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HERRMANN BERNARD (1911-1975)

Vers d'autres horizons

Parmi les autres films dont Bernard Herrmann signe la musique dans les années 1940 et 1950, citons : All that Money can Buy de William Dieterle (Tous les biens de la Terre, 1941), également connu sous le titre The Devil and Daniel Webster, qui lui vaudra son seul oscar ; Jane Eyre de Robert Stevenson (1944) ; Hangover Square de John Brahm (1945) ; Anna and the King of Siam de John Cromwell (Anna et le roi de Siam, 1946) ; The Ghost and Mrs. Muir (L'Aventure de Mme Muir, 1947) et Five Fingers (L'Affaire Cicéron, 1952), tous deux de Joseph L. Mankiewicz ; Garden of Evil d'Henry Hathaway (Le Jardin du diable, 1954) ; The Man in the Gray Flannel Suit de Nunnally Johnson (L'Homme au complet gris, 1956) ; The 7th Voyage of Sinbad de Nathan Juran (Le Septième Voyage de Sinbad, 1958) ; The Naked and the Dead de Raoul Walsh (Les Nus et les morts, 1958) ; Journey to the Center of the Earth de Henry Levin (Voyage au centre de la Terre, 1959).

Confronté à la demande pressante des producteurs d'Hollywood en faveur d’une musique plus « mélodieuse », Bernard Herrmann quitte les États-Unis pour Londres, où il va passer les dix dernières années de sa vie. François Truffaut, grand admirateur du maître du suspense, fait appel à lui pour la musique de Fahrenheit 451 (1966) et pour celle de La mariée était en noir (1967). Bernard Herrmann travaille ensuite avec Brian De Palma pour Sisters (Sœurs de sang, 1972) et Obsession (1975). En 1975, il signe sa dernière partition cinématographique pour Taxi Driver de Martin Scorsese. Le thème du blues au saxophone avait originellement été composé comme une musique qui devait être jouée de manière intégrée à l'action. Ce blues rend hommage à la longue tradition cinématographique qui veut que jazz rime avec décadence urbaine et corruption. Finalement, le metteur en scène l'a adopté comme thème récurrent de son film, estimant que ce leitmotiv lui permettait de mettre en place le fondement psychologique de l'action. En effet, ce magnifique thème de jazz atteint un très haut niveau de signification car il n'est ni la transposition, ni l'explication, ni encore moins la répétition pléonastique de ce qui se déroule à l'écran. Il est plutôt un flot continu qui irrigue véritablement tout le film.

À la fin des séances d'enregistrement de la musique de Taxi Driver, le 24 décembre 1975, à Los Angeles, Bernard Herrmann succombe à une crise cardiaque.

Bernard Herrmann a également composé de nombreuses œuvres non destinées au cinéma. Son opéra en un prologue et quatre actes, Wuthering Heights, sur un livret de sa première épouse, Lucille Fletcher, d'après Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, composé entre 1943 et 1951, sera créé en version scénique à l'opéra de Portland (Oregon), le 6 novembre 1982. Sa cantate Moby Dick, pour deux ténors, deux basses, chœur d'hommes et orchestre, est créée à New York le 11 avril 1940. De sa musique pour orchestre se détachent une Sinfonietta, pour cordes (1935), une symphonie (créée le 12 novembre 1942 par l'Orchestre philharmonique de New York), For the Fallen, créé le 16 décembre 1943 par l'Orchestre philharmonique de New York sous la direction du compositeur, et les suites Currier and Ives (1935), The Devil and Daniel Webster (d'après sa partition cinématographique, créée à Philadelphie sous sa direction en 1942), Welles Raises Kane (« portrait musical d'Orson Welles » composé à partir des partitions de Citizen Kane et de La Splendeur des Amberson, créé sous la direction du compositeur à New York en 1942). Bernard Herrmann a également composé des pièces de musique de chambre : un quatuor à cordes (1932), Aubade, pour 14 instruments (1933), Echoes, pour quatuor à cordes (1965), un quintette avec clarinette, Souvenirs de voyage (1967)...

L'immense[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

Classification

Pour citer cet article

Juliette GARRIGUES. HERRMANN BERNARD (1911-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Bernard Herrmann - crédits : The Kobal Collection/ Picture Desk

Bernard Herrmann

Autres références

  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Musique de film

    • Écrit par Alain GAREL
    • 6 489 mots
    • 5 médias
    Aux États-Unis, le premier changement notoire fut l'œuvre de Bernard Herrmann (1911-1975), que rien ne distinguait de ses prédécesseurs : comme eux, il était de culture Mitteleuropa, avait été un jeune prodige et commencé son activité professionnelle comme chef d'orchestre et orchestrateur...
  • MUSIQUE ET CINÉMA, LE MARIAGE DU SIÈCLE ? (exposition)

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