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ÉLEVAGE

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Élevage et organisation économique et sociale des filières de production-transformation

La progression des phénomènes d’intégration pèse de plus en plus sur l’organisation économique et sociale des activités d’élevage. Aux États-Unis, il est de plus en plus fréquent qu’une même entreprise agro-industrielle contrôle à la fois l’amont (la production d’aliments destinés aux animaux), les activités d’élevage et l’aval (l’abattage, la découpe et la commercialisation des animaux). Ce modèle d’organisation intégré est également de plus en plus représenté en Europe. L’éleveur hors-sol se trouve ainsi placé dans une situation de dépendance vis-à-vis d’entreprises privées ou de coopératives (il peut s’agir parfois de la même en amont et en aval) avec lesquelles il a passé des contrats et pour lesquelles il est devenu une sorte de travailleur à façon. Une telle organisation de la production va dans le sens d’une sélection effectuée par les entreprises d’amont et encore plus d’aval en faveur des ateliers d’élevage de grande – voire de très grande – dimension et présentant les productions – en viandes ou en lait – les plus élevées par unité de main-d’œuvre. Comme dans d’autres domaines de la production agricole, la production par unité de main-d’œuvre est devenue une donnée décisive dans la compétition qui oppose les éleveurs sur des marchés de plus en plus élargis. De ce point de vue, les éleveurs français apparaissent moins bien placés que leurs concurrents danois, néerlandais ou allemands.

Par ailleurs, sur le plan économique, éleveurs et entreprises de l’agroalimentaire se trouvent dominés par la grande distribution et ses centrales d’achat qui, du fait de leur concentration et de leur puissance, sont bien placées pour récupérer la plus grande partie de la plus-value produite par ces filières de production. En Amérique du Nord, comme en Europe (en particulier en Allemagne et en Espagne), on commence même à observer une remise en cause de l’exploitation à responsabilité individuelle et une intégration toujours plus importante vis-à-vis des firmes en aval. Les relations entre les différents acteurs sont d’autant plus tendues qu’elles portent sur des productions standardisées. Seules des productions de qualité, reliées à des territoires particuliers et à des savoir-faire spécifiques – telles la production de fromages d’appellation d’origine contrôlée (AOC) ou d’appellation d’origine protégée (AOP) dans le cadre de la production laitière ou celle de viandes produites sous label (label rouge en France) – permettent d’échapper à cette situation particulièrement défavorable aux éleveurs.

L’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (connu sous le sigle CETA pour Comprehensive Economic and Trade Agreement), ratifié par le Parlement européen en février 2017, n’est pas sans risques pour les producteurs européens de viande. Celui-ci prévoit des importations libres de droits en provenance du Canada qui s’élèveraient à 50 000 tonnes de viande bovine et à 75 000 tonnes de viande de porc. Ces chiffres sont relativement importants dans la mesure où la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit) n’a pas été prise en compte dans ces négociations. Toutefois, pour qu’il soit réellement effectif, cet accord doit être ratifié par les Parlements des différents États membres (et par certains parlements régionaux). En attendant ces ratifications, qui peuvent prendre quelques années, il est entré en viguer de manière partielle et provisoire le 21 septembre 2017. De leur côté, les élevages canadiens devront se réorganiser pour répondre aux normes européennes telles que le non-recours à des hormones de croissance pour la production de viande bovine.

Vers une nouvelle géographie des activités d’élevage ?

Élevage de porcs en Chine - crédits : Qilai Shen/ Bloomberg/ Getty Images

Élevage de porcs en Chine

Sur le[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul CHARVET. ÉLEVAGE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Médias

Élevage de bovins en Inde - crédits : Shrikant Singh/ Pacific Press/ LightRocket/ Getty Images

Élevage de bovins en Inde

Élevage industriel de poulets de chair - crédits : Branislavpudar/ Shutterstock

Élevage industriel de poulets de chair

Production de viande de poulet (2016) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Production de viande de poulet (2016)

Autres références

  • FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société

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    • 14 002 mots
    • 3 médias
    ...parisien dominent les systèmes de grande céréaliculture. Le Sud-Ouest est lui aussi orienté vers la céréaliculture, notamment le maïs à destination des élevages. Le centre du pays et les moyennes montagnes sont tournés vers l’élevage extensif ovin et bovin. La haute montagne reste un territoire de production...
  • AFGHANISTAN

    • Écrit par , , , , , , et
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...spectaculairement acrobatiques en montagne ou, sur les piémonts sud, par des réseaux non moins spectaculaires de galeries captantes souterraines (karez), et d'un élevage qui lui est parfaitement intégré (collecte des déjections animales pour fertiliser les champs, utilisation du gros bétail pour les...
  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

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    Une quatrième option se matérialise avec des « économies mixtes » articulées sur des villages plus ou moins sédentaires combinant agricultureet élevage, comme le montrent les données de la dépression du Fayoum en Égypte du Nord, datés de 5000 avant J.-C. Le mode de vie en village, avec des...
  • AGRICOLE RÉVOLUTION

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    ...parqués dans leurs pâturages, mais plus souvent par les bovins mis à l'attache dans les étables. Toutefois, la précarité des fumures correspondait à la pauvreté des cheptels vifs : faute de moyens pécuniaires et faute de nourriture d'hiver disponible pour l'entretien des bestiaux, l'élevage demeurait...
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