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CAMÉES

Les camées modernes

Au Moyen Âge

La chute de l'Empire romain a marqué la décadence de la glyptique en Occident ; dès la fin du ive siècle, on ne gravait plus de sardonyx à couches multicolores. Un art d'exécution facile apparut qui répondait aux mêmes usages décoratifs, ce fut celui de la gravure sur verre, qui a été particulièrement florissante sur les bords du Rhin. Les artistes de l'époque franque gravaient, en creux ou en relief, sur verre moulé, clair ou opaque, des figures, des scènes païennes ou chrétiennes. Au ixe siècle, sous les successeurs de Charlemagne, il y eut une renaissance de la glyptique qui intéressa uniquement l'art de la gravure en creux sur cristal de roche ; aux xiiie et xive siècles, les inventaires des joyaux, notamment celui de Jean duc de Berry, énumèrent des camées à sujets chrétiens, tels que : « l'Annonciation, Nostre Dame, l'Ymage de Nostre Dame tenant son enfant, etc. ». Ce fut au xve siècle que des camées furent gravés sur coquille.

L'exemple des empereurs byzantins qui avaient transformé les œuvres païennes de la glyptique en œuvres chrétiennes fut suivi par l'Occident, qui transforma les gemmes antiques en pieux ex-voto, utilisés dans la décoration des croix, des châsses, des reliquaires, des couvertures de manuscrits liturgiques.

Chaque camée devint relique de l'Ancien ou du Nouveau Testament. En même temps, la plupart de ces camées prirent aux xive et xve siècles un caractère magique et surnaturel ; on attribuait aux agates irisées, notamment, une puissance miraculeuse contre les maladies physiques et morales. De là la préoccupation de dépister les faux, faits en pâte de verre, qui étaient dépourvus des dons bénéfiques attribués aux vraies pierres, portées en amulettes.

À la Renaissance

La richesse en camées de la Renaissance italienne, française et allemande, fut remarquable. En Italie, dès la première moitié du xve siècle, des mécènes dont le plus illustre fut Laurent de Médicis firent copier et imiter les gemmes antiques ; les collections particulières formées à Rome qui renfermaient des camées étaient nombreuses. Au xve siècle, chaque ville d'Italie avait ses graveurs en pierres fines, dont la préoccupation était de graver aussi bien que les Anciens et même de les surpasser. Le génie d'imitation des artistes italiens fut tel qu'il était bien souvent impossible de distinguer leurs ouvrages de ceux de l'Antiquité.

En France, François Ier fit venir un des meilleurs graveurs italiens, Matteo dal Nassaro, de Vérone, qui avait une habileté particulière à tirer parti des différentes couches de gemmes. Toutes les grandes collections de camées et d'intailles de France, d'Italie et d'Allemagne conservent des œuvres des artistes italiens des xve et xvie siècles, qui furent presque tous sculpteurs, médailleurs, orfèvres en même temps que lithoglyphes.

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Écrit par

  • : conservateur honoraire du Cabinet des médailles de Paris, ancien professeur à l'École du Louvre, professeur à la Monnaie de Paris

Classification

Pour citer cet article

Josèphe JACQUIOT. CAMÉES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Camée, art romain - crédits :  Bridgeman Images

Camée, art romain

Gemma Augustea, art romain - crédits :  Bridgeman Images

Gemma Augustea, art romain

Autres références

  • DOMENICO DE' CAMMEI (actif fin XVe-déb. XVIe s.)

    • Écrit par Marguerite KRASSILNIKOFF
    • 211 mots

    Selon Vasari, Domenico de' Cammei travaille à Milan, comme graveur sur gemmes et comme médailleur. Il est en ces domaines le rival d'un artiste réputé, Giovanni delle Carniole, auteur du portrait en intaille de Savonarole. On l'identifie avec Domenico de Compagni ou peut-être avec Domenico...

  • NASSARO ou NAZZARO MATTEO DEL (mort en 1548 env.)

    • Écrit par Marguerite KRASSILNIKOFF
    • 516 mots

    Peintre, dessinateur, orfèvre, graveur sur gemmes et médailleur italien, Matteo del Nassaro est pour Vasari le maître de la glyptique. Fils de Jacopo del Nassaro, bottier à Vérone, il apprend dans sa jeunesse le dessin et la musique. Deux artistes de Vérone lui enseignent la gravure : Galeazzo...

  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - L'art romain

    • Écrit par Gilbert-Charles PICARD
    • 14 634 mots
    • 35 médias
    ...les monnaies, les lampes, les plaques de terre cuite servant à revêtir le faîte des immeubles. Les bijoux aussi lui servaient de support, surtout les camées dont l'art atteint à cette époque la perfection. Le grand camée de France, conservé au cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale, est dans...

Voir aussi