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CHARLES XII (1682-1718) roi de Suède (1697-1718)

L'échec en Ukraine et l'exil en Turquie

La déconcertante facilité de ses succès n'avait fait que confirmer sa foi inébranlable en sa supériorité et sa fortune. Rien ne pourra arrêter sa marche contre les « Barbares de l'Est » ; sûr de ses carolins comme de lui-même, il méconnaît la force de résistance, le courage patriotique de l'adversaire. Pourtant, Pierre Ier à déjà reconstitué ses armées et profité de l'absence de Charles XII pour conquérir les provinces baltiques, fonder Saint-Pétersbourg, capturer Narva et ravager la Finlande.

Avec seulement 43 000 hommes, le Suédois se jette à la conquête de l'immense empire. Devant ce raid vertigineux, Pierre Ier utilise habilement les ressources géographiques du pays, se retire, pratiquant la tactique de la terre brûlée, livrant des batailles de retardement. Charles XII franchit le Niémen, enlève d'assaut Grodno, fonce dans la forêt de Minsk, passe le Dniepr et atteint Smolensk. De là, sans attendre l'armée de renfort du général Lewenhaupt, se fiant aux promesses de Mazepa, l'hetman des Cosaques, il s'engage dans la riche Ukraine pour s'y ravitailler, refaire ses forces puis gagner Moscou. Mais, sur ses arrières, Pierre Ier a battu Lewenhaupt qui ne rallie son roi qu'avec les débris d'une armée. Le grand hiver de 1708-1709 qui décime les troupes, les constants assauts des Cosaques et des Kalmouks ne décourageront pas Charles XII qui tente d'emporter les retranchements de Poltava pour s'emparer du magasin de vivres. Le 8 juillet 1709, blessé la veille, il ne peut empêcher la destruction par l'artillerie russe d'une partie de son armée, et la capitulation de l'autre, le lendemain, sur le Dniepr. Traqué, il doit trouver refuge en Turquie où il restera cinq ans. Le mythe de l'invincibilité suédoise était ruiné. La Russie s'imposait désormais à l'Europe. À Bender, cependant, Charles XII dresse des plans pour reprendre avec les Ottomans la lutte contre le tsar et ses alliés. Mais les succès turcs sont sans lendemain. Charles XII est au centre d'un réseau d'intrigues de sérail et doit se défendre pour ne pas être livré à Auguste II, rétabli sur le trône de Pologne. Malgré tout, de Turquie, il prétend continuer de gouverner la Suède. Il dirige le Conseil d'État, impose des taxes de guerre et de nouvelles levées d'hommes, recrutés de dix-huit à cinquante ans. Il prépare des réformes administratives et financières, remplaçant les redevances en nature par des versements en argent, prévoyant des impôts nouveaux sur le commerce et les manufactures, à la suite de discussions avec Feif sur les théories des caméralistes. Il désigne Polhem pour diriger la manufacture de fer de Stiernsund et n'oublie pas ses comédiens ordinaires français. Contre son gré, le Riksdag, dominé par la noblesse, s'est réuni en 1713 ; on songe à faire la paix, avec un plan de neutralité des puissances maritimes. Le roi n'accepte aucun compromis, aucune cession territoriale. En novembre 1714, il s'échappe, arrive à Stralsund. L'espoir renaît en Suède.

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Pour citer cet article

Claude NORDMANN. CHARLES XII (1682-1718) roi de Suède (1697-1718) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Charles XII - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Charles XII

Autres références

  • AUGUSTE II (1670-1733) roi de Pologne (1697-1733)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 452 mots

    Second fils de Jean Georges III, Auguste le Fort devient à vingt-quatre ans Électeur de Saxe, à la suite de la mort de son frère aîné, Jean Georges IV. En 1695 et 1696, il prend part aux campagnes contre les Turcs en Hongrie mais ne se révèle pas un général brillant. À la mort de Jean...

  • FINLANDE

    • Écrit par Régis BOYER, Maurice CARREZ, Universalis, Lucien MUSSET, Yvette VEYRET-MEKDJIAN
    • 22 464 mots
    • 14 médias
    ...en plus inféodée au souverain (acte ecclésiastique de 1686) et l'assimilation de la Finlande à la métropole devint un impératif idéologique. Son fils Charles XII (1697-1718) persévéra dans cette voie. Sous son règne, les états ne furent pratiquement jamais réunis et la centralisation du pouvoir atteignit...
  • GÖRTZ GEORG HEINRICH VON SCHLITZ baron von (1668-1719)

    • Écrit par Claude NORDMANN
    • 388 mots

    Fils du baron immédiat d'Empire Philippe Frédéric von Görtz et d'Élisabeth von Minnigerode, Georges Henri von Schlitz, dit von Görtz, né en Franconie, formé aux universités d'Iéna (où il perd un œil) et de Kiel, se distingue par ses dons physiques et intellectuels à la cour des ducs de Holstein-Gottorp....

  • MAZEPPA IVAN STEPANOVITCH (1644-1709)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 206 mots

    Hetman des Cosaques, Mazeppa est issu d'une famille noble de l'Ukraine. Élevé à la cour du roi de Pologne Jean Casimir, une histoire de cœur l'oblige à s'enfuir chez les Cosaques du Dniepr, dont il devient l'un des chefs. En 1687, lors d'une visite à Moscou...

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Voir aussi