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BIOGÉOGRAPHIE

Nomenclature et description des classes de formation

Pour les besoins de la cartographie et pour satisfaire aux exigences plus générales de la comparaison des végétations du monde, il faudra adopter un schéma des classes de formation. Combien faut-il en reconnaître ? Les classifications proposées et les cartes publiées par Schimper ou Rübel et Brockmann-Jerosch ont été diversement adaptées, condensées, remaniées et, singulièrement, plus par les géographes que par les biologistes. Les frontières et les couleurs qui apparaissent sur un bon nombre de ces cartes résultent de diverses extrapolations. Souvent, une meilleure connaissance du climat que de la végétation a permis d'assigner une classe de formation à une région avec une certaine confiance. Une extrapolation analogue a été faite aussi pour les régions profondément transformées par l'homme, depuis si longtemps que l'observation d'une végétation vierge (pour ne rien dire du climax) est devenue impossible. On distinguera vingt classes de formation selon les caractéristiques suivantes : nom et synonymie ; structure ; régime climatique déterminant ; régime pédogénétique associé ; principaux types de végétation apparentés (habitats plus secs ou plus humides) ; quelques exemples géographiques.

Forêt ombrophile tropicale

Tigre - crédits : Zoonar.com/ nwd/ LBRF/ Age Fotostock

Tigre

Dans la forêt ombrophile tropicale (forêt dense, forêt tropicale humide, selva, hylea, Regengehölze, tropical rainforest, pluviilignosa), les arbres sempervirents à feuilles larges occupent plusieurs strates. La régularité de la strate supérieure est parfois perturbée par des arbres plus élevés. Les troncs, parfois arc-boutés par des contreforts, se ramifient surtout dans le tiers ou le quart supérieur. Placées dans la pénombre, les strates inférieures sont pauvres, les lianes peu nombreuses, les épiphytes souvent fort abondantes. Par unité de surface on compte des espèces végétales différentes en nombre très élevé. De même, les espèces animales sont très diverses : grands carnivores (tigres, jaguars, panthères), singes, perroquets, oiseaux-mouches et papillons. Le climat est invariablement chaud avec des précipitations abondantes en tout temps. Cette classe de formation se rencontre sur les sites bien drainés des basses-terres des régions équatoriales, où domine la latérisation. Les terrains inondés (l'igapo amazonien, par exemple) contrastent par le fort développement de leurs strates inférieures, l'abondance des palmiers et des hautes herbes. De même, la végétation secondaire (la jungle, dans le sens propre) est souvent un fouillis d'arbustes et un entrelacs de lianes véritablement impénétrables. Les régions littorales présentent généralement un fort développement de la mangrove : les palétuviers y abritent huîtres, crabes et oiseaux dans la zone intertidale. Des cocotiers colonisent très souvent les sables littoraux. La forêt ombrophile tropicale occupe trois foyers géographiques : l'Amazonie, le Congo et la Malaisie, avec des extensions à Madagascar, aux Antilles et en Amérique centrale, en Inde et en Australie.

Forêt ombrophile tempérée

La forêt ombrophile tempérée (notohylaea, forêt subtropicale, cloud-forest, temperate rainforest, laurisilva) diffère de la précédente par le nombre très réduit des espèces et la dominance habituelle d'une seule d'entre elles ou d'un petit nombre. Elle est sempervirente, dense, à feuilles de dimension moyenne ou petite (plusieurs groupes de conifères en font habituellement partie, surtout les podocarpes), avec de nombreuses fougères arborescentes, des épiphytes, des bryophytes abondantes. Les strates herbacées peuvent être fortement développées. Cette végétation exige un climat modéré, à fortes pluies et sans grande variation de température, encore que le gel puisse occasionnellement sévir. Selon les régions, la latérisation ou la podzolisation dominent.[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université du Québec, Montréal
  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Pierre DANSEREAU et Daniel GOUJET. BIOGÉOGRAPHIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cellules et chaîne alimentaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cellules et chaîne alimentaire

Milieu marécageux : coupe topographique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Milieu marécageux : coupe topographique

Tigre - crédits : Zoonar.com/ nwd/ LBRF/ Age Fotostock

Tigre

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