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ROSSINI GIOACCHINO (1792-1868)

Le silence

Sur les causes de son silence, on se perd aujourd'hui encore en suppositions. Pourquoi ce fameux rifiuto ? Pour les uns, sa paresse légendaire serait à l'origine de cette attitude. C'est peu probable. Pour les autres, l'hostilité et les bouderies parisiennes à l'égard de son œuvre, comme le succès de Meyerbeer, l'incitèrent au silence, ce qui paraît plausible.

Retiré dans sa maison de Passy, il s'adonne à la composition de pages instrumentales et religieuses. Le démon du voyage le reprend : en 1836, il est à Milan ; puis il se fixe à Bologne où il est nommé président honoraire du Liceo Musicale. Il y réforme l'enseignement de la musique mais doit abandonner ses fonctions en 1848 : la révolution le chasse à Florence. Deux ans plus tôt, il a épousé, en secondes noces, Olympia Descuilliers. En 1855, de retour à Paris, il devient le centre de la vie artistique de la capitale : son autorité, son sens critique acerbe, mais lucide (n'avait-il pas qualifié Offenbach de « petit Mozart des Champs-Élysées »), font graviter autour de lui une vie musicale trépidante. Les Péchés de ma vieillesse, pages instrumentales (essentiellement pour piano) et vocales (1857-1868) constituent le meilleur témoignage de cet ultime acte de la vie de Rossini : pastiches ironiques, satires ou portraits caricaturés portent la marque indélébile de l'auteur du Barbier, son sens inné de la mélodie et du raffinement.

Au cours de ses voyages, il avait écrit plusieurs recueils de mélodies dont les Soirées musicales, où l'on retrouve la fameuse Danza, sur des thèmes napolitains (1835), et la Regata Veneziana (1857). Le Duetto bouffe pour deux chats vit le jour dans le même contexte. Mais c'est dans le domaine religieux qu'il livre les pages les plus marquantes de cette dernière période : le Stabat Mater (1831-1842), commande de l'archidiacre de Madrid, don Manuel Varela, et la Petite Messe solennelle (1864) dans laquelle il substitue à l'orchestre traditionnel deux pianos et un harmonium, dépouillant volontairement l'instrumentation au profit d'une écriture vocale où l'inspiration religieuse est indéniable, bien qu'elle fasse la part à certains effets dont le brillant convient peut-être mieux à la scène qu'à l'église. « Peu de science, un peu de cœur, tout est là. Sois donc béni et accorde-moi le Paradis », écrivait-il à propos de cette messe qui demeure son testament musical.

— Jean-Louis CAUSSOU

— Alain PÂRIS

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Pour citer cet article

Jean-Louis CAUSSOU et Alain PÂRIS. ROSSINI GIOACCHINO (1792-1868) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Gioacchino Rossini - crédits : Photos.com/ Thinkstock

Gioacchino Rossini

Autres références

  • LE BARBIER DE SÉVILLE (G. Rossini)

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 210 mots
    • 1 média

    Le 20 février 1816, au Teatro Argentina de Rome, la création du Barbier de Séville, opéra bouffe (commedia) en deux actes de Gioacchino Rossini sur un livret de Cesare Sterbini d'après Beaumarchais, est un four. Et pourtant, l'œuvre passera à la postérité non seulement comme la plus populaire...

  • ALBONI MARIETTA (1826-1894)

    • Écrit par Universalis
    • 320 mots

    La contralto italienne Marietta Alboni, née le 6 mars 1823 à Città di Castello, dans les États pontificaux (auj. en Italie), est réputée pour sa maîtrise du bel canto italien classique.

    Maria Anna Marzia Alboni étudie le chant lyrique à Bologne lorsqu'elle attire l'attention de ...

  • BARTOLI CECILIA (1966- )

    • Écrit par Michel PAROUTY
    • 1 464 mots
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    ...Longtemps, Silvana l'écoutera attentivement, et demeurera sa plus fidèle conseillère. C'est elle qui a fait découvrir à la toute jeune fille Mozart et Rossini, qui formeront la base de son répertoire. C'est elle aussi qui lui a forgé cette technique ahurissante, qui lui permet de vaincre les vocalises...
  • BEL CANTO

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    • 2 752 mots
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    Avec Mozart et contre Gluck,le compositeur de Tancredi, féru de chant, proclame l'assujettissement des mots à la musique et le refus de paraphraser de manière imitative les sentiments du texte théâtral, posant du même coup le principe d'un chant expressif, dédaigneux des effets extérieurs de l'émotion...
  • Duo des chats, ROSSINI (Gioacchino)

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 566 mots
    Enfant prodige - à vingt ans, il a déjà écrit sept ouvrages lyriques -, Rossini s'impose véritablement dans tous les genres de l'opéra à partir de Tancrède (1813). Jusqu'à l'âge de trente-sept ans, il accumule les succès : L'Italienne à Alger (1813), Elizabeth, reine...
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Voir aussi