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DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL Histoire

Le terme développement n'est employé dans son acception économique que depuis les années 1950. Mais l'idée est plus ancienne. Elle constitue le thème central du livre d'Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), qui marque les débuts de l'économie politique moderne. La révolution industrielle qui s'étend à cette époque en Angleterre pose deux questions : celle d'une césure majeure dans le rythme de développement du monde occidental et celle des conséquences qu'elle a produites sur l'évolution économique et sociale du reste de l'humanité. Jusqu'au xviiie siècle, en effet, il n'existait pas de grande différence de niveau de vie entre les divers continents. La révolution industrielle va créer des écarts considérables en la matière. Le développement économique est devenu ainsi un défi pour la partie de l'humanité qu'Alfred Sauvy qualifia, en 1952, de Tiers Monde. Plus d'un milliard d'êtres humains, soit le cinquième de la population mondiale, ne disposent pas d'un dollar par jour pour vivre, chiffre qui correspond au niveau de vie de l'Europe de l'Ouest et des États-Unis à l'aube de la révolution industrielle.

Développement et sous-développement sont donc deux notions complémentaires qui doivent être définies conjointement. La première décrit un processus historique, qui permet de sortir de l'état de sous-développement. La seconde est souvent mal interprétée. Elle n'est pas réductible à un retard par rapport à la situation des pays industrialisés. Le sous-développement est une situation où les besoins économiques fondamentaux de l'homme (alimentation, santé, éducation) ne sont pas satisfaits. A contrario, on peut affirmer, comme François Perroux, que le développement revient à « nourrir les hommes, soigner les hommes, instruire les hommes ».

De façon plus savante, on considère que le développement est le processus par lequel un pays devient capable d'accroître sa richesse de façon durable et autonome, et de la répartir équitablement entre les individus. La notion de développement relève de la dynamique économique. Étudiée par les auteurs classiques anglais (Adam Smith, David Ricardo, Robert Malthus), puis par Karl Marx, elle connut un renouveau dans l'œuvre de Joseph Schumpeter, qui publia en 1912 une Théorie du développement économique. Elle a été progressivement distinguée des notions voisines telles que la croissance économique. Par contraste avec celle-ci, le développement s'accompagne nécessairement d'un changement des techniques de production et d'une transformation des structures politiques, sociales et institutionnelles. C'est un processus qualitatif qui crée plus d'interdépendance entre les secteurs économiques et les catégories sociales.

Le développement, définition et finalité

Jusqu'à la fin des années 1950, les auteurs ont eu tendance à assimiler accroissement du revenu par tête et développement. Significatif à cet égard est l'intitulé des ouvrages de l'époque. Il fait référence à la seule croissance économique, comme le livre de Lewis, Theory of Economic Growth (1955) ou celui de Walt Whitman Rostow, The Stages of Economic Growth (1958). Selon cette approche, les économies sous-développées ne se distinguent des économies développées que par leur incapacité à produire un revenu suffisant. Pour passer au stade supérieur, elles devraient imiter les pays occidentaux et connaître des étapes prédéterminées, en particulier le stade du décollage où le taux d'investissement (part de l'investissement brut dans le revenu national) devrait être supérieur à un certain pourcentage.

L'assimilation du développement à la croissance économique s'est heurtée à deux types de critiques. Les premières ont[...]

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Europe : données socio-économiques

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