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CENTRE-VAL DE LOIRE, région administrative

Une région au sein du système parisien

Même si la nature offre à cette région d'importantes potentialités, le Centre-Val de Loire n'en constitue pas moins une construction sociale, lentement élaborée dans une relation, presque exclusive, avec Paris.

La dynastie des Capétiens puise ses origines dans un domaine, modeste par sa taille mais essentiel par sa position, la clé territoriale Paris-Orléans, adossée au grenier beauceron, qui commande les deux bassins de la Loire et de la Seine. Confrontés aux menaces extérieures, les rois de France trouvent refuge en Loire moyenne (Charles VII, petit roi de Bourges) pour repartir à la conquête de leur royaume (épopée de Jeanne d'Arc en 1429) ; en témoigne son remarquable patrimoine de châteaux (parmi lesquels Amboise, Azay-le-Rideau, Blois, Chambord, Chenonceau). La région a pu jouer, en son temps, le rôle d'une seconde capitale pour le pays. Lorsque la menace se précise à partir des frontières de l'Est, elle joue un rôle de repli défensif, base arrière de la capitale (armée de la Loire en 1870). Cette fonction de réduit intérieur et inexpugnable explique la formidable concentration de troupes et d'arsenaux, utilisée avec succès durant la Première Guerre mondiale et en vain lors de la Seconde. De nos jours, la région se caractérise toujours par l'importance de son complexe militaro-industriel (Giat Industries, E.A.D.S., Thomson-CSF devenu Thales), même si les difficultés économiques que connaît actuellement ce secteur engendrent de graves crises territoriales (Bourges, Salbris).

Les faibles densités de la région ont été souvent imputées – à tort – au rôle vampirique de la capitale. Depuis les années 1950, le renouveau démographique dépend pourtant de sa capacité d'attraction de populations nouvelles, bien souvent franciliennes. Depuis 1954, près de 700 000 habitants (augmentation de 38 p. 100 de la population sur la période) sont venus s'y installer, mais dans une distribution inégale : selon un gradient nord-sud et au profit des principales agglomérations. Aujourd'hui, le nord de la région (Eure-et-Loir et Loiret, plus précisément, ce que l'on nomme les franges franciliennes, territoires limitrophes de l'Île-de-France, de Dreux à Montargis) enregistre les plus forts taux de croissance, tandis que, dans le Val de Loire, les agglomérations d'Orléans et de Tours accroissent leur prédominance démographique. Le Berry, trop éloigné pour bénéficier de l'étalement francilien, présente une situation opposée : ses deux départements, l'Indre et le Cher, voient leur population stagner, voire diminuer très légèrement ; le vieillissement des populations et les faibles densités renforcent les tendances à la déprise.

Les activités humaines contribuent également à cette intégration. Au xviie siècle, en Beauce, la spécialisation céréalière d'une agriculture commerciale et capitaliste atteste des liens précoces entre intérêts parisiens et locaux. Elle constitue une première ébauche du modèle contemporain de la grande culture céréalière : grandes exploitations (en 2010, plus de 40 p. 100 de la surface agricole utile – S.A.U. – était occupée par des exploitations de plus de 100 hectares), forte mécanisation, intense utilisation des engrais et des pesticides. Positionnant le Centre-Val de Loire comme première région céréalière de France, ce modèle productiviste s'est diffusé depuis la Beauce vers la Champagne berrichonne, conquérant d'anciens terroirs de polyculture (gâtines) ou d'élevages à viande (Boischaut, vallée de Germigny) et laitier (Perche). Les cultures spécialisées, très présentes le long du Val, résistent encore à ce modèle autour de beaux vignobles (Bourgueil, Chinon, Sancerre, Sologne viticole, Vouvray), de vergers et de cultures maraîchères.

À partir des années[...]

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Pour citer cet article

Franck GUÉRIT. CENTRE-VAL DE LOIRE, région administrative [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Centre-Val de Loire : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Centre-Val de Loire : carte administrative

Autres références

  • BLOIS

    • Écrit par Franck GUÉRIT
    • 742 mots
    • 1 média

    Chef-lieu du département du Loir-et-Cher, Blois comptait, en 2012, 47 867 habitants dans la commune même, 66 745 dans l'agglomération et 127 053 dans l'aire urbaine (recensement de 2012).

    Ville fluviale de la Loire moyenne adossée à un escarpement du plateau de Beauce, Blois a été édifiée...

  • BOURGES

    • Écrit par Franck GUÉRIT
    • 829 mots
    • 2 médias

    Ancienne capitale de la province royale du Berry, chef-lieu du département du Cher, Bourges comptait, en 2012, 68 727 habitants et son agglomération 82 944 habitants.

    Établi sur un éperon dominant la confluence de deux rivières marécageuses, l'Auron et l'Yèvre, le site de Bourges est très tôt...

  • CHARTRES

    • Écrit par Franck GUÉRIT
    • 687 mots
    • 3 médias

    Chartres, chef-lieu du département de l'Eure-et-Loir, comptait, lors du recensement de 2012, 40 247 habitants, l'agglomération 89 136, et l'aire urbaine 145 735.

    C'est la richesse des terres beauceronnes qui a fait la prospérité de Chartres, au risque néanmoins de l'enfermer...

  • CHÂTEAUROUX

    • Écrit par Franck GUÉRIT
    • 706 mots
    • 1 média

    Chef-lieu du département de l'Indre, la commune de Châteauroux comptait, lors du recensement de 2012, 47 128 habitants, l'agglomération 61 940 et l'aire urbaine 92 723.

    La ville de Châteauroux a été précédée dans l'histoire par Déols, premier centre chrétien (...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi