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COMTE AUGUSTE (1798-1857)

L'école positiviste éclatée

Les disciples d'Auguste Comte ne l'ont pas tous suivi dans sa mission prophétique. Le premier à s'éloigner fut Stuart Mill. Littré ressentit très mal l'approbation donnée au coup d'État de Louis Napoléon et, à la mort du maître, appuya Caroline Massin qui attaquait le testament. Mais les motifs de son éloignement ne sont pas tous circonstanciels. Quelques-uns des fidèles jugeaient même que Comte avait trahi sa propre pensée, voire, révoltés, le taxaient d'insanité. Ce n'est qu'en 1868 que le testament fut validé et que Pierre Laffitte put lancer au nom de la société positiviste un prospectus où il appelait à créer une éducation, un culte et des moyens politiques d'après les vues du système. Laffitte reçut la chaire d'histoire des sciences au Collège de France. Malgré un noyau d'une douzaine de positivistes orthodoxes, la circulaire ne reçut guère d'application en France et les positivistes dissidents, Littré, Ferry, se retrouvèrent dans les loges où ils n'avaient à s'occuper que de cultiver leur anticléricalisme.

Les anticléricaux d'alors étaient beaucoup plus hostiles à l'institution qu'à la foi ; Comte, au contraire, avait rêvé de remplacer l'ancienne foi par le positivisme en colonisant, en parasitant l'Église qu'il fallait conserver. Il se trouvait en porte à faux, et, surtout, il était venu trop tard. L'heure était passée des grands systèmes romantiques à la Saint-Simon, et Comte avait perdu du temps en construisant sa philosophie des sciences.

À l'étranger, à Londres, à New York s'ouvrirent des chapelles positivistes. Mais une puissante église positiviste ne réussit à s'implanter qu'au Brésil. Elle compta de fortes personnalités, comme Botelho de Magalhães, l'un des chefs de la révolution de 1889. Son plus grand succès fut de faire inscrire dans la Constitution de 1891 et sur le drapeau du Brésil la devise du positivisme, Ordre et Progrès.

— Bernard GUILLEMAIN

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Pour citer cet article

Bernard GUILLEMAIN. COMTE AUGUSTE (1798-1857) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Auguste Comte - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Auguste Comte

Autres références

  • COURS DE PHILOSOPHIE POSITIVE, Auguste Comte - Fiche de lecture

    • Écrit par Éric LETONTURIER
    • 926 mots
    • 1 média

    Le Cours se situe dans la seconde des trois grandes périodes que traditionnellement la postérité voit dans la production d'Auguste Comte (1798-1857), juste entre les Opuscules (1820-1826) et le Système de politique positive (1851-1854). D'abord professé à partir d'avril 1826 à son domicile,...

  • CAUSALITÉ

    • Écrit par Raymond BOUDON, Marie GAUTIER, Bertrand SAINT-SERNIN
    • 12 987 mots
    • 3 médias
    ...substance. Or nous ne disposons que des informations fournies par l'expérience. Dès lors, et c'est la conviction du fondateur du positivisme, Auguste Comte : « nos études réelles sont strictement circonscrites à l'analyse des phénomènes pour découvrir leurs lois effectives, c'est-à-dire leurs...
  • CONSENSUS

    • Écrit par André AKOUN
    • 2 723 mots
    Ainsi Auguste Comte comme Émile Durkheim pensent que toute société est, par nature, fondée sur le consensus, expression et condition de l'unité de la conscience collective. Pour eux, les conflits ne sont pas le ressort caché de l'histoire ; ils sont le symptôme d'un dérèglement qui naît de...
  • DURKHEIM (ÉCOLE DE)

    • Écrit par Claude JAVEAU
    • 2 538 mots
    ...s'est assigné la tâche de créer la science sociologique, avec ses propres objets, sa méthodologie et ses modèles explicatifs. Philosophe de formation, il se situe dans la lignée positiviste de Comte (1798-1857), l'inventeur du mot sociologie. Le positivisme ne s'intéresse ni aux causes premières...
  • ÉPISTÉMOLOGIE

    • Écrit par Gilles Gaston GRANGER
    • 13 112 mots
    • 4 médias
    ...seulement dégager des formes, mais encore décrire des contenus a priori de la pensée scientifique. En un autre sens encore, l'épistémologie positiviste d' Auguste Comte et de ses émules, au milieu du xixe siècle, est essentiellement post-kantienne. D'une part, elle met en vedette le caractère « phénoménal...
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Voir aussi