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ANTISTHÈNE (env. 440-env. 370 av. J.-C.)

Disciple de Socrate et maître de Diogène le Cynique, Antisthène, comme le firent un peu plus tard les mégariques, considérait le langage discursif comme étant incapable de décrire adéquatement la réalité concrète des unités individuelles. On ne peut dire « un homme est bon », mais seulement « le bon est bon », « l'homme est homme » (Platon, Sophiste, 251 a). Définir une chose par autre chose qu'elle-même est impossible. On ne peut que nommer les choses sans leur attribuer un prédicat différent de leur nom (Théétète, 201 e). Cette théorie du langage, qui ruine toute dialectique, toute possibilité de négation du verbe « être », donc toute contradiction, est peut-être à mettre en rapport avec le rejet par Antisthène de la logique et de la physique. Des trois parties de la philosophie, il ne reconnaissait comme légitime que l'éthique, c'est-à-dire la pratique de la vertu, qui consiste dans des actes et non dans des discours ou des études. Sa morale annonce celle du cynisme par son refus des conventions sociales : le sage ne vit pas selon les lois de la cité, mais selon celles de la vertu ; il se proclame citoyen du monde, n'a besoin de rien, donc se contente de peu, méprise les honneurs et les richesses, considère comme un bien l'obscurité et la peine.

— Pierre HADOT

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Pour citer cet article

Pierre HADOT. ANTISTHÈNE (env. 440-env. 370 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...conformisme que se sont signalés les plus célèbres d'entre eux, les cyniques, dont le plus connu est Diogène de Sinope ; mais le théoricien de l'école fut Antisthène (env. 440-370). Les cyrénaïques (Aristippe, Hégésias) situent dans le plaisir, qui est un mouvement, le but de la vie. Moins bien connus,...
  • LANGAGE (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 315 mots
    ... Ces conceptions magiques, infantiles, ou préscientifiques, ont connu en Grèce une forme de théorisation avec les philosophes cyniques. Antisthène (env. 440-env.-370 av. J.-C.) a poussé à sa limite cette conception où langage et réalité se confondent. Il remarque : « Tout discours est dans...
  • SOCRATE (469-399 av. J.-C.) ET ÉCOLES SOCRATIQUES

    • Écrit par Jacques BRUNSCHWIG
    • 2 735 mots
    • 1 média
    ...et de Zénon d'Élée, et dont les successeurs furent les mégariques, les plus forts dialecticiens de l'Antiquité, précurseurs de la logique stoïcienne ; Antisthène, disciple des sophistes tardivement conquis par Socrate, dont il retint l'ascétisme moral plutôt que la passion intellectuelle, ouvrant...
  • TAUTOLOGIE

    • Écrit par Françoise ARMENGAUD
    • 834 mots

    Dans le langage ordinaire, énoncer une tautologie, c'est dire la même chose deux fois ; c'est affirmer un truisme, une évidence triviale, voire parler à vide et finalement ne rien dire. S'il n'est pas totalement dépourvu de signification, le discours tautologique est du moins dénué d'intérêt et...

Voir aussi