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CYNISME

De l'excentricité à l'altérité

Le cynisme fait image : d'où cette ambiguïté du cynique dont l'excentricité est doublement significative. Excentrique, il l'est par son goût de la mise en scène, lieu de démarcation où s'installent sa singularité et sa différence. Nature incomparablement idiotique, le cynique jette un soupçon définitif sur tous les moyens ordinaires d'entrer en communication ; moyens rationnels, la science étant vaine et sa vérité artificieuse ; moyens légaux ou coutumiers, car la vie sociale et l'organisation politique ne sont que désordre au regard de la vie naturelle. N'est-ce pas cet homme-nature que cherche Diogène, au plein midi, brandissant une lanterne sourde ? Excentrique, le cynique l'est donc aussi en ce qu'il donne l'impression d'être un homme déjeté, un peu fol ; mis à nu mais plus encore mis en public, son for déploie les incertitudes et les vergognes du spectateur ainsi pris au piège, parce que le cynisme se déploie à travers le regard d'autrui. Prise en altérité, la conscience jugeante est jugée, se fait intérieure et remontée aux sources.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, assistant au département de philosophie de l'université de Poitiers

Classification

Pour citer cet article

Henri WETZEL. CYNISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...socratiques. La plupart d'entre eux, encore moins soucieux que Socrate de philosopher sur la nature, ont renchéri sur sa critique de la société et des mœurs. C'est même par une protestation spectaculaire contre le conformisme que se sont signalés les plus célèbres d'entre eux, les cyniques, dont le plus connu...
  • ANTISTHÈNE (env. 440-env. 370 av. J.-C.)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 232 mots

    Disciple de Socrate et maître de Diogène le Cynique, Antisthène, comme le firent un peu plus tard les mégariques, considérait le langage discursif comme étant incapable de décrire adéquatement la réalité concrète des unités individuelles. On ne peut dire « un homme est bon », mais seulement « le...

  • ASCÈSE & ASCÉTISME

    • Écrit par Michel HULIN
    • 4 668 mots
    • 1 média
    ..., 64 a), c'est-à-dire que l'on s'efforce de vivre dans le seul exercice de l'intelligence, en refoulant les sensations confuses qui émanent du corps. Quant à la seconde tradition, elle se manifeste avec éclat chez les premiers représentants de l'école cynique, Antisthène et Diogène de Sinope....
  • DIOGÈNE LE CYNIQUE (413-327 av. J.-C.)

    • Écrit par Barbara CASSIN
    • 396 mots

    Diogène de Sinope, du nom de sa ville natale sur la mer Noire, est plus connu sous le sobriquet de Chien (Aristote, Rhétorique, 1411 a 24), qui le désigne comme fondateur de la secte cynique. Il mourut à Corinthe, qui lui consacra une colonne surmontée d'un chien, tandis que ses concitoyens lui élevaient...

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Voir aussi