COULEUR
Variations de la perception des couleurs
Trivariance visuelle
Les valeurs de λd et de p, ou de deux coefficients tels que x et y, caractérisent en première approximation une couleur, indépendamment de l'intensité du faisceau qui la transporte. Elles doivent être complétées par une grandeur purement photométrique : flux lumineux F ou mieux, luminance L. Le rôle que joue cette dernière variable, au point de vue de la sensation colorée, apparaît surtout dans le cas des luminances très faibles ou très fortes.
On considère en psychophysiologie, sous les noms de teinte, saturation et luminosité d'une lumière, trois qualités dont chacune dépend principalement de la caractéristique « chromatique » (λd ou p) ou photométrique (L) correspondante, mais parfois aussi quelque peu des deux autres. Il peut arriver, par exemple, que nous considérions comme des teintes non identiques des lumières résultant du mélange en proportions diverses d'une même lumière monochromatique avec une même lumière blanche, c'est-à-dire ayant même longueur d'onde dominante, mais différant par leur facteur de pureté ou par leur luminance ; mais l'étude de ces questions est encore inachevée.
Parmi les hypothèses proposées pour expliquer que la perception colorée dépend de trois variables, et de trois seulement, celle qui paraît la plus acceptable (Young, 1801) suppose dans le système visuel l'intervention de trois types de récepteurs inégalement sensibles aux radiations monochromatiques, et intégrant leurs effets.
Si l'on fait intervenir les composantes chromatiques FR, FG, FB, on constate que la troisième a une influence particulièrement marquée : pour obtenir la couleur W, par exemple, on doit composer des flux lumineux tels que FG = 4,6 FR et FB = 0,06 FR seulement.
Variations des sensations d'un même observateur
Les flèches de la figure (pl. coul.), imprimées d'un même gris, paraissent des couleurs différentes selon leur environnement, de même que les rectangles présentés par la figure (pl. coul.).
Si, d'autre part, on fixe pendant une vingtaine de secondes le point central de la figure a (pl. coul.), puis que l'on reporte l'axe visuel sur le point central de la figure b (pl. coul.), les plages blanches de cette dernière figure paraissent respectivement verdâtre et rougeâtre : c'est un effet de contraste successif.
Sur la mosaïque de la figure (pl. coul.), la lettre R, indiscernable de près pour la plupart des observateurs, devient perceptible à une certaine distance, quand les éléments qui la composent sont vus sous un angle assez petit ; cela tient à ce que la région centrale de la rétine n'a pas les mêmes aptitudes colorimétriques que celles qui l'entourent.
Comme l'indiquent ces exemples, qu'il serait facile de multiplier, les conditions d'une « mesure » des couleurs doivent être strictement spécifiées, pour que les résultats soient raisonnablement reproductibles.
Variations avec les observateurs. Daltonisme
On estime à 8 p. 100 chez les hommes et à 0,5 p. 100 seulement chez les femmes la proportion des individus dont la vision colorée n'est pas « normale ». Contrairement à ceux qui doivent faire appel, pour un équilibrage quelconque, à trois couleurs fondamentales, et qui sont dits trichromates, les daltoniens, ou dichromates, n'ont besoin que de deux couleurs fondamentales : ils confondent certains verts avec certains rouges et n'auraient, d'après la théorie de Young, que deux des trois types de récepteurs rétiniens.
Il existe même (en très petit nombre) des sujets qui ne perçoivent pas de sensations de couleurs différenciées, mais seulement des sensations plus ou moins lumineuses ; on les qualifie de monochromates (on dit aussi achromates).
Les trichromates peuvent être plus ou moins normaux, au point de vue de la colorimétrie.[...]
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Écrit par
- Pierre FLEURY : directeur honoraire de l'Institut d'optique théorique et appliquée de Paris, professeur honoraire au Conservatoire national des arts et métiers
- Christian IMBERT : professeur à l'université de Paris-XI et à l'École supérieure d'optique (E.S.O.), directeur adjoint de l'E.S.O., directeur du laboratoire d'expériences fondamentales en optique à l'Institut d'optique d'Orsay
Classification
Médias
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