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AFRO-AMÉRICAIN CINÉMA

De timides ouvertures en période de ségrégation

Avant les années 1960, il n’existe pas de production hollywoodienne qui soit réellement antiraciste. La présence du Code Hays (1934-1968), code de censure cinématographique corporatif, qui interdisait entre autres de décrire des relations interraciales, l’en empêchait. Seuls des militants situés hors du système abordent la question raciale de front comme Leo Hurwitz dans son documentaire Strange Victory (1948) qui montre un vétéran noir victime du racisme à son retour du front.

Dans les années 1930 à 1950, quelques timides tentatives peuvent être notées, au sein du cinéma hollywoodien, qui érodent quelque peu les stéréotypes. En 1934, John M. Stahl adapte à l’écran Images de la vie(Imitation of Life), donnant peut-être la première œuvre, tournée dans un grand studio, qui fasse avec sensibilité le portrait d’une jeune Noire au teint clair qui veut se faire passer pour blanche. Oscar Micheaux (God'sStepChildren) puis Douglas Sirk en 1959, dans sa nouvelle version d’Imitation of Life (Mirage de la vie), aborderont à leur tour ce thème crucial.

Avec la Seconde Guerre mondiale, les choses commencent à changer. L’Amérique a besoin de tous ses citoyens. En 1944, Stuart Heisler, Frank Capra et le scénariste noir Carlton Moss tournent le documentaire The Negro Soldier. Ce film réalise partiellement le vieux rêve d'Emmett Jay Scott en glorifiant l’apport des Noirs, mais d’une manière propagandiste et au seul profit de l’Amérique, en définitive. À la même époque, la NAACP fait pression sur les studios pour que l’actrice et chanteuse Lena Horne (qui s’était, comme d’autres, servie des races movies comme tremplin) puisse obtenir un vrai rôle dans StormyWeather d’Andrew L. Stone (1943) et non celui de l’habituelle nounou ou du faire-valoir de la vedette blanche. Ce film sans grande prétention avait le mérite de faire entendre de la musique et des interprètes noirs jouant des airs non retouchés par l’« usine à rêves » hollywoodienne. La même année, Vincente Minnelli fait tourner Lena Horne dans Un petit coin aux cieux (Cabin in the Sky).

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Pour citer cet article

Raphaël BASSAN. AFRO-AMÉRICAIN CINÉMA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 26/04/2021

Médias

<em>Within our Gates</em>, O.Micheaux - crédits : Micheaux Book & Film Company/ BBQ_DFY/ Aurimage

Within our Gates, O.Micheaux

<em>Hallelujah</em>, K. Vidor - crédits : John D. Kisch/ Separate Cinema Archive/ Getty Images

Hallelujah, K. Vidor

<em>Watermelon Man</em>, M. Van Peebles - crédits : Mary Evans/ Aurimages

Watermelon Man, M. Van Peebles

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Le théâtre et le cinéma

    • Écrit par , et
    • 9 328 mots
    • 11 médias
    ... (Richard Leacock, Frederic Wiseman) ou militant (Emile De Antonio, Barbara Kopple), ne s'est pas vraiment concrétisé, sinon par l'émergence d'un cinéma noir dont Spike Lee est le représentant le plus original et le plus connu en Europe (Do the Right Thing, 1989 ; Malcolm X, 1992 ; Girl 6,...
  • LEE HELTON JACKSON dit SPIKE (1957- )

    • Écrit par
    • 3 250 mots

    Spike Lee a sorti, dans les années 1980, le cinéma des Noirs américains du ghetto, tout en s'octroyant une place de choix dans l'industrie hollywoodienne. Il est le premier, et probablement le seul, metteur en scène afro-américain à gérer et concevoir une œuvre personnelle de grande audience,...

  • MICHEAUX OSCAR (1884-1951)

    • Écrit par
    • 1 049 mots
    • 1 média

    Oscar Micheaux est le seul cinéaste indépendant afro-américain à avoir pu développer une œuvre sur trente ans. Entre 1919 et 1948, il tourne et produit quarante films dont vingt-sept muets. Self-made-man et admirateur du penseur réformiste noir Booker T. Washington qui prône l'émancipation de son...