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COLE COZY (1909-1981)

Cozy Cole pouvait disputer à Sidney Catlett, à Jo Jones ou à Chick Webb la royauté absolue sur la percussion des années 1930. Alain Gerber le considérait comme le Spinoza de l'histoire du jazz, c'est-à-dire comme « le représentant de la rigueur lumineuse et patiente, infatigable artisan d'évidences ».

Ce grand batteur « classique » de l'avant-guerre naît à East Orange, dans le New Jersey, le 17 octobre 1909 (son véritable nom est William Randolph Cole). Il effectue en 1928 un stage chez Wilb Sweatman et, en 1930, fait son premier enregistrement. Les engagements se multiplient : Blanche Calloway (1930-1933), Benny Carter (1933), Willie Bryant (1935), Stuff Smith (1936-1939). Il est batteur vedette chez Cab Calloway de 1939 à 1942 avant de rejoindre les formations de Raymond Scott (1942-1945) et de Benny Goodman (1947). Ce qui ne l'empêche pas d'accompagner Charlie Parker et Dizzy Gillespie (1945), de participer à des revues musicales comme Carmen Jones et même de diriger sous son nom un petit orchestre, The Cozy Cole Combo. En 1949, il est engagé par Louis Armstrong dans son All Stars pour une durée de quatre ans. Avec cette formation appelée à une grande célébrité, il effectue des tournées européennes en 1949 et en 1952 ; le Vieux Continent le reverra en 1957, avec Jack Teagarden. Il dirigea une école de batterie, qu'il avait fondée avec Gene Krupa, à New York, en 1954, et il participa à des films comme Jammin' the Blues (1944) et The Glenn Miller Story (1954).

Cozy Cole est considéré à juste titre comme le maître de la section rythmique « middle jazz ». La richesse et la variété de son jeu se font toujours humbles servantes de la solidité du tempo. Cet homme de la rigueur et de la ténacité est certes un virtuose accompli, célèbre pour l'ahurissante précision de son roulement à la caisse claire et son étonnante facilité aux cymbales. Mais ce qui lui importe avant tout, c'est la fermeté du soutien aux solistes. Chez lui, peu de fantaisie, jamais d'effet gratuit ni de digression inutile. En revanche, il triomphe avec un contrepoint discret, une pulsation sobre qui vise – et atteint – une parfaite efficacité. Avec Cozy Cole la maîtrise est laconisme. Il ne se mêle guère aux improvisations du soliste mais préfère l'accompagner, de plus loin. Pour lui, comme le remarquait André Hodeir, l'important « est de créer une infrastructure propre à soutenir en toute circonstance le soliste » ; il offre un cadre à sa liberté et relance son imagination par la pertinence d'interventions purement fonctionnelles.

Celui qui demeure l'un des meilleurs spécialistes de la grosse caisse, où il fait resurgir – avec d'impressionnants roulements et une tendresse particulière pour les sonorités graves des tons – le souvenir des rythmiques africaines, a toujours privilégié la force intérieure que donne le classicisme.

Bien qu'il ait participé aux styles New Orleans, Chicago et be-bop, Cozy Cole reste l'un des plus parfaits représentants des batteurs de l'époque swing. Il a beaucoup enregistré, comme soutien rythmique et sous son propre nom (Concerto for Cozy, Topsy). Jelly Roll Morton lui permet de faire son premier disque. On le retrouvera ensuite avec Teddy Wilson, Henry Allen, Bud Freeman, Chu Berry, Bunny Berigan, Stuff Smith, Lionel Hampton, Cab Calloway, Roy Eldridge, Coleman Hawkins, Don Byas, Dizzy Gillespie, Charlie Parker, sans oublier, bien entendu, Louis Armstrong.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. COLE COZY (1909-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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