les exécutions, limitation des excès des tribunaux islamiques, dissensions parmi les triomphateurs car les partis de gauche, écartés du pouvoir, se méfient de l'intégrisme des milieux shi'ites, mouvements autonomistes en Azerbaïdjan, au Kurdistan, en pays turkmène et dans les régions arabes du Sud ou du Khouzistan. Les problèmes économiques ne sont pas moindres : remise en route des diverses activités, discussions serrées avec les ouvriers d'Abadan, fortement politisés, reconsidération des plans d'investissement et d'équipement. De nombreux contrats sont annulés, en particulier, ceux qui concernent l'énergie nucléaire. Les rapports avec les États-Unis sont tendus, les relations diplomatiques avec Israël rompues ; en revanche, l'Organisation de libération de la Palestine est reconnue et Yasser Arafat reçoit à Téhéran un accueil enthousiaste. Le gouvernement iranien met fin à l'activité du consortium pétrolier international et entend gérer lui-même l'exploitation et l'exportation de son pétrole ; en juin 1979 sont nationalisées les banques, les compagnies d'assurances et les principales sociétés industrielles.
Cependant les milieux laïques s'inquiètent des excès des partisans du renouveau de l'islam qui imposent des mesures restrictives touchant certaines catégories d'individus, les femmes par exemple, ou certaines activités, notamment en cherchant à contrôler les principaux journaux. Au sein même des milieux religieux un clivage apparaît entre éléments intégristes, partisans de l'ayatollah Khomeyni, rassemblés dans le Parti de la République islamique dirigé par l'ayatollah Behechtī, et éléments progressistes qui suivent l'ayatollah Taleghani et sont proches des groupes de gauche tels les Moudjahidin-e Khalq et le Front national démocratique animé par le fils du Dr Mossadegh. Des attentats visant des religieux intégristes créent un climat tendu, aggravé par les revendications des ouvriers, conscients du rôle qu'ils ont joué dans la révolution, conscients aussi de la place qu'ils tiennent dans la vie économique du pays.
En attendant qu'une nouvelle constitution soit élaborée, l'imam Khomeyni s'attache à détruire les structures du régime impérial pour construire une république totalement islamique en s'appuyant sur la grande majorité des chefs religieux shi'ites, sur les « gardiens de la révolution » (pāsdārān, ou milice armée) et sur une grande partie de la population proprement iranienne, soit que celle-ci ait souffert du régime précédent, soit qu'elle ait participé à la lutte et aspiré à un nouvel ordre social et moral, soit encore qu'elle ne connaisse que les mots d'ordre des ayatollahs. Les partis modérés laïques ou religieux et les partisans de gauche pencheraient pour un régime démocratique, parlementaire et laïque, mais ils ne peuvent s'exprimer ou se taisent volontairement. Le gouvernement Bazargan navigue à vue entre un pouvoir islamique inconditionnel et un réformisme prudent qui n'ose pas dire son nom, mais surtout il manque d'autorité face à l'imam Khomeyni, au Conseil de la révolution installé à Qom et à quelques groupes de pression comme les « étudiants islamiques », qui en fait décident de la politique générale et de ses applications pratiques, y compris les excès dans la répression. La mort soudaine de l'ayatollah Taleghani (sept. 1979) enlève aux modérés le leader qui pouvait tenter d'infléchir le régime ; celui-ci a été conforté par les élections à l'Assemblée constituante où les représentants religieux favorables au Parti républicain islamique de Khomeyni emportent 75 % des sièges ; il est vrai que les modérés, les partis de gauche et les dirigeants des minorités ethniques avaient appelé au boycottage de ces élections.
La perspective d'une Constitution autoritaire et centralisatrice conduit les Kurdes à se rebeller : le pouvoir engage à fond l'armée contre eux [...]
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Écrit par :
- Christian BROMBERGER : professeur d'anthropologie à l'université d'Aix-Marseille, ancien directeur de l'Institut français de recherche en Iran
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
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Pour citer l’article
Christian BROMBERGER, Robert MANTRAN, « IRAN - Histoire et politique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 24 janvier 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/iran-histoire-et-politique/