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BIOLOGIE L'être vivant

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Origine de la vie

de l’origine de la vie a toujours suscité la passion. Longtemps apparemment réglée par l’affirmation d’une création divine, du moins en Occident, entretenue par l’idée aristotélicienne de génération spontanée, elle n’est abordée scientifiquement que depuis le xviie siècle. Dans le débat largement philosophique et religieux sur préformation et épigenèse dans le développement de l’embryon, on s’attaque à la génération spontanée, qui semble plus accessible à l’expérimentation. L’inanité de cette notion est démontrée itérativement entre 1660 et 1800 par plusieurs chercheurs italiens en ce qui concerne les organismes supérieurs (Francesco Redi, 1626-1697 ; Giovanni Maria Lancisi, 1654-1720 ; Lazzaro Spallanzani, 1729-1799). Tous aboutissent à la conclusion que tout organisme se développe à partir d’un œuf, ce qui ne sera vraiment confirmé qu’avec la théorie cellulaire. En 1860, Louis Pasteur (1822-1895) reproduit les expériences concernant les microorganismes effectuées par Louis Joblot (1645-1723) en 1717 et par Spallanzani en 1770 ; il démontre que la génération spontanée n’existe pas davantage dans le monde des microbes, du moins dans les conditions que l’on connaît.

Mais cela ne fait que reculer le problème. Quelle est donc l’origine de ces œufs et de ces microorganismes ? Au tournant du xxe siècle, les progrès de la chimie biologique et de la physique favorisent le développement de nouvelles interprétations qui considèrent la genèse de la vie comme une étape normale de l'évolution biochimique, associée aux lois de la physique. On va donc tenter de « créer la vie ». En cas d’échec, on essaiera alors de mimer certaines manifestations du vivant. On trouve la trace de ces recherches très actives bien qu’inefficaces dans le Jean Barois de Roger Martin du Gard. Elles se poursuivront cependant en Union soviétique où elles ne s’éteindront que vers 1950.

Si ces démarches – illustrées par exemple par les splendides images de simulation purement physique de la division cellulaire réalisées par Stéphane Leduc (1853-1939) vers 1900 – échouent, elles orientent certains chercheurs vers une nouvelle forme de biologie : la production des molécules biologiques primitives. En 1922 puis 1924, en Union soviétique, Alexandre Oparine (1894-1980) propose que l'«  atmosphère primitive », réductrice au moment de la formation de la Terre, se composait d'un mélange d'hydrogène, de méthane, d'ammoniac et de vapeur d'eau ; ce mélange, soumis au rayonnement énergétique du Soleil, aurait engendré des molécules organiques ; rassemblées dans les océans, celles-ci auraient formé la « soupe chaude primitive » – chère aussi au Britannique Haldane (1894-1980), qui l’évoque en 1925, sans avoir eu connaissance des hypothèses d’Oparine – dans laquelle seraient nés, par association de molécules, les premiers organismes vivants, très simples et hétérotrophes, c'est-à-dire se nourrissant de matières organiques empruntées à l'extérieur.

Des essais expérimentaux ultérieurs ont paru justifier la notion d'évolution chimique prébiologique. En 1953, l'expérience historique des chimistes américains Stanley Miller (1930-2007) et Harold Urey (1893-1981) parut décisive. Un mélange gazeux composé d'hydrogène en excès, de méthane, d'ammoniac et d'eau en partie condensée fut soumis à des étincelles électriques à la pression atmosphérique pendant des durées variables. Se formaient ainsi des acides aminés (glycine, alanine, acide glutamique, acide aspartique), de l'acide formique, de l'acide lactique et surtout de l'acide cyanhydrique. Toute une série de dérivés offrant un intérêt biologique ont pu être synthétisés depuis de cette manière. Toutefois, ce résultat ne fait pas nécessairement sens : les conditions de l’expérience sont peu compatibles avec[...]

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Écrit par

  • : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • : membre de l'Académie nationale de Metz, directrice honoraire à l'École pratique des hautes études, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis et Andrée TÉTRY. BIOLOGIE - L'être vivant [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Cellule eucaryote - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Cellule eucaryote

Autres références

  • ADAPTATION - Adaptation biologique

    • Écrit par
    • 1 376 mots

    En biologie comme en technologie, le concept d'adaptation sert généralement à comprendre la relation qui existe entre les structures et les fonctions qu'elles remplissent. Dire d'un organe ou d'un outil qu'il est bien adapté signifie qu'il est efficace, autrement dit que les caractères de l'objet sont...

  • AÉROBIOSE & ANAÉROBIOSE

    • Écrit par
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    L' aérobiose est la vie en présence d'air, l'anaérobiose est la vie en absence d'air. En fait, c'est la présence ou l'absence d'oxygène qui importe : certains organismes, dits aérobies stricts, ne peuvent vivre qu'en présence d'oxygène ; d'autres, dits anaérobies...

  • ANIMAUX MODES D'ALIMENTATION DES

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    La diversité des modalités alimentaires que l'on rencontre chez les animaux est bien illustrée par la coexistence de deux terminologies parallèles, l'une latine (-vore de vorare) et l'autre grecque (-phage, de phagein), qui définissent leurs comportements alimentaires. Un troisième...

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    Tout être vivant tend à se conserver en tant qu'individu et à se perpétuer en tant que membre d'une espèce. Ces deux tendances reposent l'une et l'autre sur une faculté fondamentale de la matière vivante, la faculté de se reproduire. La reproduction a pu être définie par Buffon (1748) comme...

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