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CALVINISME

L'Église peuple de Dieu

Nouvelle caractéristique importante du calvinisme : sa doctrine de la sainte cène. On sait que ce sacrement d'union, de communion, est celui sur lequel les Églises chrétiennes sont le plus divisées. Alors que la doctrine catholique enseigne qu'au moment de la consécration le pain est transformé en corps de Jésus-Christ et le vin en son sang ( transsubstantiation), la doctrine luthérienne admet la concomitance des deux substances du pain et du corps (consubstantiation). Dès 1529 cependant, au colloque de Marbourg, une séparation s'était faite sur ce point entre Luther et ceux qu'il appelait les « sacramentaires », les réformateurs suisses Zwingli et Œcolampade. Désirant supprimer cette scission douloureuse, Calvin propose de délaisser la notion philosophique de substance et d'affirmer la présence du Christ dans la cène, la participation au corps et au sang du Seigneur glorifié par l'action du Saint-Esprit. C'est la « présence spirituelle ». Calvin espérait établir ainsi l'unité de la Réforme. S'il gagna à ses vues les disciples de Zwingli et l'Église de Zurich, il ne put pas entraîner les disciples de Luther. Les luttes furent vives. On peut dire qu'au cours des siècles ces diversités théologiques ont à peu près disparu, comme l'ont montré des colloques récents sur la doctrine eucharistique. La notion de substance a perdu sa valeur et a peu à peu été remplacée en théologie par la notion de personne. L'affirmation de la présence du Christ dans la cène est commune aux diverses confessions et forme une base de rencontre.

L'organisation ecclésiastique du calvinisme est originale. L'Église est dirigée à plusieurs échelons par des conseils composés de pasteurs et de laïcs : conseils de paroisse, colloques, synodes régionaux et nationaux. Chaque conseil élit ses délégués à l'échelon supérieur. À notre époque, les conseillers presbytéraux ou anciens sont élus par l'Église locale. À l'époque de Calvin, ils étaient soit désignés par les conseils de la ville, soit cooptés. La formule est cependant démocratique. Elle remplace la hiérarchie descendante de l'Église catholique, pape, archevêque, évêque, curé de paroisse, par une hiérarchie ascendante des représentants des paroisses réunis en conseils et synodes. C'est le peuple de l'Église, animé par le Saint-Esprit, qui par cette succession d'assemblées prend ses décisions.

Il n'est pas difficile de reconnaître dans cette organisation ecclésiastique le schéma qui est à l'origine de la structure de la démocratie moderne avec ses conseils et ses parlements. Elle est apparue dans l'Amérique des puritains et a été transmise par eux à la Révolution française. Ce sont les presbytériens des États-Unis qui ont été à l'origine de notre système de gouvernement démocratique.

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Écrit par

  • : doyen honoraire de la faculté de théologie protestante de Montpellier
  • : pasteur, président du journal Réforme

Classification

Pour citer cet article

Jean CADIER et André DUMAS. CALVINISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jean Calvin - crédits : Imagno/ Getty Images

Jean Calvin

Autres références

  • ANTISÉMITISME

    • Écrit par Esther BENBASSA
    • 12 229 mots
    • 9 médias
    ...dans l'eucharistie –, les calomnies de meurtre rituel et de profanation d'hostie tendent en revanche à disparaître dans le monde protestant européen. C'est le courant calviniste, davantage ancré dans l'Ancien Testament, qui se montre finalement le plus accueillant à leur égard. Les nouveaux chrétiens...
  • APARTHEID

    • Écrit par Charles CADOUX, Benoît DUPIN
    • 9 061 mots
    • 8 médias
    ...bijbel en sij roer (le Boer avec sa bible et sa carabine). Vivant frustement et même dangereusement, il vivait aussi de certitudes étayées sur une foi calviniste austère, bornée sans doute, mais sincère. Ce fond de croyances a persisté. Il explique la permanence de certaines attitudes politiques et, malgré...
  • ARMINIANISME

    • Écrit par Jean BAUBÉROT
    • 860 mots
    Dans la lignée d'Augustin, les réformateurs rendirent le salut de l'être humain indépendant de ses mérites propres. De formation juridique, Calvin élabora la doctrine de la prédestination, décret « éternel et inviolable de Dieu ». Comme prédicateur, il insista sur la grâce de Dieu, mais, dans...
  • ARMINIUS JACOB HARMESZOON dit JACOBUS (1560-1609)

    • Écrit par Universalis
    • 519 mots

    Théologien néerlandais et ministre de l'Église réformée des Pays-Bas, Jacob Harmeszoon (Harmensen ou Hermansz), dit Jacobus Arminius, est né le 10 octobre 1560 à Oudewater et mort le 19 octobre 1609 à Leyde. Opposé à la stricte doctrine calviniste de la prédestination, il développe...

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Voir aussi