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BOUDDHISME (Arts et architecture) Le stupa

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Inventaire archéologique

Bien que l'existence de stūpa soit attestée par les textes depuis la fin du ive siècle avant notre ère, on n'en connaît pas d'exemples qui soient antérieurs à Aśoka (env. 250 av. notre ère). Encore sont-ils englobés dans des stūpa plus récents (Sārnāth, Sāñcī) ou trop mal conservés pour être décrits (Piprāwā/Kapilavastu, Vaiśālī). Du stūpa de Bhārhut, il ne reste plus que la balustrade sculptée qui en entourait la base (env. 150 av. notre ère). Les stūpa de Sāñcī qui remontent pour une part à l'époque śuṅga (187-75 av. notre ère) constituent donc l'exemple le plus ancien de stūpa que l'on connaisse. Le stūpa 1 (hauteur 12,80 m ; diamètre 32,20 m) répond globalement à la description donnée plus haut, mais l'aṇḍa est bâti sur une petite terrasse circulaire, et le monument est entouré par une balustrade sculptée, avec quatre portes monumentales (toraṇa) richement décorées édifiées au début du ier siècle de notre ère. C'est le modèle des stūpa dits aśokéens (en ce qui concerne leur forme, pas leur date), que l'on trouve en de nombreux points du sous-continent (Chakpat, Taxila, Sārnāth, Népal...), à Sri Lanka et en Birmanie. La balustrade n'en est pas un élément indispensable. Parfois, elle est remplacée par un ou plusieurs cercles de colonnes ou par un mur. La terrasse circulaire s'exhaussant, le stūpa prend la forme d'un cylindre coiffé d'une calotte à Kārla, Bhājā, Bedsā (stūpa monolithes du iie s., dont la hampe et le parasol de bois sont parfois conservés) et plus tard à Sārnāth (Dhamekh stūpa). De même type sont les stūpa de la basse Krishna (surtout Amarāvatī, iie-iiie s.), mais ils sont entourés d'une balustrade et décorés à l'extrême ; de l'aṇḍa sortent, face aux quatre points cardinaux, quatre plates-formes portant chacune cinq colonnes.

Prière devant un stupa à Sarnath - crédits : Dinodia Picture Agency, Bombay,  Bridgeman Images

Prière devant un stupa à Sarnath

Grand Stupa, Sanci - crédits : CSP_dimol/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Grand Stupa, Sanci

En Afghanistan et au Pakistan, il existe des stūpa à bases circulaires successives dont le profil s'apparente à celui des stūpa de Bhājā (Top Darra en Afghānistān, hauteur 30 m ; diamètre 26 m). Mais le type le plus fréquent comporte plusieurs plates-formes quadrangulaires superposées, formant un podium à degrés où l'on accède (dans les exemples monumentaux) par un grand escalier. Au-dessus de ce soubassement s'élève l'aṇḍa, formé de tambours circulaires en retrait les uns par rapport aux autres, couvert d'une coupole plus ou moins aplatie, et surmonté de parasols. Certains monuments sont surchargés de sculptures (Jauliāñ/Taxila), d'autres n'ont pour décor que des séries de pilastres corinthiens. Ce type de stūpa et sa variante comportant quatre escaliers d'accès disposés en croix ont connu une grande fortune. On les trouve dans toute l'Inde, au Népal, et au Tibet.

La tendance au gigantisme, pour le stūpa principal, est générale. La surface occupée au sol est de plus en plus importante, la hauteur aussi. Selon les pèlerins chinois, le stūpa de Kaniṣka à Peshāwar, partiellement bâti de bois, dépassait 638 pieds (200 m). Car certains constructeurs, pour mieux surhausser aṇḍa et parasols, les juchaient sur des séries de soubassements carrés de plus en plus nombreux et de plus en plus hauts. Certains stūpa d'Asie centrale bâtis sur ce modèle sont de véritables tours. Là est l'origine de la pagode des bouddhistes chinois et japonais : c'est un stūpa-tour, creux, bâti de matériaux légers, et ayant subi l'influence des tours de guet chinoises. La pagode garde du stūpa ancien un petit aṇḍa surmonté de parasols, édifié au-dessus de l'étagement des toits débordants, et un grand axe central (pilier ou tronc), héritier de la hampe porte-parasols. La Chine et le Japon ont gardé le type du stūpa indien traditionnel, mais le réservent presque exclusivement aux reliquaires ou aux monuments de petite taille.[...]

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Pour citer cet article

Gérard FUSSMAN. BOUDDHISME (Arts et architecture) - Le stupa [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Prière devant un stupa à Sarnath - crédits : Dinodia Picture Agency, Bombay,  Bridgeman Images

Prière devant un stupa à Sarnath

Grand Stupa, Sanci - crédits : CSP_dimol/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Grand Stupa, Sanci

<it>Dagoba</it> à Anuradhapura (Sri Lanka) - crédits : Cris Haigh/ The Image Bank/ Getty Images

Dagoba à Anuradhapura (Sri Lanka)

Autres références

  • ARHAT ou ARHANT

    • Écrit par
    • 308 mots

    Le terme arhat ou arhant (de la racine arh, mériter), que l'on peut traduire par « saint », désigne dans le bouddhisme ancien le stade le plus élevé dans la progression religieuse pour les adeptes du Petit Véhicule, stade qui fait suite aux étapes de srotaāpanna, de sakrdāgāmin et d'anāgāmin....

  • ASIE DU SUD-EST (art et archéologie) - Les grands empires

    • Écrit par
    • 4 138 mots
    • 5 médias
    ...comme sous le manteau de l'islam à Java. Sauf à Bali où, précisément, les beaux travaux de l'école hollandaise ressuscitent des archaïsmes fascinants. Le bouddhisme, lui, et par une curieuse symétrie inverse, fut chassé de l'Inde (sauf de Ceylan) mais est devenu en Birmanie, en Thaïlande, au Laos...
  • AVALOKITEŚVARA

    • Écrit par
    • 672 mots
    • 1 média

    Le mot « Avalokiteśvara » vient du sanskrit ava, de haut en bas ; lokita, racine lok, voir, regarder ; īśvara, seigneur, maître, donc « Seigneur qui regarde d'en haut », sous-entendu « avec commisération » ; il est appelé aussi Lokeśvara (loka, monde visible, īśvara). La...

  • BAREAU ANDRÉ (1921-1993)

    • Écrit par
    • 853 mots

    André Bareau a été la totale incarnation des vertus que requiert l'étude approfondie du bouddhisme et de celles qu'elle est susceptible d'apporter en retour. Né en 1921 à Saint-Mandé, il passa à dix-sept ans le concours de l'école normale d'Auteuil et s'y prépara au métier d'instituteur, mais son attirance...

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