Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BURNE-JONES sir EDWARD COLEY (1833-1898)

Élève et disciple de Rossetti, Edward Burne-Jones paraît dominer et dépasser les règles, peut-être trop contraignantes, de la confrérie préraphaélite. Celle-ci, fondée en 1848, se proposait de rénover les thèmes et les modes d'expression de l'art anglais très soumis à l'emprise de la Royal Academy. Des peintres tels que Hunt, Millais ou Rossetti exigeaient un « retour à la nature » qui, seul, disaient-ils pouvait apporter à l'art les bases d'un renouveau durable. Malgré cette prise de position, l'iconographie du groupe garde essentiellement comme sujets d'inspiration les sources classiques : histoire, littérature et religion. En outre, le maintien de la perspective définie à la Renaissance et l'emploi contraignant du dessin limitent les possibilités d'expression. Inspirés presque exclusivement par les œuvres des primitifs italiens, ces artistes se situaient dans une tendance opposée aux conquêtes formelles de Turner et aux « ouvertures » fantastiques proposées par Blake ou Fussli. Burne-Jones fut la figure la plus importante de la dernière période du mouvement ; il fait ses études à la King Edward's School de Birmingham, et ses premières œuvres doivent beaucoup à l'influence de son maître. Vers 1880, il est déjà célèbre et en 1889 il expose en France une toile intitulée Le Roi Cophetua et la Jeune Mendiante, 1883 (Tate Gallery, Londres).

Les sources d'inspiration de Burne-Jones sont littéraires (Malory, Chaucer, Morris), mais un courant fantastique qui lui est propre semble soutenir son œuvre et en constituer l'architecture secrète. Des ruptures de sens subites qui font basculer ses personnages dans une immobilité hiératique (L'Enchantement de Merlin, 1874 ; L'Échelle dorée, 1880, Tate Gallery, Londres) ne sont pas sans évoquer la théorie de la « belle inertie » prônée par Gustave Moreau.

Dans l'œuvre de l'artiste anglais apparaissent aussi des méthodes de travail qui donnent à la peinture une dimension onirique, en particulier le refus de l'action et la volonté de demeurer à l'écart de la description. Le type féminin créé par le peintre se rapproche sensiblement des « femmes fatales » de Moreau, et l'homme semble effacé et presque victime de cette présence féminine (L'Histoire de Pygmalion, 1879, City Museum, Birmingham).

<it>Le Vaisseau des âmes</it>, E. Burne-Jones - crédits :  Bridgeman Images

Le Vaisseau des âmes, E. Burne-Jones

Burne-Jones, qui a aussi réalisé des décorations à fresque, des cartons pour des tapisseries, des vitraux et des aquarelles remarquables, incarne la tendance la plus originale de l'art préraphaélite. Ses œuvres se rattachent aux expériences fantastiques qui jalonnent la peinture européenne pendant la seconde moitié du xixe siècle, expériences qui préfigurent l'exploration onirique des surréalistes.

— Charles SALA

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

Classification

Pour citer cet article

Charles SALA. BURNE-JONES sir EDWARD COLEY (1833-1898) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Le Vaisseau des âmes</it>, E. Burne-Jones - crédits :  Bridgeman Images

Le Vaisseau des âmes, E. Burne-Jones

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par Jacques CARRÉ, Barthélémy JOBERT
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    ...grâce à la beauté vénéneuse de ses modèles favoris. William Holman Hunt (1827-1910) peint des sujets allégoriques avec des couleurs stridentes. Edward Burne-Jones, au contraire, choisit des tons froids pour illustrer les légendes arthuriennes. Le plus doué du groupe est sans conteste John Everett Millais...
  • GORGONE, iconographie

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 1 064 mots
    • 3 médias

    Des trois sœurs appelées Gorgones, Euryalé, Sthéno et Méduse, la dernière, seule à être mortelle, est la plus fameuse en raison de son pouvoir de pétrifier les humains qui rencontrent son regard et de sa fin tragique. C'est presque toujours Méduse qui apparaît figurée, dès l'époque grecque...

  • GRACQ JULIEN (1910-2007)

    • Écrit par Jean-Louis LEUTRAT
    • 1 980 mots
    • 1 média
    ...été choisi parce que, par métathèse, il provient aussi du plateau d'Orgall, sur lequel est bâti le château des Carpathes. Gracq procède toujours ainsi. Pour Le Roi Cophetua (1968), il s'appuie sur un tableau du peintre préraphaélite Burne-Jones, King Cophetua and the Beggar Maid, dont le sujet provient...
  • MORRIS WILLIAM (1834-1896)

    • Écrit par Philip Prichard HENDERSON
    • 1 982 mots
    • 2 médias
    ...Walthamstow, petit village de l'Essex situé non loin de Londres, dans une famille bourgeoise. En 1853, il entre au Exeter College de l'université d'Oxford. Il y rencontre Edward Jones, futur peintre et dessinateur qui prendra le nom de Burne-Jones. Profondément touchés par le mouvement d'Oxford au sein de...

Voir aussi