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BARTOLI CECILIA (1966- )

Comment Cecilia Bartoli est-elle devenue l'une des cantatrices les plus aimées de son époque, et l'une des plus populaires ? Elle-même avoue sans la moindre hésitation qu'elle n'aurait jamais pensé que sa carrière prendrait une telle tournure, et se développerait si vite. Peu nombreuses, en effet, sont celles et ceux qui ont pu franchir le cercle restreint des mélomanes pour s'imposer auprès d'un très vaste public, et cela sans faire la moindre concession, avec des choix de répertoire exigeants et la ferme volonté, malgré les pressions, de ne pas céder à l'appel du crossover, ce « croisement des genres » qui amène des artistes dits « classiques » à faire quelques pas dans le domaine de la chanson ou de la pop music.

Au service de l'œuvre

Il est relativement facile, lorsque l'on est Italienne et si l'on en a le goût et les moyens vocaux, de se faire un nom dans l'opéra, surtout dans un pays qui a longtemps considéré que, hors du xixe siècle, il n'y avait point de salut, et où Verdi et Puccini restent les favoris des amateurs. La mezzo-soprano Cecilia Bartoli, elle, affiche clairement sa passion pour la fin du baroque, le classicisme et le bel canto des premières décennies du xixe siècle, qui correspondent le mieux à ses possibilités, ainsi que sa volonté de faire renaître, lorsqu'elle le peut, des ouvrages négligés, voire oubliés – ce fut le cas lorsqu'elle reprit, à l'Opéra de Zurich, Nina, o sia La pazza per amore de Giovanni Paisiello, qui lui valut un triomphe en 1998. Le monde lyrique du xviiie siècle la séduit, qui, au contraire du romantisme, n'a pas peur de montrer les sentiments humains dans leur nudité et leur violence.

Chacun de ses disques-récitals résulte de recherches minutieuses accomplies aux côtés de musicologues renommés, comme en témoigne Mission, consacré à Agostino Steffani, musicien baroque oublié. Se mettre au service des compositeurs : tel est le credo artistique de Cecilia Bartoli, elle s'y tient avec une probité qui mérite le respect. Voilà à quoi lui sert sa notoriété, alors que beaucoup se contenteraient de poursuivre un succès éphémère ou lucratif.

Il ne faut pas voir dans son ascension le moindre mystère, mais le seul résultat d'un travail acharné, joint à un charisme évident qui fait que, dès qu'elle entre en scène, s'établit avec les spectateurs un contact chaleureux et immédiat. Cecilia Bartoli a beau être une immense vedette, dont certains disques se sont vendus par centaines de milliers d'exemplaires – comme son récital consacré à Antonio Vivaldi (The Vivaldi Album) –, elle a su rester simple et accueillante, souriante et spontanée à la scène comme elle l'est à la ville. Au quotidien ? Elle aime flâner, aller sur les marchés, chez les antiquaires, regarder la télévision, et savourer la cuisine italienne. Tout en protégeant jalousement sa vie privée. Cantatrice d'aujourd'hui, elle est le modèle de l'anti-diva.

Cecilia Bartoli a travaillé avec les plus grands chefs et notamment avec Nikolaus Harnoncourt, qui lui a révélé les beautés des musiques anciennes et l'a convaincue d'aller vers elles. À ses côtés, ou avec Christopher Hogwood, elle a chanté Haendel et Haydn. Stylistiquement, aucun reproche ne peut lui être adressé, tant ses connaissances musicales sont réelles et profondes. Elles lui ont permis de mener à bien des projets parfaitement construits autour de pans oubliés de la musique classique, comme l’œuvre de Salieri (2003). Cecilia Bartoli a également donné de nombreux enregistrements de ses auteurs de prédilection, Vivaldi et Rossini.

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Pour citer cet article

Michel PAROUTY. BARTOLI CECILIA (1966- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Cecilia Bartoli dans le rôle-tire de <it>La Cenerentola</it>, de Rossini - crédits : N. Stauss/ AKG-images

Cecilia Bartoli dans le rôle-tire de La Cenerentola, de Rossini

Autres références

  • RAEBURN CHRISTOPHER (1928-2009)

    • Écrit par Universalis
    • 642 mots

    Le producteur britannique de disques classiques Christopher Raeburn contribuera, avec les producteurs John Culshaw, Erik Smith et Ray Minshull, et avec l'ingénieur du son James Lock, à façonner le « son Decca ». Christopher Walter Raeburn naît à Londres, le 31 juillet 1928. Il étudie l'histoire au Worcester...

Voir aussi