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CENTRE-VAL DE LOIRE, région administrative

Une région sous tensions

Sous l'influence plutôt positive et modernisatrice de Paris, le Centre-Val de Loire n'apparaît pas pour autant comme une région homogène. Un gradient nord-sud manifeste la décroissance de l'influence parisienne vers le sud de la région et met en lumière, schématiquement, trois sous-ensembles régionaux. La médiocrité du système urbain et l'influence des départements renforcent la diversité liée au manque de cohérence.

Premier de ces sous-ensembles, les franges franciliennes restent les territoires les plus soumis à la pression de l’Île-de-France (démographie, économie avec l'implantation de nombreuses entreprises ou avec la hausse des prix du foncier). Depuis 1945, leurs sociétés ont connu de profondes mutations grâce à l'industrie (en 1954, l'Eure-et-Loir était le département le plus rural et agricole de la région), à l'urbanisation et à l'arrivée de populations nouvelles et étrangères. Ces bouleversements ne sont pas exempts d'un certain « mal-développement », lié à une croissance trop brutale. Les indices de déstructuration, tant sociaux qu'identitaires, ne sont pas absents. La forte progression du vote d'extrême droite, remarquable dans le nord de la région – et plus particulièrement sur ses franges (le 21 avril 2002, le vote en faveur de Jean-Marie Le Pen représentait 17,22 p. 100 des voix exprimées en région Centre ; 19,39 p. 100 dans le Loiret et des scores fréquemment supérieurs à 23 p. 100 dans les cantons les plus limitrophes de l'Île-de-France) –, peut être interprétée dans cette perspective.

Moins soumis à l'influence pressante de l'hypercentre, le Val de Loire regroupe des territoires mieux structurés par les sociétés urbaines (Orléans, Blois, Tours) et mieux connectés au système métropolitain parisien. Inscrit au patrimoine mondial de l'humanité par l'U.N.E.S.C.O. en 2000 et deuxième foyer de tourisme culturel en France après l'Île-de-France grâce aux châteaux de la Loire, le Val affiche sa prospérité. La modernisation des bases industrielles a accompagné le renforcement de l'offre de services et de fonctions métropolitaines d'Orléans et de Tours, notamment dans leurs activités de recherche et d'enseignement supérieur. Cette richesse n'exclut pas les tensions sociales : ici, les fractures territoriales se lisent à l'échelle micro-locale, celle des quartiers et des rues.

Le sud, à savoir le Berry et quelques cantons du sud de l'Indre-et-Loire, reste moins marqué par l'influence parisienne. Malgré les aides publiques et en raison d'une accessibilité moins aisée, les déconcentrations industrielles y ont été plus rares et moins modernisatrices. Même les flux migratoires s'avèrent désavantageux : le solde migratoire, légèrement positif, s'explique par l'installation de personnes âgées de plus de soixante ans, majoritairement franciliennes, de sorte que, dans l'Indre, la population départementale est pour un quart composée de retraités. Les indicateurs socio-économiques sont aussi plus défavorables par rapport aux moyennes régionales : plus de chômage, des niveaux de qualification plus faibles, des revenus plus bas. Les difficultés actuelles des agglomérations de Bourges et de Châteauroux renforcent les fragilités structurelles des territoires ruraux, frappés par le déclin des industries traditionnelles (textile) et le recul de l'agriculture (élevage).

Plusieurs facteurs renforcent ces logiques de fractures. Les insuffisances du système urbain, liées aux faibles densités et à la modestie des échanges entre les villes, et surtout l'absence d'une « bonne capitale » régionale participent au manque de cohésion. Orléans, simple capitale administrative, ne polarise que son département ; Tours concentre son influence sur l'Indre-et-Loire,[...]

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Pour citer cet article

Franck GUÉRIT. CENTRE-VAL DE LOIRE, région administrative [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Centre-Val de Loire : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Centre-Val de Loire : carte administrative

Autres références

  • BLOIS

    • Écrit par Franck GUÉRIT
    • 742 mots
    • 1 média

    Chef-lieu du département du Loir-et-Cher, Blois comptait, en 2012, 47 867 habitants dans la commune même, 66 745 dans l'agglomération et 127 053 dans l'aire urbaine (recensement de 2012).

    Ville fluviale de la Loire moyenne adossée à un escarpement du plateau de Beauce, Blois a été édifiée...

  • BOURGES

    • Écrit par Franck GUÉRIT
    • 829 mots
    • 2 médias

    Ancienne capitale de la province royale du Berry, chef-lieu du département du Cher, Bourges comptait, en 2012, 68 727 habitants et son agglomération 82 944 habitants.

    Établi sur un éperon dominant la confluence de deux rivières marécageuses, l'Auron et l'Yèvre, le site de Bourges est très tôt...

  • CHARTRES

    • Écrit par Franck GUÉRIT
    • 687 mots
    • 3 médias

    Chartres, chef-lieu du département de l'Eure-et-Loir, comptait, lors du recensement de 2012, 40 247 habitants, l'agglomération 89 136, et l'aire urbaine 145 735.

    C'est la richesse des terres beauceronnes qui a fait la prospérité de Chartres, au risque néanmoins de l'enfermer...

  • CHÂTEAUROUX

    • Écrit par Franck GUÉRIT
    • 706 mots
    • 1 média

    Chef-lieu du département de l'Indre, la commune de Châteauroux comptait, lors du recensement de 2012, 47 128 habitants, l'agglomération 61 940 et l'aire urbaine 92 723.

    La ville de Châteauroux a été précédée dans l'histoire par Déols, premier centre chrétien (...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi