MARI, site archéologique

Cité de Mari
Encyclopædia Universalis France
Cité de Mari
La cité de Mari lors de sa fondation avec son plan circulaire et le canal la raccordant à l'Euphrate…
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« Si vous êtes dans la capitale du royaume de Mari, c'est une fortune incomparable. » Ces mots fameux adressés par l'orientaliste français René Dussaud à l'archéologue André Parrot en 1933 se sont avérés prophétiques et ont été le prélude à une des plus belles découvertes archéologiques du xx e siècle. Envoyé en Syrie, à la suite de la découverte fortuite d'une statuette sur le site du tell Hariri, Parrot identifie le site comme une des capitales mythiques du monde mésopotamien, Mari. Depuis lors, des découvertes exceptionnelles ont fait de Mari une des références pour la connaissance des villes et royaumes de la Mésopotamie de l'âge du bronze (3000-1200 avant notre ère). Centre politique et militaire de tout premier plan, Mari était une ville nouvelle, fondée au début du IIIe millénaire pour contrôler la route commerciale qui reliait, par l'Euphrate, le domaine montagneux syro-anatolien, producteur de métaux et de bois, au riche foyer urbain de la Mésopotamie centrale et méridionale.
Campagnes de fouilles à Mari, une grande capitale mésopotamienne
Des découvertes exceptionnelles
Les recherches sur le tell Hariri, dans la vallée de l'Euphrate syrien, à 15 kilomètres du poste frontière syro-irakien d'Abou-Kémal, ont débuté en 1933. Dès cette première campagne de fouilles, André Parrot identifie le site comme étant celui de Mari. D'exceptionnelles découvertes archéologiques et épigraphiques, la mise au jour de sanctuaires, détruits au xxiv e siècle av. J.-C., puis celle du Grand Palais royal ont démontré qu'il s'agissait là d’un des foyers majeurs des civilisations qui se sont succédé en Mésopotamie. Au terme de vingt et une campagnes, André Parrot avait défini les bases d'une recherche qui fit de Mari un des archétypes de la cité-État mésopotamienne et du palais de Mari la référence majeure sur le système palatial au Proche-Orient ancien.
La reprise des recherches de 1979 à 2004, sous la direction de Jean-Claude Margueron, a permis de mieux comprendre le contexte régional dans lequel s'était développée cette métropole de l'Euphrate, expression particulièrement aboutie d'un urbanisme mésopotamien. Le programme mis en œuvre à Mari a combiné les fouilles, accompagnées d'études pluridisciplinaires, prospections géomagnétiques et régionales.
Les recherches archéologiques, conduites depuis 2005 sous la direction de Pascal Butterlin, comprennent aussi la poursuite du programme de publication des documents écrits issus des fouilles effectuées depuis 1994, sous la direction d'Antoine Cavigneaux, et la mise en valeur du site (conservation préventive, restaurations et aménagement touristique), sous la direction de Jean-Claude Margueron et Mahmoud Bendakir.
Histoire de la ville
L' histoire de cette cité mésopotamienne s'inscrit dans la longue durée, près de mille deux cents ans. Trois villes successives se sont développées à Mari sur les bords de l'Euphrate : la première, ou ville I, de 2900 à 2550 av. J-C. ; la deuxième, ou ville II, de 2550 à 2300 av. J-C. ; la troisième, ou ville III, de 2250 à 1759 av. J-C. C'est le résultat d'une histoire discontinue, ponctuée par des cycles de constructions et de destructions.
La ville I de Mari résulte d'une opération de grande ampleur : la fondation ex nihilo d'une ville nouvelle dans la vallée de l'Euphrate syrien sur un axe majeur de circulation – d'abord fluvial, puis terrestre – entre l'Anatolie et la Mésopotamie méridionale. Cette première ville, une des plus anciennes de l'histoire du Proche-Orient, reste mal connue, car les niveaux archéologiques qui lui correspondent sont enfouis sous les villes postérieures. Elle était un centre actif d'artisanat du cuivre et du bronze et un espace de commerce.[...]
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Écrit par
- Pascal BUTTERLIN : professeur d'archéologie orientale à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de la mission archéologique française de Mari (Syrie)
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Pour citer cet article
Pascal BUTTERLIN, « MARI, site archéologique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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Figure protéiforme de l'archéologie française, Jean Lauffray était architecte de formation. Il avait découvert l'archéologie en participant dès 1936 à la fouille du site mésopotamien de Mari qui, sous la direction d'André Parrot, commençait à révéler toute sa richesse.[...]
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