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FRANCE, archéologie

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Le développement des « sauvetages »

Aux États-Unis, dans les années 1930, se développèrent des programmes d'aménagements gigantesques – par exemple, pour régulariser des fleuves comme le Tennessee. Des archéologues se mirent au travail, firent un nombre important d'observations, récoltant quantité d'objets. En 1935, un ouvrage fut publié, novateur, qui posait les bases d'analyses statistiques. Une politique du sauvetage se définissait.

Dans la plupart des pays voisins de la France, dès l'après-guerre (parfois auparavant), deux types de conduite s'observent. Soit une réglementation stricte mise en œuvre par la loi, soit, à l'inverse, l'engagement d'une série d'opérations préventives : par exemple le recensement des sites qui exigent une intervention des archéologues avant toute atteinte, pouvant aussi conduire à des mesures de protection ou à des modifications des projets d'aménagement. En France, rien de tel.

En fait, l'archéologie de sauvetage est née de « scandales » : face aux intérêts économiques, des archéologues ont entraîné une partie de l'opinion et de la presse ; les pouvoirs publics ont dû prendre position, financer des opérations « lourdes » que n'avait jamais connues l'archéologie française – à quoi s'ajoutaient des indemnités importantes versées aux promoteurs. Les « affaires » de la place de la Bourse à Marseille (constructions de bâtiments publics et privés à l'emplacement du rempart et du port antiques), du parvis Notre-Dame à Paris (parking souterrain) déclenchèrent, à la fin des années 1960, des polémiques désormais célèbres.

Passons sur les contre-exemples. Depuis la fin de la guerre, les opérations de reconstruction, les restructurations agricoles ont causé des dommages immenses que nul n'a observés ou presque. Les progrès réalisés dans le domaine des engins fouisseurs, excavateurs et autres n'ont cessé de rendre plus rapides et plus graves les atteintes portées au sous-sol. Des millions d'hectares ruraux ont été modifiés par les sous-solages qui bouleversent les couches profondes du sol, par la progression des carrières et des gravières, et le centre de nombreuses villes ou agglomérations secondaires a été retourné, en dehors de toute observation archéologique. Ne cherchons pas à dresser la sinistre liste de ces pertes irrémédiables de notre patrimoine.

La fin des années 1960 marque donc les vrais débuts d'une attitude nouvelle à l'égard des sauvetages. L'attention que les pouvoirs publics commencent à porter à ces problèmes se marque par la demande d'un rapport qu'ils confient, en 1974, à Jacques Soustelle. Il faudra cependant encore attendre pour que commence à se mettre en place une politique un peu coordonnée. Divers tableaux le montrent clairement : c'est aux environs des années 1977-1978 que se produisent parallèlement un « décollage » du nombre d'opérations de terrain, un gonflement des effectifs et le début de financements importants qui n'ont, depuis lors, cessé de croître. D'autres graphiques prouvent que ces développements sont liés aux sauvetages, dont la part ne cesse d'augmenter. C'est aussi le moment où la réglementation se modifie.

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Christian GOUDINEAU. FRANCE, archéologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Inventaire archéologique : un exemple pionnier - crédits : Encyclopædia Universalis France

Inventaire archéologique : un exemple pionnier

Jacques Boucher de Perthes - crédits : Science Photo Library/ AKG-images

Jacques Boucher de Perthes

Autres références

  • LA FRANCE ARCHÉOLOGIQUE (dir. J.-P. Demoule)

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    • 800 mots

    Ouvrage collectif, réunissant quelque cent soixante contributeurs sous la direction de Jean-Paul Demoule, alors président de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, La France archéologique. Vingt ans d'aménagements et de découvertes (Hazan-INRAP, Paris) dresse,...

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