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GÉOLOGIE Histoire

La Renaissance

De 1350 à 1480, on assiste à une stagnation, sinon à un recul. Vers 1500, Léonard de Vinci (1452-1519) confie à ses « carnets » manuscrits des observations et des idées d'une stupéfiante modernité sur la sédimentation, la fossilisation, etc. Il réfute avec une ironie mordante l'explication des fossiles par le Déluge, devenue courante, et par la génération spontanée, qui allait prendre un grand poids. Peu enclin aux théories (bien qu'il répercute Buridan à travers Albert de Saxe), c'est un homme de terrain, un observateur d'une extraordinaire lucidité : cent cinquante ans avant Sténon, le premier vrai géologue. Un autre grand nom de la Renaissance est Bernard Palissy (1510-1590), ennemi du rôle géologique du Déluge, au point de refuser tout ancien séjour des mers sur nos terres (il postule de peu crédibles « réceptacles » d'eau salée dans le sol). Passionné par l'étude de la nature et notamment des fossiles, il parle en pionnier lorsqu'il reconnaît parmi ceux-ci des formes tropicales, et d'autres aujourd'hui éteintes (nos hippurites, ammonites, etc.). Le troisième auteur majeur est Agricola (Georg Bauer, 1494-1555), humaniste donnant ses lettres de noblesse à la pratique minière saxonne, par plusieurs volumes d'intérêt durable, surtout l'admirable De re metallica (1556), dont les nombreuses gravures en font un irremplaçable « musée technologique ». Sur un plan différent, entre 1550 et (en gros) 1660, des musées proprement dits sont constitués, surtout en Italie, polyvalents, mais comportant toujours une section d'objets du sous-sol, notamment de fossiles. On s'ingénie à les figurer et à les commenter dans de luxueux ouvrages, sans grande valeur scientifique, mais qui éveillent l'intérêt du public pour ces étonnantes reliques. Au total, la Renaissance, grâce à l'imprimerie et à un enthousiasme général, amasse, figure et décrit en vrac la nature, de façon prolixe, sans beaucoup interpréter. Notons à ce propos qu'il est historiquement erroné de prétendre que l'Église interdisait de voir dans les fossiles d'anciens êtres marins, ou qu'elle imposait leur explication par le Déluge.

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Pour citer cet article

François ELLENBERGER. GÉOLOGIE - Histoire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Georges Cuvier et la paléontologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Georges Cuvier et la paléontologie

Carte géognostique des environs de Paris - crédits : Coll. Eric Buffetaut

Carte géognostique des environs de Paris

Élie de Beaumont - crédits : Archives Société géologique de France

Élie de Beaumont

Autres références

  • TERRE - Planète Terre

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Jean KOVALEVSKY
    • 9 225 mots
    • 9 médias
    La densité des roches superficielles, égale à 2,7, très différente de celle de la Terre dans son ensemble, égale à 5,52, a conduit à conjecturer une composition variant avec la profondeur. En combinant la nature surtout granitique des roches de surface, celle, surtout basaltique, des roches issues des...
  • ACTUALISME ET CATASTROPHISME

    • Écrit par Florence DANIEL
    • 2 440 mots
    • 1 média

    La géologie est une science qui a pour objet l'étude de la Terre et de son histoire. La reconstitution du passé de notre globe nécessite, à partir de l'étude de traces anciennes, l'élaboration d'hypothèses qui sont notamment fondées sur le principe des causes actuelles....

  • ÂGE DE LA TERRE

    • Écrit par Pascal RICHET
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    • 5 médias
    ...coquillages ou poissons se pétrifiaient et d’énoncer qu’ils le faisaient au sein de sédiments déposés horizontalement au fond des lacs et des mers. Et l’empilement de leurs strates révélait l’ordre de leur dépôt, reconnut Sténon en marquant véritablement la naissance de la géologie : reconstituer le...
  • ÂGE ET PÉRIODE

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
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    ...terrasses alluviales de la Somme, de nombreux outils de silex prouvant la très grande ancienneté de l'homme (plusieurs centaines de milliers d'années). Ainsi, l'émergence de la préhistoire s'effectue de concert avec celle de la géologie, de ses strates, de ses fossiles, et donc de ses ères successives...
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