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COULEUR

Les radiations lumineuses perçues par notre œil se distinguent non seulement par leurs intensités, mais aussi par des caractéristiques qualitatives, leurs couleurs, qui n'ont d'abord été définies que par des comparaisons souvent grossières : les lumières comparables à celle du jour sont dites blanches, celles qui nous viennent de la plupart des feuilles au printemps sont vertes... Les mêmes adjectifs peuvent s'appliquer aux corps d'où nous recevons ces lumières, et aussi aux sensations qui leur correspondent.

Lorsqu'une lumière, soumise à des expériences convenables, comme la traversée d'un prisme, se trouve « décomposée » en des constituants de couleurs diverses, elle est qualifiée de complexe. Dans le cas contraire (lumière des lampes au sodium, par exemple), elle est simple (ou monochromatique) ; elle peut alors être repérée par la longueur d'onde du phénomène vibratoire qui la constitue. Les lumières complexes, de beaucoup les plus nombreuses, peuvent être caractérisées par leur composition spectrale, c'est-à-dire par les longueurs d'onde et par les proportions relatives de leurs constituants. En fait, la plupart des lumières colorées obtenues en filtrant une lumière blanche par une lame de verre bleu, vert, jaune... sont loin d'être monochromatiques.

On ne saurait, naturellement, comparer entre elles les sensations de deux observateurs différents. Mais il est possible à chacun, considérant simultanément deux plages voisines, d'en régler les modes d'éclairement de façon qu'elles paraissent identiques non seulement en luminance, mais aussi en couleur, leurs compositions spectrales n'étant pas nécessairement les mêmes. Les lumières correspondantes sont dites alors homochromes.

On appelle excitation la cause lumineuse, évaluée physiquement, d'une sensation visuelle. Deux excitations différentes mais provoquant des sensations identiques seront dites équivalentes. La colorimétrie visuelle repose sur les hypothèses suivantes, dites souvent « principes colorimétriques », ou encore lois de Grassmann. On peut admettre que l'expérience les vérifie en première approximation, et sauf cas exceptionnels :

– Deux excitations équivalentes à une troisième sont équivalentes entre elles.

– Quand plusieurs excitations agissent simultanément sur l'œil, on ne change pas la sensation perçue si l'on remplace l'une quelconque d'entre elles par une autre équivalente.

– Par suite, si des excitations E1 et E2 sont respectivement équivalentes à E′1 et E′2, la somme E1 + E2 est équivalente à E′1 + E′2. En particulier, si E et E' sont équivalentes, nE et nE' (n quelconque) le sont aussi.

Un même équilibrage colorimétrique (quelconque) peut être obtenu par l'action d'excitations qui sont sensiblement les mêmes pour la plupart des observateurs : ceux-ci sont dits normaux, et la moyenne de leurs réponses a permis de caractériser un observateur moyen (idéal), auquel on se réfère conventionnellement. Mais il existe aussi, surtout dans le sexe masculin, une proportion notable d'observateurs s'écartant sensiblement de la moyenne ; les plus « anormaux » d'entre eux, qui discernent mal certaines couleurs, sont dits daltoniens.

Et, même chez les observateurs normaux, il faut tenir compte de phénomènes « accidentels » d'adaptation, de fatigue, d'éblouissement, de contraste simultané ou successif, affectant plus ou moins la perception des couleurs. Celle-ci devient en outre médiocre ou impossible en vision nocturne, alors que celle des formes persiste plus ou moins : « La nuit, tous les chats sont gris. »

Sous ces réserves, l'expérience montre que, dans un système de référence bien défini (et dont le choix est en partie arbitraire), on peut, malgré l'infinie variété des compositions spectrales,[...]

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Écrit par

  • : directeur honoraire de l'Institut d'optique théorique et appliquée de Paris, professeur honoraire au Conservatoire national des arts et métiers
  • : professeur à l'université de Paris-XI et à l'École supérieure d'optique (E.S.O.), directeur adjoint de l'E.S.O., directeur du laboratoire d'expériences fondamentales en optique à l'Institut d'optique d'Orsay

Classification

Pour citer cet article

Pierre FLEURY et Christian IMBERT. COULEUR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Efficacité relative de radiations monochromatiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Efficacité relative de radiations monochromatiques

Lumières blanches - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lumières blanches

Couleurs du spectre - crédits : Encyclopædia Universalis France

Couleurs du spectre

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE COGNITIVE

    • Écrit par Arnaud HALLOY
    • 5 810 mots
    ...premiers travaux furent prolongés et développés dès la fin des années 1960 par ce qui allait devenir durant plus d’une décennie le standard méthodologique des recherches en anthropologie cognitive, à savoir lacomparaison interculturelle des « termes basiques de couleurs » (Basic Color Terms).
  • AUTOCHROME

    • Écrit par Hervé LE GOFF
    • 233 mots

    Décrite simultanément en 1869 par Louis Ducos du Hauron et par Charles Cros, la sélection trichrome, ou reproduction automatique des couleurs, consistait à prendre, sur trois films en noir et blanc, trois photographies distinctes du même sujet à travers trois filtres bleu, vert et rouge. Ainsi...

  • CHROMO, esthétique

    • Écrit par Henri VAN LIER
    • 651 mots

    Les techniques industrielles de l'image — imprimerie, photographie, cinéma, télévision — excellent dans la reproduction des contours, des rapports de clarté et d'ombre (des valeurs), voire des couleurs en aplat, mais elles sont infirmes dès qu'il s'agit des couleurs complexes. D'où trois...

  • COLORANTS

    • Écrit par Daniel FUES
    • 6 772 mots
    • 4 médias
    De tout temps, l'être humain a été fasciné par la couleur, notion indispensable dans les domaines de l'art, de la décoration et de l'artisanat mais pouvant également devenir signe de reconnaissance, marque hiérarchique ou moyen d'expression de sentiments.
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Voir aussi