CHINE Économie
Capitale | Pékin |
Population |
1 410 710 000 habitants
(2023) |
Produit intérieur brut par habitant (PIB par hab.) |
12 614 $
(2023) |
Le décollage de l'économie chinoise
Une croissance record
Depuis 1979, la croissance de l'économie chinoise a battu tous les records mondiaux. De 1979 à 2011, le PIB avait progressé de près de 10 p. 100 par an en moyenne et le revenu par habitant avait quadruplé. Le niveau de revenu par habitant en Chine était passé de 5 p. 100 à plus de 20 p. 100 de celui des pays riches, et il dépassait déjà celui de plusieurs pays émergents d'Asie. La marge d'incertitude sur le rythme de la croissance chinoise ne peut pas faire douter de la réalité du processus de rattrapage.
Les ressorts de la croissance : capital, travail, productivité
La croissance économique a été soutenue par une forte augmentation des facteurs de production que sont le travail et le capital. De 1980 à 2010, la population en âge de travailler (15-59 ans) a augmenté de 360 millions de personnes, pour se chiffrer à plus de 914 millions de personnes. L'effort d'investissement a été considérable et le taux d'investissement a atteint un niveau exceptionnellement élevé (près de 50 p. 100 du PIB en 2010), même au regard des taux observés en Asie. Les investissements ont été dirigés principalement vers l'industrie et les infrastructures (routes, immobilier).
La productivité du travail s'est améliorée grâce à l'augmentation du capital disponible par travailleur, à l'élévation du niveau d'éducation et de qualification de la main-d'œuvre, aux réformes dans l'agriculture comme dans l'industrie. Enfin, le changement dans la répartition de l'emploi au profit de l'industrie et des services a été la source d'importants gains de productivité du travail, car celle-ci y est beaucoup plus forte que dans l'agriculture.
Les grandes transformations sectorielles
Des changements structurels ont accompagné la croissance. Le rôle de l'agriculture dans l'activité économique a reculé : son poids dans l'emploi a diminué de moitié (tombant de 70 p. 100 à 35 p. 100) et, dans le PIB, il a été divisé par trois (de 31 p. 100 à 10 p. 100). L'importance de l'industrie s'est accrue, avec une part dans l'emploi qui passe de 18 à 28 p. 100, mais reste stable dans le PIB (autour de 46 p. 100), car la croissance très rapide de la production s'est accompagnée d'une baisse des prix. Les services font plus que doubler leur part dans l'emploi (35 p. 100 en 2005) comme dans le PIB (40 p. 100).
L'industrie tire la croissance et se modernise
L'industrie a tiré la croissance, avec une production qui a augmenté de 12 p. 100 par an en moyenne depuis trente ans, et qui est à 80 p. 100 issue des secteurs manufacturiers. Les industries électriques et surtout électroniques ont connu un essor spectaculaire, propulsé par des investissements étrangers et la forte demande extérieure et intérieure pour ces nouveaux produits dans les années 2000. Ce secteur a presque rattrapé, en poids, l'industrie chimique et pétrochimique, qui reste le plus important (16 p. 100 de la production industrielle). Les industries agroalimentaires et le matériel de transport (automobiles) ont aussi joué un rôle moteur. Les secteurs traditionnels, tels que la métallurgie, la mécanique et le textile, ont cédé du terrain.
L'agriculture s'adapte aux changements de la demande
L' agriculture chinoise est très intensive et les rendements sont élevés, grâce à une forte utilisation d'engrais et à l'irrigation de plus de la moitié des surfaces cultivées. Les productions se sont diversifiées pour faire face à la transformation de la consommation alimentaire. Les surfaces emblavées diminuent au profit des cultures industrielles (coton), des légumes et des fruits. Les productions de blé et de riz suffisent aux besoins alimentaires directs de la population, l'élevage se développe rapidement pour répondre à la demande des consommateurs et entraîne une rapide progression des importations de fourrage (maïs, tourteaux de soja).
Les services marquent encore du retard
Les services sont moins développés en Chine que dans la plupart des pays de niveau de revenu comparable. Les principaux secteurs d'activité sont d'abord le commerce et la restauration, suivis des services financiers ; le secteur des télécommunications est le plus dynamique. Le développement des services a été freiné par l'emprise des monopoles ou des quasi-monopoles publics, le manque de personnel qualifié (l'enseignement supérieur est plus orienté vers les besoins de l'industrie), la faible ouverture aux entreprises privées et à la concurrence internationale de nombreux secteurs (éducation, santé, banques) ; en effet, les services bénéficient encore peu des investissements étrangers, et ce en dépit des mesures de libéralisation prises à partir de 2001, date d'entrée de la Chine dans l'OMC.
Augmentation du niveau de vie, montée des inégalités
En un quart de siècle, le niveau de vie de la population a considérablement progressé : la consommation alimentaire, qui atteignait à peine le seuil de subsistance en 1978, a augmenté et s'est diversifiée, les biens de consommation durables se sont largement répandus et les conditions de logement se sont beaucoup améliorées. Les années 2000 ont été marquées par la montée des classes moyennes urbaines, ainsi que par l’émergence d’une petite minorité très aisée. L'extrême pauvreté a reculé mais, en 2005, 16 p. 100 de la population (200 millions de personnes) vivaient encore avec moins de 1,25 dollar par jour.
Les inégalités se sont amplifiées à partir du début des années 1990, créant plusieurs lignes de fracture dans la société chinoise. La plus forte est celle qui sépare les villes et les campagnes. Alors que le revenu par habitant dans les campagnes correspondait à la moitié de celui des villes en 1990, il est tombé au-dessous du tiers à partir du début des années 2000. Les revenus ruraux pâtissent de la surpopulation des campagnes et de la baisse relative des prix agricoles. Les disparités ont aussi augmenté entre les provinces côtières, qui ont le plus bénéficié de l'ouverture, et les provinces de l'intérieur. Cependant, la politique gouvernementale de développement des régions de l’intérieur, depuis le début des années 2000, ainsi que les mesures de relance prises après la crise mondiale de 2008 ont permis d’inverser la tendance et d’amorcer une convergence entre la Chine « jaune » (continentale) et la Chine « bleue » (maritime). Enfin, dans les villes, le chômage de masse s’est développé lors de la restructuration des entreprises d'État à la fin des années 1990, mais il a ensuite été résorbé, grâce à la forte croissance économique. Cependant, une grande partie des emplois créés l’ont été dans les secteurs privé et informel, où ils ont un caractère précaire. Les migrants issus des zones rurales représentent la moitié de la main-d’œuvre urbaine, et seule une minorité d’entre eux disposent d’un contrat de travail.
L'économie souffre d'une tendance au surinvestissement, alors que la consommation des ménages est freinée par la faible progression des revenus ruraux et par la forte épargne de précaution des ménages face à la montée de la précarité et au renchérissement des frais de scolarité et de santé. Le plan quinquennal de 2006-2010, celui de 2011-2016 et celui de 2016-2020 ont mis l'accent sur la nécessité de répartir plus équitablement les fruits de la croissance, afin de rendre cette dernière soutenable à long terme. Le ralentissement de la demande extérieure depuis 2008 a rendu encore plus urgent le recentrage de la croissance sur la consommation intérieure.
Ouverture et modernisation
Des échanges extérieurs exceptionnellement développés
Les échanges extérieurs de la Chine ont progressé encore plus vite que ses productions, et le poids conjugué des exportations et des importations de biens et de services dans le PIB se situait autour de 60 p. 100 en 2011. Commercialement, la Chine apparaît comme le plus ouvert des grands pays émergents, devant l'Inde (où le commerce extérieur de biens et de services représente 55 p. 100 du PIB), le Brésil (25 p. 100) ou la Russie (49 p. 100). De 2005 à 2007, la demande extérieure a eu un rôle moteur dans l’accélération de la croissance chinoise.
Les investissements directs étrangers (IDE) ont afflué à partir du début des années 1990 et, de 2000 à 2005, ils ont représenté en moyenne 50 milliards de dollars par an. Ils ont atteint 123 milliards de dollars en 2011, soit 7 p. 100 du total des flux mondiaux d’IDE.
Il est vrai qu'une partie revient à de « faux investissements étrangers », des capitaux chinois qui transitent par Hong Kong et reviennent en Chine pour bénéficier des avantages offerts aux investisseurs étrangers. Mais il reste que les investissements directs étrangers ont été de loin la principale source de financement extérieur de la Chine, qui n'a eu qu'un recours limité aux emprunts extérieurs et aux financements des organisations internationales (Fonds monétaire international et Banque mondiale).
Capitaux étrangers et transferts de technologies
Les investisseurs étrangers ont puissamment contribué à la modernisation de l'industrie chinoise. Les entreprises à capitaux étrangers (y compris celles de Hong Kong et de Taïwan) réalisent environ un cinquième de la production industrielle. Elles sont à l'origine des industries nouvelles et réalisent les trois quarts de la production de matériel électronique ; toutes les grandes multinationales de l'automobile sont présentes en Chine, où elles ont créé avec des partenaires chinois des sociétés mixtes qui occupent une place dominante dans la production de voitures particulières. Une des raisons qui expliquent l'importance prise par les entreprises à capitaux étrangers est la faiblesse du secteur privé chinois, qui a laissé le champ libre aux acteurs étrangers.
La politique d'ouverture a donc réussi à accélérer la modernisation de l'économie : l'importation de produits de haute technologie est devenue le principal canal d'acquisition de technologie étrangère par la Chine (l'achat de licences est secondaire). Cependant, ce sont les sociétés à capitaux étrangers qui réalisent les deux tiers des importations de haute technologie, et la diffusion de celle-ci à l'ensemble du tissu industriel est relativement lente. Les opérations d’assemblage ont assez peu de retombées technologiques. La capacité d'assimilation des entreprises locales est limitée par leur propre potentiel d'innovation. De puissantes entreprises chinoises se sont développées dans le secteur des télécommunications (Huawei, ZTE), où elles rivalisent avec leurs concurrents occidentaux ; mais ces exemples constituent plus l’exception que la règle. Les dépenses de recherche et développement sont restées en Chine relativement faibles et ce n'est que depuis la fin des années 1990 qu'elles sont devenues une priorité, atteignant 2 p. 100 du PIB en 2012.
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Écrit par
- Françoise LEMOINE : économiste, conseillère au Centre d'études prospectives et d'informations internationales
- Thomas VENDRYES : maître de conférences en science économique à l'École normale supérieure de Paris-Saclay
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