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PRESBYTÉRIENS

Constituant une dénomination protestante qui refuse l'épiscopalisme (gouvernement de l'Église par les évêques) et le congrégationalisme (autonomie des paroisses sans instance supérieure à celles-ci), les presbytériens se réclament d'une formule ecclésiale qui confie le pouvoir à des assemblées élues d'« anciens » (laïcs) et de pasteurs. Ces assemblées, nommées synodes, existent à tous les échelons, depuis celui de la paroisse jusqu'au niveau de l'Alliance mondiale.

Le terme « presbytérien » est souvent confondu avec « réformé » et avec « calviniste ». Seuls les deux premiers mots sont à peu près synonymes. Le calvinisme, en effet, représente un système doctrinal, distinct du luthéranisme (notamment à propos de l'eucharistie), tandis que le presbytérianisme se caractérise par un type d'organisation ecclésiale, propre à un certain nombre d'Églises d'origine anglo-saxonne qu'on appelle alors effectivement « presbytériennes » et à d'autres d'origine continentale (Suisse, Hollande, France, Allemagne, Tchécoslovaquie, etc.) qu'on nomme « réformées ». D'ailleurs, il existe des épiscopaliens anglicans qui se réclament du calvinisme et, en revanche, si les Églises presbytériennes (ou réformées) reposaient à l'origine sur une orthodoxie doctrinale (définie notamment par Calvin), certains de leurs membres peuvent maintenant se rattacher à l'arminianisme, au protestantisme libéral ou à d'autres courants doctrinaux.

Le système presbytérien repose sur la paroisse, communauté concrète établie en un lieu, Église dans laquelle la Parole de Dieu est annoncée de manière authentique et les sacrements correctement distribués. Élus normalement par l'assemblée générale des membres majeurs reçus à la communion, les « anciens » sont chargés du maintien de la discipline ecclésiastique et de la sauvegarde des mœurs (en France, ils gèrent l'association cultuelle que constitue la paroisse du point de vue juridique). Le pasteur, choisi par l'ensemble des fidèles, par le consistoire ou par le conseil presbytéral, est le président de ce dernier et possède une autorité propre en vertu de la Parole de Dieu contenue dans la Bible et des textes symboliques de son Église. Souvent la paroisse a des diacres et des diaconesses, qui s'occupent plus spécialement des malades et des œuvres sociales. Au-dessus des paroisses fonctionnent des assemblées consistoriales et régionales et, au sommet, un synode national, qui définit les grandes orientations et arbitre, en dernier ressort, les conflits.

En 1618-1619, le synode de Dordrecht tenta vainement de constituer une juridiction internationale pour les Églises presbytériennes. Celles-ci se regroupent aujourd'hui dans deux associations (qui n'ont que des pouvoirs consultatifs) : l'Alliance of Reformed Church throughout the World Holding the Presbyterian System, qu'on appelle aussi l'Alliance réformée mondiale et qui est la plus importante, et le Synode réformé œcuménique, l'association la plus stricte. Le presbytérianisme rassemble entre 40 et 50 millions de fidèles.

En Écosse, le presbytérianisme, s'inspirant de Calvin, fut introduit par John Knox en 1560 et devint religion d'État en 1688. En Angleterre, il rassemble les protestants désireux de compléter la Réforme par l'abolition du rituel et de l'épiscopat ; les presbytériens prirent part au mouvement de révolte contre Charles Ier et connurent un triomphe momentané lors de l'assemblée de Westminster (1643-1648), qui rédigea une confession en trente-trois articles ; mais, bientôt débordés par les indépendants, ils désapprouvèrent en fin de compte l'exécution du roi. Taxés de puritanisme, ils s'opposèrent à l'anglicanisme et furent persécutés comme révolutionnaires.[...]

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Pour citer cet article

Jean-Louis KLEIN. PRESBYTÉRIENS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CALVINISME

    • Écrit par Jean CADIER, André DUMAS
    • 4 244 mots
    • 1 média
    Les Églises réformées, également appelées presbytériennes, font partie de l'Alliance réformée mondiale, qui a son centre à Genève. En 1982, elle comptait 145 Églises membres avec un total de 70 millions de calvinistes, répartis dans 76 pays. Les deux tiers de ces 145 Églises se trouvent en Asie,...
  • CHARLES Ier (1600-1649) roi d'Angleterre (1625-1649)

    • Écrit par Pierre JOANNON
    • 1 103 mots
    • 2 médias

    Roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande, second fils de Jacques VI Stuart, roi d'Écosse, qui deviendra roi d'Angleterre en 1603 sous le nom de Jacques Ier, Charles Ier monte sur le trône en 1625. Jeune, séduisant et indécis, il est un jouet entre les mains...

  • COVENANT

    • Écrit par Bernard ROUSSEL
    • 367 mots

    Terme désignant une forme typique de la vie politique et religieuse écossaise qui réapparut dans la première moitié du xviie siècle, alors que l'engagement pris par les nobles écossais en 1557 — en l'absence de John Knox et en un temps où la réforme de l'Église écossaise n'était...

  • ÉCOSSE

    • Écrit par Edwige CAMP-PIETRAIN, Roland MARX
    • 6 834 mots
    • 5 médias
    ...religieuse sur un modèle plus « pur » : la Confession de foi de Westminster (1646) ne guide que peu de temps le protestantisme anglais, mais inspire durablement l'Église presbytérienne en Écosse. Mais, à partir de 1648, ralliés à Charles Ier, ils s'engagent dans la « deuxième guerre civile » qu'ils...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi