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ENCEINTES

Les éléments du rempart

Le soin apporté par la collectivité à la construction d'une enceinte est constant ; celle-ci comporte toujours un certain nombre d'aménagements caractéristiques de sa fonction défensive. Les premiers sont les tours dont on fera la typologie. Il en existe deux formes principales : les tours carrées ou quadrangulaires et les tours rondes qui, dans l'architecture grecque au moins, leur sont postérieures. Elles peuvent être pleines ou comporter au rez-de-chaussée une salle munie d'archères pour un tir rasant ; les unes sont plus solides, les autres permettent une meilleure défense contre des assaillants ayant atteint le pied du rempart. La forme carrée est appropriée à la construction en grand appareil et propice à un aménagement intérieur mais engendre des angles morts pour le tir et des angles saillants qui favorisent l'action des béliers et des machines de siège. Les tours polygonales sont une solution intermédiaire entre le plan carré et le plan circulaire. En fait, le meilleur plan est le plan circulaire ou, plus fréquemment encore, semi-circulaire ; les tours rondes sont les plus résistantes et les mieux adaptées à la surveillance. L'espacement normal des tours correspond à la portée des armes de jet.

La courtine est la partie de la muraille comprise entre deux tours ; elle est normalement rectiligne ; mais, pour diminuer le nombre des tours, les architectes militaires prévoient de ménager des crémaillères et des saillants.

Bab al-Yemen à Sanaa, Yémen - crédits : H. Champollion/ AKG-images

Bab al-Yemen à Sanaa, Yémen

L'entrée dans l'espace défendu se fait par une porte dont la défense est toujours assurée avec un soin particulier, jusqu'à en faire une véritable forteresse car elle constitue le point le plus faible du dispositif. Le principe le plus général de la défense des portes est d'obliger l'ennemi à présenter aux coups de la défense son flanc droit, non protégé par le bouclier. Dès le IIIe millénaire, dans les Cyclades, apparaissent des portes en chicane. À l'époque mycénienne, on utilisa le système de la rampe d'accès bordée par un bastion. Des portes doubles puis triples sont construites au IIe millénaire en Asie Mineure et au Proche-Orient. Dans l'architecture grecque et romaine, la solution la plus économique consiste à créer un cheminement défendu par une tour. Le plus simple est d'ouvrir la porte en arrière de la courtine au fond d'un angle rentrant de la muraille. L'angle d'ouverture détermine la formation d'une cour curviligne ouverte vers l'extérieur et au fond de laquelle s'ouvre la porte. Selon l'ouverture de la cour, on distingue la porte « en demi-lune » et la porte « à tenaille » dont la forme est plus proche de l'outil auquel elle doit son nom. Au lieu de s'ouvrir vers l'extérieur, la cour peut être fermée ; on parle alors de porte à cour intérieure. Il faut attendre l' Islam des xie et xiie siècles pour voir la défense des portes progresser par rapport à l'époque romaine : construites dans des bastions, celles-ci sont caractérisées par l'allongement de couloirs d'accès pourvus de nombreux assommoirs et de nombreuses herses. À la même époque, la défense rapprochée des portes est perfectionnée par un dispositif de flanquement mis au point en Espagne, la torre albarrana, tour bâtie en avant de l'enceinte et reliée à elle par une arche. Les poternes sont des ouvertures secondaires étroites qui peuvent faire l'objet de dispositifs de défense tels qu'un tracé biais ou coudé.

La circulation sur le sommet du rempart et sa défense sont assurées par une plate-forme, le chemin de ronde, construit sur le sommet du mur et élargi par un encorbellement. Vers l'extérieur, ce chemin est protégé par un parapet habituellement crénelé, parfois protégé par une toiture. Dans le cas d'architecture de pierre, les créneaux sont découpés[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Provence (Antiquités nationales)

Classification

Pour citer cet article

Philippe LEVEAU. ENCEINTES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Babylone (site archéologique) - crédits : T. Koch/ Shutterstock

Babylone (site archéologique)

Dimini (Thessalie) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dimini (Thessalie)

Jérusalem : la Vieille Ville - crédits : Encyclopædia Universalis France

Jérusalem : la Vieille Ville

Autres références

  • ACROPOLE D'ATHÈNES

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN
    • 8 215 mots
    • 9 médias
    ...où s'établira à l'époque archaïque un nouveau centre politique : l'agora. Qu'abritait cette muraille, sur laquelle se greffait à l'ouest une enceinte basse, dite Pelargicon, comparable à celle de l'acropole de Tirynthe ? L'analogie avec les grands sites mycéniens voudrait que ç'ait été un ...
  • ARCHITECTURE MILITAIRE (Grèce antique)

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN
    • 1 211 mots

    Les ouvrages de défense – remparts, fortins, tours de guet –, dont les vestiges imposants scandent aujourd'hui la solitude des paysages grecs, sont l'autre face, longtemps occultée, d'une architecture dont on n’a longtemps voulu voir que les édifices sacrés. Ces constructions militaires, importantes...

  • BABYLONE

    • Écrit par Guillaume CARDASCIA, Gilbert LAFFORGUE
    • 7 328 mots
    • 14 médias
    ...entourées d'une double muraille (dont les murs ont respectivement 6,50 m et 3,75 m d'épaisseur), complétée par des canaux. À l'est de l'Euphrate, une enceinte plus longue englobe le palais d'Été. Les fouilleurs, opérant sur des bâtiments maintes fois pillés et rongés par les intempéries, ont reconnu...
  • DILBERDJIN TÉPÉ

    • Écrit par Paul BERNARD
    • 1 086 mots

    Important centre urbain de l'antique Bactriane, dans l'Afghanistan septentrional, sur la rive gauche de l'Oxus (Amou-Daria), Dilberdjin Tépé est situé à 40 kilomètres au nord-ouest de Bactres. Son existence est attestée de la fin du ~ iie siècle au ve siècle et couvre la...

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Voir aussi