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CHYPRE ANTIQUE

À l'extrême orient du monde grec et méditerranéen, l'île de Chypre est située à un carrefour de civilisations. Depuis près d'un siècle, l'archéologie y a montré la très haute ancienneté de l'occupation humaine, à l'âge de la pierre, à l'âge du bronze. Comment Chypre devint-elle grecque, comment le demeura-t-elle en dépit des influences diverses et puissantes qui s'exerçaient sur elle ? Ces conditions particulières ont donné à l'hellénisme chypriote une coloration originale et un caractère paradoxal : plus marqué par les courants venus d'Asie ou d'Égypte, il s'attarde en revanche davantage aux expressions archaïques, comme s'il y trouvait un moyen de se défendre contre les emprises étrangères. Sa position insulaire a encore ajouté à ces tendances, mettant Chypre relativement à l'abri des grands conquérants continentaux. L'île est ainsi devenue un creuset et un conservatoire de civilisations, façonnant, dans un style grec, un amalgame de tendances orientales qui donne à l'art de Chypre son originalité et son charme.

Origines de la civilisation chypriote

Première occupation humaine

Paléolithique

Les origines de l'occupation humaine de l'île de Chypre sont encore obscures. Aucune trouvaille des époques paléolithique et mésolithique n'a été signalée jusqu'ici. L'île présentait cependant d'excellentes conditions de séjour pour l'homme primitif. La faible distance des côtes de l'Asie Mineure et de celles de la Syrie, où des installations de l'homme paléolithique sont connues, aurait permis à celui-ci de franchir aisément les détroits qui le séparaient de l'île. D'ailleurs, par temps clair, au lever du jour et au coucher du soleil, on aperçoit à l'œil nu les contours des côtes opposées. Mais, aussi longtemps qu'aucune recherche accompagnée de fouilles n'aura été entreprise, il serait prématuré de classer Chypre parmi les îles méditerranéennes non habitées au Paléolithique.

Néolithique

En l'état actuel de nos connaissances, l'occupation humaine à Chypre ne commence qu'au Néolithique. Dès cette époque, elle fut assez dense dans toutes les régions de collines et de plaines, où l'agriculture se développa. Cela est attesté par les fouilles de la Mission suédoise entre 1927 et 1932, et surtout par celles qui furent conduites par le Cyprus Museum à Khirokitia, Sotira, Kalavasos et Erimi à partir de 1932. Dès cette période reculée, qui semble avoir commencé au VIe millénaire, selon une analyse au carbone 14, se manifeste l'extraordinaire habileté des Chypriotes anciens dans l'art céramique, et leur goût pour les formes élégantes.

La phase la plus ancienne du Néolithique est caractérisée par l'utilisation de vases en pierre, sans doute concurremment avec celle de vaisseaux en matière périssable, et par quelques tentatives de poterie insuffisamment cuite. Des villages apparaissent, avec de curieuses habitations en forme de tholos, ou pain de sucre, faites de pierres, et dont les superstructures étaient en briques séchées au soleil. Les inhumations, avec squelettes en position contractée, étaient pratiquées sous le sol des maisons.

Au IVe millénaire, la poterie peinte devint d'usage courant ; on voit alors apparaître une architecture à demi souterraine, avec plans circulaires et des toits en branches rendus étanches par des enduits de terre glaise, ou encore des maisons de plan rectangulaire aux angles arrondis.

L'âge du cuivre et du bronze

Âge du cuivre

Pendant la première moitié du IIIe millénaire, en particulier à Erimi, non loin de Limassol, la poterie et l'outillage lithique sont encore de type néolithique, cependant que dans les couches les plus récentes apparaissent de petites alènes en cuivre. La civilisation chypriote n'est[...]

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