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KLIMT GUSTAV (1862-1918)

L'art de cultiver son jardin

Nombreux sont les critiques qui estiment que, dans la dernière période de sa vie, à partir de 1909-1910, la peinture de Klimt serait devenue purement hédoniste. Le jugement mérite d'être nuancé. Si l'artiste quitte la Sécession et abandonne ses illusions concernant la capacité de l'art à transformer la société, il ne renonce pas pour autant aux recherches picturales. Il peint essentiellement des paysages et des portraits, dans une palette plus riche et plus éclatante, jouant de la saturation colorée de l'espace et de la vibration de la touche, ou encore de l'alignement de la figure et du décor. Parallèlement, il dessine énormément. Ce ne sont plus simplement des esquisses préparatoires mais des nus d'une grande liberté, saisis dans une pose rapide, rendus avec un trait fébrile.

<it>Rosiers sous les arbres</it>, G. Klimt - crédits : Pierce Archive LLC/ Buyenlarge/ Getty Images

Rosiers sous les arbres, G. Klimt

Klimt a peint des paysages dès 1901, sur des toiles de format carré et selon un cadrage inusité : fragment de forêt, surface d'un lac perçu en vision rapprochée, qui donnent au spectateur l'impression d'être de plain-pied dans le motif. À partir de 1905, et surtout 1909, il subit l'influence de la peinture française, s'inspirant de Monet, Seurat, Van Gogh et Bonnard. À côté de paysages plus construits (Attersee, son lieu de résidence estivale, ou les lacs italiens), il expérimente une nouvelle version du néo-impressionnisme en recourant à une touche fragmentée, dispersée et rapide afin de restituer le vitalisme de la nature. Cette technique très particulière le conduira aux confins de l'abstraction avec Le Parc, (1910, MoMA, New York), anticipant ainsi sur les recherches menées par les artistes américains du colourfield et du all over.

Si, à la fin de sa vie, Klimt préférait le spectacle de la nature à l'agitation des hommes et des idées, il n'avait perdu ni son sens de l'humour ni son goût de la dérision. Ainsi, en 1916, en pleine guerre, il peignit le portrait de Friedericke Maria Beer(Museum of Art, Tel Aviv). Le modèle, immobile dans un costume bariolé, semble une figurine de porcelaine tandis que, tout autour, dévorant l'espace de la toile, des soldats chinois (copiés d'une étoffe) se livrent à un combat burlesque.

L'artiste mourut le 6  février 1918 à l'âge de cinquante-six ans, des suites d'une hémorragie cérébrale.

— Yves KOBRY

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Classification

Pour citer cet article

Yves KOBRY. KLIMT GUSTAV (1862-1918) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

L'Attente, G. Klimt - crédits : MAK-Österreichisches Museum für angewandte Kunst, Vienne

L'Attente, G. Klimt

<it>Portrait d'Émilie Flöge</it>, G. Klimt - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait d'Émilie Flöge, G. Klimt

<it>Le Baiser</it>, G. Klimt - crédits :  Bridgeman Images

Le Baiser, G. Klimt

Autres références

  • ART NOUVEAU

    • Écrit par Françoise AUBRY
    • 8 824 mots
    • 23 médias
    ...1897, le conseil municipal de Vienne accorde un terrain à la nouvelle association d'artistes, connue sous le nom de Sécession, présidée par le peintre Gustav Klimt et née de la scission du Kunstlerhaus. Dans le pavillon d'exposition à édifier, J. M. Olbrich voulait transmettre un sentiment de pure...
  • GORGONE, iconographie

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 1 064 mots
    • 3 médias

    Des trois sœurs appelées Gorgones, Euryalé, Sthéno et Méduse, la dernière, seule à être mortelle, est la plus fameuse en raison de son pouvoir de pétrifier les humains qui rencontrent son regard et de sa fin tragique. C'est presque toujours Méduse qui apparaît figurée, dès l'époque grecque...

  • HODLER FERDINAND (1853-1918)

    • Écrit par Universalis, Pierre GEORGEL
    • 1 624 mots
    • 3 médias
    ...peintres, il doit sa volonté expressionniste et son réalisme incisif, deux éléments absents de l'art de Puvis et qui apparentent Hodler à un artiste comme Klimt dont il n'a pourtant pas la sensualité. On ne trouve pas, en effet, chez Hodler cette idée, chère à Klimt et à la plupart des artistes « Art nouveau...
  • KOKOSCHKA OSKAR (1886-1980)

    • Écrit par Marina VANCI-PERAHIM
    • 1 347 mots
    Le monde de la peinture est alors marqué par la sécession de Klimt et du groupe qui l'entoure. « À tout temps, son art ; à tout art, sa liberté », proclamait Klimt, qui, en respectant la bidimensionalité du support, conférait une nouvelle valeur à la ligne et à la couleur.
  • Afficher les 7 références

Voir aussi