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HÉRACLITE (VIe-Ve s. av. J.-C.)

Correspondances entre le monde et l'homme

Dans ce cadre se laissent facilement lire les couples contrariés sur lesquels s'articule la cosmologie héraclitéenne. Au commencement, un être primordial au nom du Feu s'échange contre la Mer, et la Mer à son tour s'échange, mi-partie contre la Terre, mi-partie contre un élément que désigne le mot de Praester, au sens vraisemblable d'une atmosphère chargée de vapeurs plus ou moins humides ou sèches et inflammables. Entre ces trois (ou quatre) éléments s'établit un équilibre avec compensation dans les échanges. La « juste proportion » dont le respect assure la pérennité de l'ordre porte le nom de Logos. Les trois ensemble équilibreraient la réserve primordiale du Feu. Ainsi vit et meurt à perpétuité un monde, sous la menace d'un Incendie qui consumerait tout ; et peut-être en effet le consumera-t-il au retour d'une grande année. Mais le point est sujet à controverse. Mieux vaut croire, sans doute, que tantôt l'un, tantôt l'autre l'emporte, au rythme des jours, des nuits et des saisons (DK 30). On peut représenter le monde dans le schéma suivant :

au commencement : Feu et ensuite : Mer → Praester Feu devant Mer

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{ Mer → Terreavec aller et retour (DK 31).

Le même schéma enfermerait une anthropologie, pourvu qu'on opère une substitution de mots. Le Feu s'appelle alors une Psyché (âme). Cette « âme » s'échangerait contre le principe liquide de la « semence », et la semence à son tour se partagerait en « âme-souffle » et en « corps », avec des parties plus ou moins dures et molles, selon la proportion des éléments terreux, liquides ou ignés. Les justes proportions entre les parties, la juste balance de toutes les parties contre l'âme assurent la durée d'un « anthropos » toujours en train de vivre et de mourir. Il appartient à l'âme-souffle de se maintenir plus sèche ou plus humide. L'âme la plus sèche est dite la meilleure, parce qu'elle est mieux disposée, sans doute, à s'échapper en souffle et en flamme (DK 118).

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Paris, ancien professeur à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Clémence RAMNOUX. HÉRACLITE (VIe-Ve s. av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Héraclite - Éphèse (Asie mineure) - crédits : AKG-images

Héraclite - Éphèse (Asie mineure)

Héraclite - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Héraclite

Autres références

  • FRAGMENTS, Héraclite - Fiche de lecture

    • Écrit par Francis WYBRANDS
    • 788 mots
    • 1 média

    De l'œuvre d'Héraclite (vie s.-ve s. av. J.-C.), il ne reste environ que quelque 130 fragments connus grâce à ceux qui, de Platon à Albert le Grand (xiiie siècle) en passant bien sûr par Diogène Laërce, le citèrent et le commentèrent, avant qu'Hermann Diels en donne une première édition...

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    Dès l'Antiquité, on a pris l'habitude de faire donner la réplique à Parménide par un philosophe non moins exemplaire, Héraclite (env. 540-460). À la contestation parménidienne de la réalité ontologique du mouvement, on oppose volontiers la théorie héraclitéenne de la mobilité universelle, qui fait...
  • CULTURE - Nature et culture

    • Écrit par Françoise ARMENGAUD
    • 7 892 mots
    • 2 médias
    ...nature et de la culture, il peut y avoir un rapport d'imitation – « l'art imite la nature » – et de prolongement – l'art prolonge et parachève la nature. Héraclite est un bon représentant d'une philosophie de la nature associée à une doctrine mimétique : « La vraie sagesse est de parler et d'agir...
  • DEVENIR

    • Écrit par Jacques d' HONDT
    • 3 142 mots
    Certes, au départ de la philosophie occidentale, Héraclite s'est fait le philosophe du devenir : « Tout coule, proclamait-il, l'homme ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ! » La notion du devenir connaîtra beaucoup plus tard, au xixe siècle, une élaboration abstraite très...
  • DIALECTIQUE

    • Écrit par Étienne BALIBAR, Pierre MACHEREY
    • 8 037 mots
    • 2 médias
    Héraclite est connu pour avoir élaboré une théorie du devenir (Diels, fragments 49a et 91) fondée sur l'idée de contrariété ; à l'origine de toute chose, il y a un conflit, une guerre (53, 80) ; mais aussi tout est un (50) et de la contrariété naît un accord, une harmonie (8) qui correspond à la...
  • Afficher les 20 références

Voir aussi