Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CATASTROPHES

Les failles : des risques aux catastrophes

Une mauvaise perception du risque, une prise de risque mal évaluée... de nombreux outils, des échelles de gravité, des structures, des réseaux de surveillance, etc., permettent de pallier les erreurs, que l'on peut catégoriser. À part les séismes, on l'a vu, la plupart des phénomènes naturels sont prévisibles. Par exemple, on connaît les conditions de formation d'un cyclone ; lorsqu'il est encore éloigné, la marge d'erreur sur sa trajectoire est d'environ 100 kilomètres par douze heures, soit 200 kilomètres lorsqu'il se trouve à 500 kilomètres, le cyclone se déplaçant à une vitesse moyenne de 20 km/h. La marge d'erreur reste toutefois de 30 à 60 kilomètres moins de 24 heures à l'avance, ce qui est finalement peu comparé à la taille de ces phénomènes, de 200 à 800 kilomètres de diamètre. Ainsi, en août 1992, l'observation satellitaire du cyclone Andrew, un des plus violents du xxe siècle, avait permis à un pays développé comme les États-Unis l'évacuation préventive des habitants des zones côtières les plus basses de Floride, puis celles du golfe du Mexique les plus exposées, soit 2,8 millions de personnes au total (il n'y eut « qu' » une vingtaine de morts ; des dizaines de milliers de sans-abri). À l'inverse, un autre exemple conjugue deux erreurs classiques – l'attentisme (décisions non prises à temps) et la culture d'infaillibilité – : le cyclone Katrina d'août 2005, qui dévasta La Louisiane, fit 1 100 morts et un million de sans-abri. Ici, l'évacuation est ordonnée trop tard ; les autorités (administration Bush) ne tiennent pas compte des rapports prévenant que les digues protégeant La Nouvelle-Orléans céderaient sous un fort cyclone. C'est aussi l'attentisme qui est responsable du naufrage de l'Amoco-Cadiz, le 16 mars 1978, au large des côtes bretonnes, où près de onze heures s'écouleront entre la perte du gouvernail et l'échouage final (cf. marées noires).

La culture d'infaillibilité se retrouve particulièrement dans les accidents de Bhopal (Inde, 2-3 décembre 1984) et de la navette Challenger, dont l'explosion, le 28 janvier 1986, se paye par la mort des sept astronautes, par la suspension de l'aventure américaine dans l'espace pendant des années et par quelques milliards de dollars. La commission présidentielle chargée d'enquêter mettra en évidence une défectuosité de joints d'étanchéité à basse température et dénoncera la responsabilité des dirigeants de la N.A.S.A., avertis pourtant du problème des joints mais grisés par une série de missions réussies, et la société Morton-Thiokol Inc., pour ne pas avoir écouté ses propres ingénieurs malgré leurs avertissements. C'est encore le syndrome du Titanic (14-15 avril 1912) que l'on croyait insubmersible et qui, malgré les nombreux avertissements d'autres bateaux voisins sur la présence d'icebergs, continue sa route.

Autre faille, l'erreur de perception (ce que l'opérateur a vu ou entendu) et/ou de représentation (ce que l'opérateur a compris) est particulièrement illustrée par l'accident de l'Airbus A-320 du mont Sainte-Odile (Bas-Rhin, 20 janvier 1992, 97 morts et 9 blessés) : mauvais positionnement radar de début d'approche vers l'aéroport de Strasbourg, obligation de passer en contrôle manuel où le pilote aurait fait une erreur en sélectionnant son mode de descente, qui peut être un taux descente (en pieds par minute) ou un angle de descente (en degrés). L'A-320 est descendu quatre fois plus vite que la normale. La confusion des indications est donc possible.

L'erreur de communication, assez proche de celle de perception-représentation, traduit une mauvaise compréhension d'informations[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Pour citer cet article

Yves GAUTIER. CATASTROPHES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Essai de classification des catastrophes technologiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Essai de classification des catastrophes technologiques

Essai de classification des catastrophes naturelles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Essai de classification des catastrophes naturelles

Catastrophe aérienne à Amsterdam - crédits : Pool Merillon/ Ribeiro/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Catastrophe aérienne à Amsterdam

Autres références

  • MCDONNELL JAMES SMITH JR. (1899-1980)

    • Écrit par Bernard MARCK
    • 1 240 mots
    En 1974, le constructeur américain doit surmonter la crise provoquée par la catastrophe d’Ermenonville (Oise) : le 3 mars, un DC-10 de la compagnie Turkish Airlines s’écrase, provoquant la mort des trois cent quarante-six occupants. Une autre tragédie se produit le 25 mai 1979 : un DC-10-10 d’American...
  • TRAUMATISME PSYCHIQUE

    • Écrit par Hélène THOMAS
    • 1 221 mots
    ...conscience que, lors d'un conflit, c'est toute une population qui est concernée et pas seulement les soldats. Par ailleurs, la prise en compte des catastrophes « civiles », telles que les tremblements de terre, les inondations ou les prises d'otages, s'est révélée très importante pour la recherche...

Voir aussi