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DOGON

Cadres sociaux

La famille étendue, ou ginna, se compose de tous les descendants d'un même ancêtre en ligne masculine. Chaque ginna possède collectivement un ensemble de maisons et de champs dont la propriété est inaliénable. Ces biens sont gérés par l'homme le plus âgé qui habite la grande maison, symbole de la lignée, la femme appartient au ginna de son mari, et l'enfant à celui de son père.

Au point de vue politique, avant l'arrivée des Européens, le hogon, chef religieux de tous les Dogon, présidait le conseil des vieillards qui gérait les affaires publiques. Son autorité, morale et religieuse, ne s'appuyait pas sur la force. Il rendait la justice, les sanctions allant de l'amende au bannissement à vie.

Des groupes sociaux, opposés et complémentaires, donnent forme à la société dogon : initiés et non-initiés, hommes et femmes, groupes d'âge, cultivateurs et gens dits « castés ». Les classes d'âge sont composées de garçons ayant subi ensemble la circoncision et qui, de ce fait, sont tenus à s'entraider pendant toute leur vie. Depuis cette cérémonie jusqu'après leur mariage, une maison leur est réservée au village. Les filles vivent de la même façon.

Les castes sont formées de tous ceux qui ne cultivent pas la terre : griots, artisans du fer, du bois, du cuir. Les relations sexuelles avec les membres du groupe des cultivateurs leur sont interdites. Ils habitent des quartiers séparés, se marient entre eux et sont organisés en familles étendues comme les autres Dogon. La mythologie explique l'origine des castes : ainsi le premier forgeron, descendu du ciel dans le grenier céleste, fit pénétrer dans la terre une partie de ses forces afin de la préparer aux moissons, rendues possibles grâce aux outils qu'il fabrique. Il a donc transmis à ses descendants une force vitale amoindrie par rapport à celle des autres Dogon. Mais il peut la reconquérir, à titre personnel, par l'exercice même de son métier, en frappant quotidiennement la terre de sa masse. Ainsi, chez les Dogon, tout est expliqué par la mythologie, dont les conséquences informent tous les actes de l'homme, aussi bien que le rituel.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Californie à Los Angeles

Classification

Pour citer cet article

Jacques MAQUET. DOGON [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Village dogon (Mali) - crédits : Glen Allison/ The Image Bank/ Getty Images

Village dogon (Mali)

Village dogon au Mali - crédits : Steven Rothfeld/ The Image Bank/ Getty Images

Village dogon au Mali

Masque dogon - crédits :  Bridgeman Images

Masque dogon

Autres références

  • HÉRITAGE DES DOGON - (repères chronologiques)

    • Écrit par Laurence GARENNE-MAROT
    • 585 mots

    1907 Le lieutenant Louis Desplagnes publie dans le Plateau central nigérien, une collection d'objets « dogon ».

    1931 Marcel Griaule (étudiant de Marcel Mauss) et Michel Leiris s'émerveillent, lors de l'expédition Dakar-Djibouti, de l'étonnante richesse de la culture des ...

  • STATUAIRE DOGON (Mali)

    • Écrit par Laurence GARENNE-MAROT
    • 234 mots
    • 1 média

    Les Dogon habitent depuis le xve siècle une des régions les plus spectaculaires d'Afrique, les falaises de Bandiagara (Mali), et la complexité de leur cosmogonie a nourri l'ethnologie française pendant de longues décennies. Mais le pays dogon n'a pas une occupation ethniquement homogène : il y a eu...

  • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Religions

    • Écrit par Marc PIAULT
    • 9 619 mots
    • 1 média
    ...plupart du temps inaccessible au point que, si les hommes s'y réfèrent dans les mythes d'origine, ils ne s'adressent pratiquement jamais à lui. Chez les Dogon, le dieu créateur, Amma, est relativement présent, ses autels sont dans chaque famille et des sacrifices lui sont offerts ; pourtant les cultes...
  • AFRIQUE NOIRE (Arts) - Un foisonnement artistique

    • Écrit par Louis PERROIS
    • 6 862 mots
    • 6 médias
    Les Dogon de la falaise de Bandiagara au Mali, connus initialement grâce aux travaux de Marcel Griaule et de ses collaborateurs, ont conservé un héritage culturel complexe, où la mythologie joue un rôle essentiel. La sculpture est toute d'inspiration religieuse et tend à neutraliser les forces de la...
  • AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles

    • Écrit par Claire BOULLIER, Geneviève CALAME-GRIAULE, Michèle COQUET, Universalis, François NEYT
    • 15 151 mots
    • 2 médias
    Le site grandiose des falaises de Bandiagara au Mali abrite la vieille civilisation des Dogon, qui a depuis longtemps frappé les visiteurs par la hardiesse de son architecture, la vitalité de ses rites, la beauté de son art et de ses manifestations culturelles. Leur « découverte » scientifique en 1931...
  • ANTHROPOLOGIE

    • Écrit par Élisabeth COPET-ROUGIER, Christian GHASARIAN
    • 16 158 mots
    • 1 média
    ...tournaient vers le monde océanien ; M.  Griaule et son école (G. Dieterlien, D. Paulme, D. Zahan) découvraient les populations de la zone sahélienne et les célèbres Dogons, qui, par leurs mythes, rendent explicites toutes les formes du monde, de la vie et de la société. Griaule, dans son analyse de leurs...
  • Afficher les 22 références

Voir aussi