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FRANCE (Histoire et institutions) Le temps des révolutions

Consolider la Révolution (1830-1848)

La Révolution de juillet 1830 sembla rejouer celle de 1789. Se souvenant de la faiblesse de caractère de son frère Louis XVI, Charles X voulut frapper durement l'opposition libérale qui se manifestait à la Chambre des députés. Les Trois Glorieuses (27-29 juillet) qui en résultèrent opposèrent ainsi le roi sacré qui désirait l'absolutisme, d'un côté, et le peuple de Paris, son drapeau bleu-blanc-rouge et sa lutte pour la liberté, de l'autre. Que la colonne de Juillet, commémorant l'événement de 1830, se situe à Paris sur la place de cette Bastille prise le 14 juillet 1789 est, de ce point de vue, parfaitement cohérent.

Née dans ces conditions, la monarchie de Juillet (1830-1848) fut ainsi toujours considérée par rapport à la Révolution française. À sa tête se trouvait le fils de Philippe Égalité, le propre cousin de Louis XVI qui avait voté la mort du roi en 1793 seulement. Louis-Philippe Ier se présentait comme ancien combattant de Valmy ; il rétablit le drapeau tricolore et, héritier fidèle de la conception de la souveraineté nationale, fut désigné comme « roi des Français », placé là où il était en raison d'un contrat passé entre lui et la nation – en fait, la Charte révisée. La monarchie de Juillet prétendit réconcilier toutes les mémoires de la nation, unir enfin l'Ancien Régime et la Révolution – ce dont témoignèrent de multiples réalisations symboliques, depuis la création de la place de la Concorde, sur laquelle l'obélisque de Louxor fut dressé en 1836, au retour à Paris des cendres de Napoléon (1840) en passant par l'inauguration (1837), au musée de Versailles, d'une galerie des Batailles célébrant tous les faits d'armes français, de Tolbiac à Wagram. Cela dit, Louis-Philippe de même que son principal ministre, François Guizot, demeuraient fidèles à la tradition d'une distinction entre citoyens actifs et passifs – au motif qu'exercer le droit de vote nécessitait de savoir faire usage de sa raison, ce dont seule une minorité de citoyens, d'après eux, était capable : la Révolution n'avait-elle pas prouvé, en 1793, que le suffrage universel allait de pair avec la démagogie et, finalement, le despotisme ? La Chambre des députés était donc élue au suffrage censitaire, par 250 000 électeurs seulement à la fin du règne du « roi des Français ». À ceux qui voulaient voter et qui ne le pouvaient pas, Guizot répliquait : « Enrichissez-vous ! »

La Révolution de 1848 découla directement de cette insatisfaction d'une partie de la population privée de droit de vote aux élections nationales. En février 1848, la chute de Louis-Philippe Ier s'accompagna de la promulgation du suffrage universel en France, qu'aucun régime, par la suite, n'osa supprimer officiellement. Le corps électoral passait brutalement à neuf millions d'hommes, dans le cadre d'une IIe République chargée de tenir les promesses de la Première. On décréta à nouveau ainsi l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises (1848), déjà promulguée en 1794, mais sur laquelle le Consulat, en 1802, était revenu – ce qui était aussi un des éléments du dossier à charge des républicains contre Napoléon.

La IIe République (1848-1851), pourtant, fut ambiguë dès la première année de son existence. Les journées de juin 1848 virent s'opérer, avec la répression des manifestations ouvrières parisiennes sur ordre de la première assemblée jamais élue en France au suffrage universel, une cassure entre les républicains et ceux qui prirent la défense du peuple au nom d'idéaux qui n'étaient plus ni la liberté ni le suffrage universel désormais suspects : socialistes, « communistes », bientôt – à partir des années 1870 – « anarchistes ». En décembre 1848, l'élection à la présidence[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire contemporaine à l'université Grenoble Alpes

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Pour citer cet article

Sylvain VENAYRE. FRANCE (Histoire et institutions) - Le temps des révolutions [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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