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DAVID FILS DE

Titre messianique juif devenu chrétien par le truchement des Évangiles. Il équivaut à « Messie », avec un accent très fort mis sur la royauté. Dans l'Ancien Testament, les grands textes messianiques sont associés à des figures royales ; c'est le cas de l'oracle de Balaam (Nb., xxiv), de la prophétie de Natan (II Sam., vii), du signe de l'Emmanuel (Is., vii), de l'oracle de Bethléem (Mich., v). Plusieurs titres employés par le Nouveau Testament rappellent que Jésus était considéré comme le roi messianique issu de David ; le principal est « fils de David ». On le repère au ~ ier siècle dans les Psaumes de Salomon : « Vois, Seigneur, et suscite-leur leur roi, fils de David » (xvii, 22). La littérature talmudique l'utilise aussi : « À l'issue de la septième année, le fils de David viendra » (Sanhédrin, 97 a). Les évangélistes l'ont employé, la plupart du temps en liaison avec des formules de supplication qui reflètent nettement son usage liturgique au sein des premiers groupes chrétiens — et ceci presque exclusivement chez Matthieu : « Aie pitié de nous », ou : « de moi » (ix, 27 ; xv, 22 ; xx, 30) ; « Hosanna au fils de David » (xxi, 9, 15). Si l'on en croit Marcxii, 35-37 (ainsi que les parallèles synoptiques), Jésus semble avoir émis de sérieuses réserves quant à la véritable valeur de ce titre chez ses contemporains, qui probablement le lui imputaient volontiers dans les périodes de ses succès populaires : sa teneur trop nationaliste, dans le contexte politique d'alors, était à la fois dangereuse face à l'occupant romain et inadéquate face aux perspectives universalistes de l'enseignement biblique.

En dehors des Évangiles synoptiques et comme titre messianique, « fils de David » ne se retrouve plus dans le Nouveau Testament ; il a cédé le pas à « fils de Dieu » (de son côté, l'Épître de Barnabé, xii, 10-11, est le témoin direct de ce changement). En revanche, si le titre « fils de David » est absent, la descendance davidique de Jésus est bien soulignée : Romains, i, 3-4 ; Actes, ii, 33-36, etc. Dans l'Église primitive, on proclamait, en effet, comme un dogme que les promesses faites à David par le prophète Natan (II Sam., vii) étaient réalisées en Jésus. Et le Christ n'était plus dit « fils de David », mais « de la race de David ». L'accent était mis dès lors sur l'ascendance davidique et beaucoup moins sur la mission royale. Cet aspect se manifeste brillamment, en Matthieu, tant par la généalogie (« Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham ») que par le récit de la naissance virginale : Jésus (i, 1) et Joseph (i, 20) sont appelés « fils de David » en tant qu'ils sont péremptoirement présentés comme authentiques descendants du fils de Jessé.

— André PAUL

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Pour citer cet article

André PAUL. DAVID FILS DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MESSIANISME

    • Écrit par Henri DESROCHE, Roland GOETSCHEL
    • 7 908 mots
    • 1 média
    Surgi à l'intérieur du peuple à l'époque de la captivité à Babylone, le messianisme juifest caractérisé par la croyance en la venue d'un descendant de David, qui, envoyé par Dieu en vue de délivrer les Juifs du joug des païens, ramènerait les exilés et rétablirait le culte du Temple,...
  • NATHAN

    • Écrit par André PAUL
    • 257 mots

    Le personnage principal qui porte ce nom — abrégé de natan-Yah, « Yahvé a donné » — est le prophète dont, selon la tradition biblique, l'influence fut grande à la cour de David. C'est lui qui adressa au roi de vigoureux reproches lorsque celui-ci fit tuer l'époux de ...

  • SABBATAI TSEVI (1626-1676)

    • Écrit par Bernard DUPUY
    • 4 415 mots
    ...Le dénouement vint d'où on ne l'attendait pas. Bien que Sabbatai eût affirmé que le messie fils de Joseph, dont la venue doit précéder celle du messie fils de David, s'était manifesté en 1648 lors des massacres de Chmielnicki, un débat s'était ouvert en Pologne à ce sujet. Un kabbaliste de Lvov, Nehemiah...
  • SALOMON LIVRES DITS DE

    • Écrit par André PAUL
    • 1 145 mots

    Dans leur ensemble, les livres sapientiaux (Proverbes, Ecclésiaste, Sagesse et Cantique des cantiques) ont été attribués à Salomon. Fiction littéraire, artifice de pseudépigraphie, à la manière dont on avait attribué le Pentateuque à Moïse et les Psaumes à David. La réputation de...

Voir aussi