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DYNAMIQUE MOLÉCULAIRE

Une méthode privilégiée pour l'étude de la dynamique moléculaire : la résonance magnétique nucléaire

Pour observer un phénomène de dynamique moléculaire, suivre les fluctuations de structures et mesurer leur fréquence, il faut disposer d'une méthode dont le temps caractéristique – c'est-à-dire le temps qu'il lui faut pour réagir à la présence des atomes dans un site moléculaire donné et les « voir » dans ce site – soit comparable à la durée du mouvement que l'on veut étudier. Si ce temps caractéristique est trop court par rapport au phénomène, la méthode ne pourra donner de la molécule qu'un instantané figé, et un autre « cliché », pris un instant plus tard, aura de fortes chances d'en donner une autre image ; ce sera le cas des spectroscopies infrarouge et ultraviolette qui ont le plus souvent une base de temps bien trop courte, en regard du temps nécessaire pour que le phénomène s'accomplisse. À l'inverse, si le temps caractéristique est trop long, l'image ne représentera plus qu'une situation moyenne ; ainsi, les méthodes d'analyse chimique classiques sont trop lentes pour enregistrer une fluctuation qui se produit plusieurs fois pendant le temps que prend une seule analyse.

La fréquence des changements de conformation et des échanges d'atomes envisagés ici se situe très souvent dans le domaine de 1 à 10 000 mouvements (ou cycles) par seconde à la température ambiante. Cela correspond pour chaque molécule à une durée de vie moyenne entre deux changements consécutifs de structure de l'ordre de 1 seconde à 1/10 000 de seconde et à des énergies d'activation – énergie nécessaire pour provoquer la transformation – de 5 à 24 kilocalories par mole.

Fluctuations de structures moléculaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Fluctuations de structures moléculaires

La méthode la mieux adaptée à l'étude de ce domaine de fréquence – celle à laquelle on doit le plus d'informations – est la résonance magnétique nucléaire (R.M.N.). Son temps caractéristique permet l'étude routinière de phénomènes dont la fréquence est précisément dans ce domaine. D'autres techniques, telles diverses méthodes de relaxation, puis la spectroscopie de micro-ondes, viennent relayer la R.M.N. pour l'étude de phénomènes plus rapides encore (jusqu'à 1012 hertz).

Comment les fluctuations des structures moléculaires se répercutent-elles sur l'allure des courbes spectrales en R.M.N. et permettent-elles au chimiste de les appréhender ? En spectroscopie de R.M.N., l'échantillon à examiner, placé dans un champ magnétique intense, est irradié par une onde électromagnétique dont la fréquence ν appartient au domaine des ondes hertziennes. Sous certaines conditions, il peut alors se produire un échange d'énergie (une résonance) entre l'onde électromagnétique et certains des noyaux atomiques présents dans l'échantillon, ce qui se traduit par un signal lorsqu'on mesure le spectre d'absorption d'énergie en fonction de la fréquence d'irradiation. Par ailleurs, deux noyaux d'un même élément, mais pris dans des environnements chimiques différents, entreront en résonance à des fréquences ν1 et ν2 légèrement différentes et donneront naissance à deux signaux distincts dans le spectre. Le principe d'incertitude d'Heisenberg nous apprend qu'il existe une relation constante entre la différence Δν des fréquences ν1 et ν2 et le temps minimum τ que les atomes doivent passer dans un environnement donné pour « être vus » dans cet environnement par l'onde électromagnétique. Il se trouve que, pour une onde choisie dans le domaine hertzien, ces différences Δν observées sont telles que τ est du même ordre de grandeur que le temps nécessaire à l'échange de deux substituants entre deux sites non équivalents de très nombreuses molécules stéréodynamiques.

On peut,[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Nice-Sophia Antipolis, directeur de l'unité de chimie moléculaire associée au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Jean RIESS. DYNAMIQUE MOLÉCULAIRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sel de Zeise : structures moléculaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sel de Zeise : structures moléculaires

Fluctuations de structures moléculaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Fluctuations de structures moléculaires

Proton du pentaméthoxyniobium - crédits : Encyclopædia Universalis France

Proton du pentaméthoxyniobium

Autres références

  • BIOPHYSIQUE

    • Écrit par Claude Michel GARY-BOBO
    • 6 413 mots
    ...modernes permettent de traiter d'importants ensembles d'informations de ce type. La difficulté provient du fait, rapidement reconnu par cette approche, qu'une molécule, même lorsqu'elle n'est pas très grande, ne se trouve pas sous une forme ou configuration unique, mais qu'elle oscille sans cesse entre...
  • CRISTAUX LIQUIDES

    • Écrit par Henry GASPAROUX
    • 4 816 mots
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    ...à des bâtonnets cylindriques ou à des ellipsoïdes. Ces modèles ont conduit à une bonne description des propriétés des phases smectiques et nématiques. On essaie actuellement, à l'aide des techniques spectroscopiques habituelles, de dépasser et d'affiner ce type de description afin de savoir quelle est...
  • MOLÉCULE

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    Si l'hypersurface présente plusieurs minimums énergétiquement bien séparés, à chacun d'eux correspond une molécule. Les diverses molécules ainsi définies possèdent la même formule brute et sont dites isomères. La série des sucres nous offre de très nombreux cas d'isomérie. Par...
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    Cas particulier de transposition intramoléculaire, résultant de réarrangements rapides et réversibles (isomérie dynamique). Plus précisément, on appelle ainsi la transformation d'un corps chimique en un isomère différent du premier par l'emplacement d'un atome et par la disposition des liaisons, cette...

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