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GENÈVE

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La Genève d’aujourd’hui

Une ville internationale

Il est de bon ton de célébrer Genève, dans les enceintes politiques et sur les brochures touristiques, comme une des capitales du monde. Certes, le monde en tant que tel n’a pas de capitale ; mais il est des villes, parfois appelées « villes globales » ou « villes mondiales », qui comptent dans la gouvernance mondiale, principalement en raison du rôle qu’elles jouent dans le milieu des affaires. Genève n’a pas la taille requise : avec moins de 500 000 habitants agglomérés, moins d’un million dans une acception large et transfrontalière, la ville est de taille très modeste comparée à nombre d’agglomérations européennes. Elle n’abrite pas non plus de nombreux sièges sociaux d’entreprises multinationales, ni ne joue le rôle de centre décisionnel important en matière économique, en dehors du commerce de matières premières. En revanche, elle joue un rôle majeur dans le domaine des relations interétatiques, avec le second siège de l’ONU après New York, le siège de nombreuses organisations intergouvernementales (Organisation internationale du travail, Organisation mondiale de la santé, Organisation mondiale du commerce, etc.) et l’organisation de nombreuses conférences ; elle abrite aussi dans ses murs ou à proximité d’autres organisations de portée mondiale comme le Comité international de la Croix-Rouge, ou encore, dans ses environs, le World Wildlife Fund (WWF), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et de nombreuses fédérations sportives internationales. À cela s’ajoute un centre de recherche de portée mondiale, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), dont les travaux portent aussi sur l’informatique (le World Wide Web y a été conçu en 1990). Genève dispose également d’une université, certes de taille moyenne comme toutes les universités suisses (environ 18 000 étudiants), mais dont une forte proportion des collaborateurs et des étudiants sont de nationalité étrangère : elle est, avec celle de Zurich et les deux écoles polytechniques fédérales de Lausanne et de Zurich, régulièrement classée en tête des établissements les plus internationaux du monde.

Un patchwork multinational

Ces diverses activités font donc de Genève une ville très internationale. Ce caractère se mesure aussi à sa population. On dénombrait au milieu des années 2010 plus de 40 p. 100 d’étrangers dans le canton, et plus de 48 p. 100 dans la ville de Genève. Cette proportion reste stable malgré le nombre important de naturalisations ces dernières années (plus de 6 000 par an en moyenne depuis 2015, contre 1 500 au début de la décennie). À vrai dire, cette importante proportion d’étrangers ne s’explique qu’en partie par le nombre de fonctionnaires internationaux et d’employés d’ONG de portée mondiale, qui sont moins de 30 000. Une partie importante des étrangers appartient à une immigration de travail plus ordinaire : la population du canton de Genève compte des dizaines de milliers de ressortissants européens venus du Portugal, d’Espagne et d’Italie depuis la Seconde Guerre mondiale pour contribuer au développement économique spectaculaire de la ville.

À cette immigration ordinaire s’est ajoutée celle de ressortissants de régions d’Europe, le Kosovo notamment, et du Moyen-Orient ayant traversé de graves crises politiques depuis le début du xxie siècle, mais aussi des Français (environ 30 000 avec une forte progression depuis 2000) venus tirer avantage, aux portes de leur pays d’origine, d’opportunités professionnelles et d’un cadre de vie appréciés ainsi que, pour une poignée d’entre eux, d’un régime fiscal favorable aux grandes fortunes. Ce patchwork multinational ne fait pourtant pas de Genève une ville véritablement cosmopolite dans laquelle la pluralité des appartenances culturelles serait fortement valorisée[...]

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Pour citer cet article

Bernard DEBARBIEUX, Encyclopædia Universalis, Paul GUICHONNET et Patrick PIGEON. GENÈVE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Médias

Suisse : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Suisse : carte administrative

Le Rhône et le centre-ville de Genève - crédits : AleksandarGeorgiev/ Getty Images

Le Rhône et le centre-ville de Genève

Jean Calvin - crédits : Imagno/ Getty Images

Jean Calvin

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Aménagement des sites

    • Écrit par et
    • 5 946 mots
    • 3 médias
    Le plan proposé au visiteur instruit par la lecture du guide Genève aux premiers temps chrétiens reste très complexe. Il est en fait le résultat d'une recherche exhaustive rendue possible par la fixation des fondations de l'église au sol dur sous-jacent au moyen de centaines de micropieux et...
  • BÈZE THÉODORE DE (1519-1605)

    • Écrit par
    • 505 mots

    Successeur de Calvin et guide des huguenots lors des guerres de religion. Fils d'un bailli bourguignon, Théodore de Bèze mène d'abord, après des études juridiques à Orléans et à Paris, une vie de dilettante et de poète. Sa conversion et sa fuite à Genève (1548) lui permettent...

  • CALVIN JEAN (1509-1564)

    • Écrit par et
    • 5 330 mots
    • 3 médias
    ...études. La route directe de Paris en Alsace, par la Champagne, étant fermée par les guerres, il fut obligé de faire un détour par la Suisse. Arrivé à Genève, il pensait n'y passer qu'une nuit. Mais, sa présence ayant été signalée, il reçut à l'auberge la visite de Guillaume Farel...
  • DUFOUR GUILLAUME HENRI (1787-1875)

    • Écrit par
    • 450 mots

    Né à Constance, d'une très ancienne famille genevoise, Dufour est admis, après le rattachement de Genève à la France, à l'École polytechnique de Paris (1807-1809), puis à l'École du génie de Metz, d'où il sort premier de sa promotion. De 1810 à 1813, il fortifie l'île de Corfou et la défend...

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