COMMERCE INTERNATIONAL Politique du commerce extérieur

Les analyses économiques des politiques du commerce extérieur

En principe, l'ouverture est source de gains pour tous les partenaires, qui peuvent, par ce moyen, valoriser leurs avantages à l'exportation et faire bénéficier leurs consommateurs et leurs entreprises de biens importés à bas prix. Pour les tenants du libre-échange, la politique commerciale optimale consisterait donc à s'abstenir de toute forme d'aide, à accepter la concurrence extérieure sans restriction. L'histoire des relations économiques internationales indique, a contrario, que les États interviennent, pour limiter les importations dans des secteurs sensibles et pour aider les branches d'exportation. Ces interventions peuvent être décidées unilatéralement ou résulter d'un processus coopératif, à partir duquel des concessions sont négociées, soit bilatéralement, soit dans un cadre plus vaste, régional ou multilatéral. Dans tous les cas, ces pratiques trouvent appui dans des analyses qui utilisent les concepts d'une science économique en évolution.

Mercantilisme bilatéralisme et protectionnisme éducateur

La politique économique autonome est celle qu'un État choisit librement, de sa propre initiative, et qu'il peut modifier quand il le veut. Cet unilatéralisme apparaît sous sa forme extrême dans le courant mercantiliste. Celui-ci domine la pensée et la politique économiques européennes entre le xv e siècle et le début du xviii e siècle. Il repose sur l'idée selon laquelle la richesse des sociétés dépend non pas de la production d'objets matériels, mais de l'accumulation de métaux précieux. Or l'acquisition de ces derniers ne peut s'accomplir que si le pays dispose d'un excédent de sa balance commerciale, ce qui implique une politique draconienne de limitation des importations et l'attribution d'aides sous toutes formes aux secteurs exportateurs par l'État

À cet unilatéralisme, s'oppose la politique commerciale conventionnelle, reposant sur des accords internationaux, bilatéraux ou multilatéraux. Dans les faits, la première peut servir de prélude à la seconde, les gouvernements prenant conscience de l'intérêt de pratiquer le « donnant-donnant » . Dans la période de la première révolution industrielle, une politique commerciale conventionnelle s'instaure, marquant l'abandon des conceptions mercantilistes, du moins par certains pays. À la fin du xviii e siècle et surtout entre 1860 et 1914, les pays européens signent des accords bilatéraux, pour réduire, voire supprimer les obstacles aux importations. Ainsi en est-il de l'accord entre la France et le Royaume-Uni signé en 1860. Cette croyance dans les vertus du bilatéralisme repose sur la théorie des avantages comparatifs, exposée par David Ricardo, selon laquelle le commerce apporte toujours des gains mutuels. Pour autant, tous les pays n'acceptent pas si facilement l'ouverture. Les États-Unis et l'Allemagne sont, à cette époque, plutôt protectionnistes, appliquant la doctrine du protectionnisme éducateur de Friedrich List, selon laquelle le décollage d'un pays ne peut se faire qu'à l'abri de droits de douane. Le même argument est invoqué aujourd'hui pour justifier les protections des pays en développement. Le repli sur soi durant la crise des années 1930, en particulier de la part des grandes puissances qui adoptent toutes des mesures restrictives, ne fait qu'aggraver la crise : de 1929 à 1932, la production mondiale chute de 20 p. 100 et le commerce mondial de 40 p. 100. Mais ce protectionnisme ne peut prétendre être éducateur, puisqu'il est instauré par des économies en pleine maturité. Il correspond simplement au fait que chaque gouvernement craint de voir s'aggraver le chômage en acceptant d'importer. Chacun s'isole donc, entraînant l'ensemble[...]

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Écrit par

  • Bernard GUILLOCHON : docteur en sciences économiques, professeur émérite à l'université de Paris Dauphine

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Pour citer cet article

Bernard GUILLOCHON, « COMMERCE INTERNATIONAL - Politique du commerce extérieur  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

OMC (Organisation mondiale du commerce)

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«Nous sommes des citoyens, pas des consommateurs», «la loi des multinationales n'est pas celle de la…

Autres références

  • INTERNATIONALISATION DES ÉCHANGES COMMERCIAUX - (repères chronologiques)

    • Écrit par Francis DEMIER
    • 3 023 mots

    1947 Signature des accords du G.A.T.T. (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) dans le but de libéraliser les échanges commerciaux.

    1948 Application du plan Marshall et création de l'O.E.C.E. (Organisation européenne de coopération économique).

    1957 Signature des[...]

  • A.P.E.C. (Asia Pacific Economic Cooperation)

    • Écrit par Bertrand NEZEYS
    • 2 461 mots
    • 2 médias

    La Coopération économique des pays d'Asie-Pacifique (CEAP, ou APEC, selon les initiales anglaises) a été fondée en 1989 et regroupait initialement quinze pays bordant l'océan Pacifique : États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Corée du Sud, les pays de l'Association[...]

  • ACIER - Économie

    • Écrit par Franco MANNATO
    • 55 971 mots
    Lesévolutions différentes de la consommation et de la production d'acier dans les différentes zones du monde ont entraîné par voie de conséquence des transformations importantes au niveau des traditionnels flux d'échanges de produits sidérurgiques. En 1985, les échanges mondiaux de produits sidérurgiques[...]
  • AGRICOLE RÉVOLUTION

    • Écrit par Abel POITRINEAU, Gabriel WACKERMANN
    • 56 404 mots
    En outre, 80 p. 100 du commerce des céréales sont tenus par cette « cour des grands » représentée par les « cinq sœurs » : Cargill et Continental Grain (États-Unis), André (Suisse), Dreyfus (France), Bunge (Argentine-Brésil). Ces firmes disposent de flottes, d'aménagements portuaires, travaillent en[...]
  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures depuis le XXe siècle

    • Écrit par Marcel MAZOYER, Laurence ROUDART
    • 54 981 mots
    • 3 médias
    Avec la baisse des coûts des transports et la libéralisation des politiques agricoles et du commerce international, les centaines de millions d'agriculteurs qui n'avaient pas adopté la deuxième révolution agricole ont progressivement subi la concurrence des denrées produites par les autres, situés dans[...]
  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle

    • Écrit par Marcel MAZOYER, Laurence ROUDART
    • 33 467 mots
    • 2 médias
    [...] siècle, ces agriculteurs, disposant de beaucoup d'espace, ont rapidement adopté les nouvelles machines issues de l'industrie et ont produit des surplus croissants, à bas prix, qui ont pu être transportés par chemins de fer et par bateaux à vapeur jusqu'en Europe, le seul grand marché solvable[...]
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